Comment la France a enterré la nouvelle pièce de 2 euros belge

Par Nabil Bourassi  |   |  361  mots
La France a refusé que la Belgique émette une pièce de 2 euros évoquant la bataille de Waterloo.
Discrètement, la diplomatie française s'est arrangée pour que la Belgique renonce à sa pièce commémorative de la bataille de Waterloo. Près de 180.000 pièces avaient déjà été fabriquées...

La France et la Belgique sont passées à deux doigts de l'incident diplomatique. Tout s'est passé dans l'ombre et les coulisses des commissions et autres directions européennes... Mais l'anecdote n'en est pas moins amusante.

Pour commémorer le bicentenaire de la bataille de Waterloo, qui opposa en 1815 les troupes napoléoniennes à une alliance d'Anglais, de Prusses et de Néerlandais, la Belgique a pris l'initiative de frapper une édition spéciale de la pièce de 2 euros rappelant ce funeste événement pour l'armée française. Le dessin prévu était un lion contemplant une plaine au sommet d'une butte. Une référence au monument qui célèbre la victoire des monarchies contre Napoléon.  Aïe !

Régler l'affaire en toute discrétion

Mal à l'aise, la diplomatie française a tout fait pour régler cette affaire dans la discrétion. Elle sait qu'elle ne pourra pas empêcher la commémoration cette bataille. Elle a néanmoins estimé qu'il était impensable que les Français se retrouvent avec une telle pièce dans leur porte-monnaie. "Il est vrai que nous n'étions pas spécialement enthousiastes", confie un diplomate au Monde.

Finalement, l'affaire a été réglée au sein du sous-comité des pièces qui dépend des directeurs du trésor des pays-membres de la zone euro. La Belgique n'a pas tenté de poursuivre le projet risquant de voir l'affaire éclater au grand jour. La France a gentiment, mais fermement, fait valoir qu'elle pouvait exiger un vote des ministres des Finances de la zone euro contre la sortie de cette pièce de 2 euros.

Perfide Albion ?

Pour le ministre belge des Finances, le Flamand et nationaliste Johan Van Overtveldt, c'est une erreur qui va lui coûter cher. Il avait déjà lancé la production et se retrouve désormais avec 180.000 pièces de 2 euros à mettre au rebut. La perte pourrait atteindre 1,5 million d'euros pour la Monnaie Royale.

M. Overtveldt doit probablement regretter que le Royaume-Uni ne fasse toujours pas partie de la zone euro. Il aurait probablement obtenu gain de cause chez son allié d'hier, toujours prompt à moquer son voisin français.