Diplomatie : pourquoi Macron se rendra aux Pays-Bas le 11 et 12 avril

Par latribune.fr  |   |  726  mots
"Nous ne voulons pas dépendre des autres sur les sujets critiques", a insisté M. Macron dimanche dans Les Echos. "Le jour où vous n'avez plus le choix sur l'énergie, sur la manière de se défendre, sur les réseaux sociaux, sur l'intelligence artificielle parce qu'on n'a plus l'infrastructure sur ces sujets, vous sortez de l'histoire pour un moment". (Crédits : JOHANNA GERON)
Le président de la République pousse pour un plan d'investissements massifs dans l'industrie verte en Europe. Pour ce faire, il sera accompagné de sept ministres. Une première depuis l'an 2000.

C'est une première depuis vingt-trois ans et la venue de Jacques Chirac: le président de la République française effectuera, les 11 et 12 avril, une visite d'Etat aux Pays-Bas destinée à sceller le rapprochement des deux pays au sein de l'Union européenne.

"C'est l'expression d'un rapprochement franco-néerlandais qu'il était temps de le reconnaître, le résultat d'une forme de tectonique européenne qu'on peut dater au moins de 2016" avec le Brexit, relève la présidence française auprès de l'AFP.

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Le couple présidentiel sera accueilli par le roi Willem-Alexander et son épouse Maxima, avec un cérémoniel accompagné d'une revue des troupes. Un dîner d'Etat sera aussi offert en leur honneur mardi soir au château royal. Le chef de l'Etat, revenu samedi de Chine, prononcera un discours sur la souveraineté économique et industrielle de l'UE mardi après-midi à l'institut de recherche Nexus à La Haye.

Un plan d'investissements massifs dans l'industrie verte en Europe

Emmanuel Macron pousse pour un plan d'investissements massifs dans l'industrie verte en Europe afin de répondre à celui lancé par Joe Biden. L'UE s'inquiète aussi d'une trop grande dépendance vis-à-vis de la Chine dans certains secteurs économiques stratégiques.

"Nous ne voulons pas dépendre des autres sur les sujets critiques", a insisté M. Macron dimanche dans Les Echos.
"Le jour où vous n'avez plus le choix sur l'énergie, sur la manière de se défendre, sur les réseaux sociaux, sur l'intelligence artificielle parce qu'on n'a plus l'infrastructure sur ces sujets, vous sortez de l'histoire pour un moment".

Dans la foulée du discours, Paris et La Haye signeront mercredi un "pacte pour l'innovation", avec à la clé des coopérations dans les semi-conducteurs, la physique quantique et l'énergie. Le français STMicroeletronics et le néerlandais ASLM, deux poids-lourds européens des semi-conducteurs, ont déjà des projets communs.

Déjà, en octobre, les industriels de l'automobile des Hauts-de-France et quinze structures néerlandises (entreprises, organismes de formation, centres de R&D) ont signé un premier accord de coopération dans la mobilité électrique. Les deux territoires, distants d'à peine quelques centaines de kilomètres, possèdent certaines similitudes : chacune possède des filières à peu près équivalentes avec 400 entreprises automobiles employant 50.000 salariés au Pays-Bas contre 550 entreprises employant 56.000 salariés en Hauts-de-France.

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 Du côté de la physique quantique, qui permet de démultiplier la puissance de calcul des ordinateurs, les Vingt-Sept prévoient d'investir sept milliards d'euros, "ce qui est supérieur à ce que font à la fois les Américains et la Chine", souligne l'Elysée. "Mais aucun des pays européens tout seul ne réussira, on a besoin de collaboration, on a besoin des forces de chacun des acteurs", insiste Paris.

Macron accompagné de sept ministres

Le chef de l'Etat, qui sera accompagné de sept ministres (Affaires étrangères, européennes, Armées, Intérieur, Transition énergétique, Industrie, Recherche et Transports), aura également des consultations intergouvernementales avec le Premier ministre Mark Rutte et son équipe mercredi.

Les deux dirigeants nourrissent une bonne relation personnelle, alors que celle entre le président français et le chancelier allemand Olaf Scholz reste encore à construire. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les positions de Paris et La Haye ont "convergé" en matière de souveraineté économique, notamment de politique industrielle, veut croire l'Elysée.

Emmanuel Macron a aussi renforcé les liens avec d'autres capitales, notamment Rome et Madrid, au-delà de l'axe traditionnel Paris-Berlin. Les Pays-Bas, réputés plus libéraux et frugaux au sein de l'UE, se sont, eux, rapprochés d'autres partenaires européens depuis la sortie de leur allié traditionnel, le Royaume-Uni, de l'Union.

"La visite d'Etat va permettre de renforcer (..) les efforts conjoints pour rendre l'Europe plus forte, plus verte et plus sûre", renchérit la Maison Royale des Pays-Bas.

Mais s'il met l'accent, comme M. Macron, sur "l'autonomie stratégique européenne", le Palais royal insiste aussi sur la nécessaire préservation d'une "économie ouverte".

Les deux gouvernements vont travailler par ailleurs à la finalisation d'un accord de défense à l'horizon 2024.

(avec AFP)