Zone euro : pourquoi l'économie de l'Italie fait mieux que les pays voisins

Dans un contexte économique européen morose, l’Italie affiche de meilleures performances que ses voisins. Accueilli avec hostilité, le gouvernement Meloni est parvenu à rassurer Bruxelles et les marchés financiers, tout en profitant d’une conjoncture favorable et de la politique menée par son prédécesseur Mario Draghi.
« Giorgia Meloni, contrainte et forcée, s'inscrit globalement dans la continuité de l'action de Mario Draghi en matière économique, au risque de décevoir les électeurs qui ont cru à ses multiples promesses électorale », rappelle dans une analyse de l'Institut Montaigne Marc Lazar.
« Giorgia Meloni, contrainte et forcée, s'inscrit globalement dans la continuité de l'action de Mario Draghi en matière économique, au risque de décevoir les électeurs qui ont cru à ses multiples promesses électorale », rappelle dans une analyse de l'Institut Montaigne Marc Lazar. (Crédits : Reuters)

Dans deux mois, jour pour jour, Giorgia Meloni célébrera le premier anniversaire de son accession au pouvoir. S'y maintenir constitue déjà une victoire en soi, tant les coalitions valsent vite en Italie. Cela aurait pu être le destin de son union des droites avec feu Silvio Berlusconi et Matteo Salvini, alliés de circonstances. Mais la bonne tenue de l'économie italienne, en dépit de ses fragilités persistantes, conforte son gouvernement, accueilli avec méfiance voire hostilité par Bruxelles, en raison de la filiation du mouvement « post-fasciste » lancé après 1945 par d'anciens hiérarques de Mussolini.

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En effet, selon les prévisions de Rome, la croissance devrait progresser de 0,9% en 2023, mieux que la France et ses 0,7% attendus ou que la récession qui frappe l'Allemagne et la zone euro. Le taux du chômage à 7,6% n'ont jamais été aussi bas depuis trois ans. Les profits des sociétés italiennes dépassent de 15% leur niveau d'avant la pandémie. Ces indicateurs dans le vert se reflètent dans l'indice de la Bourse de Milan, en hausse de 22% depuis le début de l'année, mieux que le S&P500 et tous les autres marchés européens.

« Rien n'est le fait de Giorgia Meloni » (Francesco Saraceno, OFCE)

L'Italie profite de la chute de l'euro qui favorise le rebond des exportations industrielles, dont les prix sont rendus plus compétitifs, pour réussir un rattrapage post-Covid plus rapide que les exportations françaises ou allemandes. La Botte a également bénéficié du retour des touristes extra-européens après la pandémie et de l'attrait d'un taux de change favorable. « Rien dans la dynamique du chômage, du PIB, de la dette ou de l'inflation n'est le fait de Giorgia Meloni », dont « la réforme fiscale ne produira son effet qu'à partir de l'année prochaine », tranche Francesco Saraceno, économiste à l'OFCE. « Même sur la croissance, l'Italie profite encore du rebond post-Covid. Ayant chuté plus fort, on rebondit plus fort », souligne-t-il.

L'inflation, qui faisait craindre les pires maux pour la dette, s'avère être d'un secours inattendu pour les finances publiques. « L'inflation a, en effet, plus enflé les recettes qu'elle n'a, pour l'instant, alourdi la charge de la dette publique, permettant au gouvernement de mener une politique particulièrement généreuse depuis 2020, tout en profitant d'un désendettement accéléré », observe l'économiste Véronique Riches-Flores, dans une note de conjoncture publiée la semaine dernière, précisant que l'endettement public italien devrait diminuer de 10 points de PIB entre 2021 et 2023.

La dette, éternel problème

Equivalente à 143,5% du PIB, la masse de la dette met sous pression le gouvernement, à la merci d'une envolée des taux souverains qui rendrait insoutenables les intérêts de sa dette. Mais depuis ses premiers jours à la tête du pays, Giorgia Meloni a adopté un ton modéré à l'égard de l'Union européenne dont elle avait usé pendant sa campagne de 2022, tout en utilisant une rhétorique offensive sur l'immigration et le sociétal.

« Giorgia Meloni, contrainte et forcée, s'inscrit globalement dans la continuité de l'action de Mario Draghi en matière économique, au risque de décevoir les électeurs qui ont cru à ses multiples promesses électorale », commente dans une analyse de l'Institut Montaigne Marc Lazar, historien et sociologue spécialiste de l'Italie, qui considère que jusqu'ici l'économie a constitué « la priorité de Giorgia Meloni ». L'universitaire met à l'actif du gouvernement Meloni les mesures d'aides aux ménages et à certains secteurs face à la flambée des prix, via des crédits d'impôts ou de la baisse de la TVA sur le gaz, tout en cherchant à assainir les comptes publics. De ses négociations avec Bruxelles, Rome cherche à obtenir le déblocage de tous les fonds du plan de relance italien, conçu sous le mandat de Mario Draghi.

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Déjouant les prévisions, l'écart entre les intérêts sur la dette allemande, référence en Europe, et ceux de la dette italienne n'a lui pas viré au gouffre. Le « spread » s'est même réduit depuis son élection, signe que son programme économique effraie de moins en moins les marchés. Les élections européennes de 2024, pour lesquelles les sondages donnent son parti, Fratelli d'Italia, en tête, pourraient contribuer à normaliser un peu plus Giorgia Meloni et son gouvernement.

Commentaires 27
à écrit le 29/07/2023 à 8:26
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Au moins les italiens ils bossent eux

à écrit le 28/07/2023 à 11:45
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Macron pire que l'extrême droite ? Ben oui tout est fait pour que l'on vote pour un de tout ces timbrés. L’extrême droite oui mais celle de Trump et aucune autre svp, surtout pas européenne héritée directement du nazisme oligarchique de l'Europe en d...

