Croissance européenne : la France et l'Espagne sourient, l'Allemagne grimace

Par latribune.fr  |   |  797  mots
Le Produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne a affiché une croissance nulle entre avril et juin, après avoir reculé successivement de 0,4% et 0,1% lors des deux trimestres précédents. (Crédits : YVES HERMAN)
La croissance de l'Union européenne est plombée par l'Allemagne dont l'économie a stagné au deuxième trimestre, et qui pourrait afficher une récession sur l'année et constate, dans le même temps, une inflation plus élevée que celle de ses voisins, à 6,2%. En revanche, la France a surpris avec une progression de son PIB de 0,5%, supérieure aux attentes, et l'Espagne résiste bien avec une hausse de 0,4%.

L'Allemagne s'enfonce dans la déprime. Au deuxième trimestre, la plus grande économie de l'Union européenne a déçu en stagnant, avec désormais la menace d'afficher une récession annuelle. Son Produit intérieur brut (PIB) a affiché une croissance nulle entre avril et juin, après avoir reculé successivement de 0,4% et 0,1% lors des deux trimestres précédents, selon des données révisées et corrigées des variables de saison et de calendrier (CVS) publiées vendredi. Les analystes sondés par Factset tablaient sur un rebond de 0,3%.

Les dépenses de consommation des ménages privés « se sont stabilisées au deuxième trimestre 2023 après le faible semestre d'hiver », a détaillé l'office des statistiques Destatis, juste de quoi compenser une industrie manufacturière qui broie toujours du noir.

En revanche, deux autres grands pays européens arborent un sourire. La croissance en France a atteint 0,5% au deuxième trimestre, bien plus que prévu, tirée par les exportations qui ont compensé une consommation des ménages en berne, a annoncé vendredi l'Insee.

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« Pour la première fois, la croissance française est tirée beaucoup plus par les exportations que par la consommation », a réagi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire sur RTL.

De l'autre côté des Pyrénées, l'Espagne a vu sa croissance légèrement ralentir au deuxième trimestre (+0,4%), mais reste soutenue par la consommation, selon l'Institut national des statistiques (INE). Une première estimation de la croissance pour la zone euro sera publiée lundi par Eurostat.

L'Allemagne, maillon faible avec une forte inflation

L'Allemagne, dont le modèle économique est étroitement dépendant des exportations, s'appuie aujourd'hui timidement sur sa consommation des ménages, aidée par un marché du travail solide, des salaires en hausse et une tendance au recul de l'inflation. Mais cette dernière n'a que légèrement reculé en juillet, à 6,2% sur un an, soit 0,2 point de pourcentage de moins que le chiffre du mois de juin (+6,4%), a indiqué dans un communiqué l'institut Destatis. Une baisse bien moins marquée qu'en France où l'inflation a atteint 4,3% en juillet ou qu'en Espagne (2,3%).

Résultat, l'industrie, à l'image d'une chimie en crise, patine, elle, bien que les difficultés dans les chaînes d'approvisionnement se soient réduites et qu'elle ait bénéficié d'un important carnet de commandes. « Si la chimie et l'automobile s'affaiblissent ensemble, cela déclenchera une véritable récession industrielle », prévient l'économiste Sebastian Dullien, de l'institut IMK, cité par le quotidien Süddeutsche Zeitung.

« L'Allemagne reste le maillon faible » en Europe, résume Capital Economics. Si le PIB allemand a laissé derrière lui la récession technique traversée cet hiver, avec deux trimestres d'affilée en recul, le répit pourrait n'être toutefois que de courte durée. L'indice des directeurs d'achats (PMI) de juillet, en repli, a pointé vers une nouvelle baisse du PIB au 3e trimestre, à moins d'un renversement de tendance en août et septembre. Aussi l'économie allemande pourrait finir l'année au global dans le rouge, en queue de peloton des pays de la zone euro. Les principaux instituts économiques s'attendent désormais à un recul estimé entre 0,2 et 0,4%, le FMI tablant de son côté sur -0,3%. Le gouvernement d'Olaf Scholz voit encore la croissance du PIB afficher 0,4%, mais cette prévision d'avril a de bonnes chances d'être révisée à la baisse à l'automne.

Moins bien lotie encore que l'Allemagne, l'Autriche a vu en parallèle son PIB diminuer de 0,4% par rapport au trimestre précédent, a indiqué vendredi l'institut de référence Wifo, qui évoque une « récession dans l'industrie » et des « pertes dans la construction ». Hors zone euro, le PIB de la Suède a fondu de 1,5% au deuxième trimestre, par rapport au précédent, une performance très inférieure à ce qui était anticipé.

Lutte contre l'inflation

L'économie européenne pourrait dans ce contexte connaître une deuxième partie d'année difficile. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a fait état jeudi de perspectives « détériorées » pour la zone euro. Gardant la lutte contre l'inflation comme boussole, les gardiens de l'euro ont malgré tout décidé de remonter leurs taux directeurs de 0,25 point de pourcentage, pour la neuvième fois d'affilée. La BCE a en même temps ouvert la porte à une possible pause dans les mois à venir, alors que le renchérissement du coût du crédit pour les ménages et les entreprises pèse sur l'économie.

(avec AFP)