À l'initiative de cette démarche, on trouve The Netherlands Innovation Network in Paris (le cluster économique de l'Ambassade des Pays-Bas à Paris) et RAI Automotive Industry NL (le cluster de l'industrie automobile néerlandaise). Qui ont souhaité renforcer leurs relations de part et d'autre de la Belgique.
L'atout nordiste des trois "gigafactories"
Techniquement, a donc été signé un « memorandum of understanding », entre le pôle industriel néerlandais Automotive Campus (qui s'est notamment construit autour de Volvo depuis 1975 et qui, aujourd'hui, compte plus de 70 entreprises rassemblées autour des questions de digitalisation, de connectivité et de transport durable) et Transalley, le technopôle valenciennois des mobilités transports durables.
L'annonce de l'implantation de trois gigafactories de production de batteries pour les véhicules électriques dans la région française, alors que les Pays-Bas en sont dépourvues, n'est certainement pas étrangère à ce rapprochement, sachant que les premiers échanges remontent à 2018.
« Nous n'avons effectivement pas de gigafactories pour les véhicules que nous allons construire, tous les nouveaux débouchés sont donc à considérer », admet Bram Hendrix, chef de la délégation néerlandaise.
Des réseaux et quelques entreprises
Pour l'instant, cette délégation néerlandaise compte surtout des réseaux (beaucoup situés dans la région de Eindhoven), avec notamment Automotive Campus, cluster automobile de Brainport ; Battery Competence Center, le programme d'innovation autour des batteries ; Dcypher, plateforme de collaboration pour la recherche et le développement en matière de cybersécurité ; Holst Centre, un centre R&D spécialisé dans les technologies liées à la santé et à l'énergie.
Mais aussi quelques entreprises comme Delft Intensified Materials Production (Delft IMP, spécialisée notamment dans les nano-revêtements des matériaux de batteries) ; Kalpana Systems (développement du processus et de l'équipement S-ALD (Spatial Atomic Layer Deposition*, dépôt par couche atomique spatiale) ; Sekisui Europe (mobilité intelligente, entre autres) ; ou encore Sorama, (haute technologie spécialisée dans la création de données à partir de mesures sonores). Sans oublier TNO, le plus grand organisme de recherche appliquée des Pays-Bas, ainsi que l'Université d'Eindhoven, avec ses spécialités automobile et supply chain.
Visites dans le Nord et le Pas-de-Calais
L'Aria (Association régionale de l'industrie automobile) Hauts-de-France, Transalley et Nord France Invest se sont donc mobilisés pour organiser trois jours de visites, d'abord au sein du campus dédié à la mobilité innovante et au transport durable, l'IMTD de Famars près de Valenciennes, puis chez Novares, un fournisseur mondial de solutions plastiques, concevant et fabriquant des composants et systèmes complexes au service de l'industrie automobile implanté à Lens dans le Pas-de-Calais, et ensuite, non loin de là, le Critt M2A, le centre d'essais en R&D automobile indépendant qui se tourne désormais vers les tests de moteurs électriques. La tournée s'est conclue par le site emblématique Georges Besse de Renault, à Douai, qui se mue lentement avec son projet Renault ElectriCity.
Similitudes et complémentarités des Pays-Bas et de Hauts-de-France
Les deux régions, distantes d'à peine quelques centaines de kilomètres, possèdent certaines similitudes : chacune possède des filières à peu près équivalentes (400 entreprises automobiles employant 50.000 salariés au Pays-Bas contre 550 entreprises employant 56.000 salariés en Hauts-de-France). Ainsi que des complémentarités : la région des Hauts-de-France accueille de grands équipementiers et des entreprises classés dans le "TIER1" (fournisseurs de rang 1) tandis que les Pays-Bas principalement des entreprises qui opèrent plus en aval dans la chaîne en tant que « TIER2-3-4 ».
« Nous raisonnons écosystème, que ce soit en termes d'opportunités de recherche et de développement autour du véhicule autonome et connecté ou des nouveaux usages, par exemple comme de formations à l'e-mobility », résume Stéphane Meuric, directeur général de Transalley.
L'un des principaux challenges de la filière, outre la technologie, est bien de recruter et de former la future main-d'œuvre. « Comme cette nouvelle révolution technologique possède encore beaucoup incertitudes, c'est aussi une façon de nous positionner sur le marché et de préparer éventuellement le terreau du regroupement de certains industriels ».
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NOTES
(*) L'atomic layer deposition (ALD) est un procédé de dépôt de couches minces atomiques. Le principe consiste à exposer une surface successivement à différents précurseurs chimiques afin d'obtenir des couches ultra-minces. Il est utilisé dans l'industrie des semi-conducteurs. (source Wikipédia)
(**) TNO pour « toegepast-natuurwetenschappelijk onderzoek », soit en français, "la recherche appliquée en sciences naturelles". Le nom complet de cet organisme de recherche est Nederlandse Organisatie voor toegepast-natuurwetenschappelijk onderzoek, abrégé en TNO, et qui se traduit par l'Organisation pour la recherche appliquée aux Pays-Bas. TNO mène des recherches dans les domaines de la qualité de vie, la défense, la sécurité, les sciences et l'industrie, l'environnement et les géosciences, les technologies de l'information et de la communication. TNO représente un effectif de 4.097 personnes et un budget de fonctionnement de 600 millions d'euros selon des données 2015.
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