à écrit le 28/07/2023 à 9:03
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Faut voir d'où on part pour savoir si la performance est "génuine" Janine !

à écrit le 28/07/2023 à 7:39
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Ben quand on voit l'Etat policier qu'est devenu la France sous Macron franchement une Meloni ça donne envie vu qu'en Italie la police est beaucoup moins violente finalement. A force de voter pour le mal contre le pire le pire est installé dans notre ...

le 28/07/2023 à 9:15
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Le niveau des aides sociales en Italie est proche de zéro. Ca attire moins..

le 29/07/2023 à 7:28
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Je ne vois pas le rapport entre les aides sociales et la brutalité policière actuelle fais mieux que ça là on voit que t'y crois pas. Et si je peux et-c... les génies de la modération.

à écrit le 28/07/2023 à 6:35
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Une Italie qui réussit une bonne nouvelle à mediter

à écrit le 27/07/2023 à 19:37
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Les pays du sud vont bien en général. S'ils ont un tissu industriel fonctionnel, c'est encore mieux. Bien plus que le poids de la dette, le potentiel énergétique parle aux investisseurs. Or l'Italie, c'est une frontière avec la Suisse et une autre ...

le 27/07/2023 à 22:48
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Et s’ il y a 1 guerre ou troubles civils en Égypte tout le château de carte s écroule… en matière de énergie mieux ne vaut pas dépendre de autres qui peuvent vous la m.. profond .. on a vu le prix à payer de la dépendance aux énergies russes…et puis...

le 11/11/2023 à 22:23
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Sur sa côte sud, l'Italie s'étend en Sardaigne où les rendements solaires sont élevés et le foncier bon marché : alors la Sardaigne est située aux abords de la côte Nord-ouest et le foncier est assez élevé

à écrit le 27/07/2023 à 17:56
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outre le fait que l'italie degage un excedent primaire, ce qui n'est pas le cas de la france, outre le fait que la dette italienne est largement detenue par les italiens, ce qui n'est pas le cas de la france, l'italie possede certes un sud problemati...

le 27/07/2023 à 19:26
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Oui et la comparaison des balances commerciales avec celles de ces pays nous dit tout sur la guerre au travail et aux entreprises méné en France depuis 1981. Et dans un état voyou prédateur et en faillite on parle aujourd'hui d'allocations vacances...

à écrit le 27/07/2023 à 16:43
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Quelle puissance avec cette dette astronomique?

à écrit le 27/07/2023 à 16:37
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Souvenir récent : Octobre 2022 : Les médecins et infirmières italiens suspendus pour avoir refusé de se faire vacciner contre le Covid-19 vont pouvoir reprendre le travail mardi, a annoncé lundi la nouvelle première ministre italienne Giorgia M...

le 28/07/2023 à 7:50
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Bonjour, Pour la réintégration des soignants ons a pas demandé l"avis au francais... Personnellement, alors que l'ons a forcer les francais a ce vaccinées, la réintégration des individu du service publique non vaccinées n'est pas acceptable......

à écrit le 27/07/2023 à 16:37
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C'est clair que leur gouvernement n'est pas affidé au néolibéralisme, ni aux chantres de l'Ecole de Chicago. De quoi déplaire aux technocrates de Bruxelles.

le 11/11/2023 à 22:28
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L'article précise justement que : "le gouvernement Meloni est parvenu à rassurer Bruxelles et les marchés financiers"…

à écrit le 27/07/2023 à 16:27
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Pauvre MACRON qui aurait tellement rêvé comme avec le PSOE Espagnol, que la VRAIE DROITE se plante en Europe et surtout ne réussisse pas sur le plan économique, car en Juin prochain il y aura des élections qui ne seront pas favorables non plus au Pet...

le 27/07/2023 à 17:10
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Entre ses promesses électorales d'ultra droite et leur concrétisation il y a une grosse marge. Comme quoi quand on est dans l'opposition c'est plus facile.

le 27/07/2023 à 18:25
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Bonjour, Personnellement je crainds que Mr macron soit plus proche des 15% de satisfaction... Bien sur , ils ne faut pas le dire. Tous le mondes aime notre bon président, vendu au capitalisme ... Apres tous ils a etait réélue deux fois sans majo...

à écrit le 27/07/2023 à 16:11
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Chers médias qui ont fait que l’insulter vous avez le droit de vous excuser

le 27/07/2023 à 17:11
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Au pouvoir elle a mis beaucoup d'eau dans son vin.

à écrit le 27/07/2023 à 16:10
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Macron devrait en prendre de la graine

le 27/07/2023 à 16:46
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Impossible, il est trop vissé au storytelling et totalement dépendant à la "Behavioural insights".

à écrit le 27/07/2023 à 15:46
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Il reste que Giorgia Meloni est proche des idées de Mussolini et Berlusconi et que sur le long terme ces aspects vont inévitablement resurgir. Selon le vieil adage " il faut payer pour savoir", les Itzliens seront bientôt fixés.

le 27/07/2023 à 16:50
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Sans les clichés réducteurs et les clivages à "deux francs six sous", l'on aurait déjà pu mettre à l'épreuve une droite plus dure en France.

à écrit le 27/07/2023 à 15:00
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Des jugements à l'emporte-pièce comme « Rien n'est le fait de Giorgia Meloni » mettent en question la crédibilité de leur auteur, Francesco Saraceno de l'OFCE, qui semble plus réagir en militant qu'en analyste. Cet avis est d'ailleurs contredit par M...

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