Macron appelle à soutenir la Tunisie pour éviter une « pression migratoire » sur l'Italie et l'Union européenne

Le président Emmanuel Macron et la Première ministre italienne Giorgia Meloni ont appelé vendredi à soutenir la Tunisie, confrontée à une grave crise financière, afin de contenir la « pression migratoire » que ce pays représente pour l'Europe.
« Il nous faut à très court terme réussir à stopper les flux migratoires qui partent de Tunisie et accroissent (cette) pression », a déclaré Emmanuel Macron.
« Il nous faut à très court terme réussir à stopper les flux migratoires qui partent de Tunisie et accroissent (cette) pression », a déclaré Emmanuel Macron. (Crédits : JOHANNA GERON)

Le président Emmanuel Macron et la Première ministre italienne Giorgia Meloni ont appelé vendredi à soutenir la Tunisie, confrontée à une grave crise financière, afin de contenir la « pression migratoire » que ce pays représente pour l'Europe.

« En Tunisie, la très grande tension politique, la crise économique et sociale qui sévit en absence d'accord avec le Fonds monétaire international, (sont) très préoccupantes », a déclaré Emmanuel Macron au cours d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet européen.

Cela « conduit à une très grande déstabilisation du pays et de la région et à une pression migratoire accrue sur l'Italie et l'Union européenne », a-t-il dit, appelant à « agir ensemble" au niveau européen pour aider la Tunisie et permettre une « maîtrise de l'émigration ». « Il nous faut à très court terme réussir à stopper les flux migratoires qui partent de Tunisie et accroissent (cette) pression », a insisté le président français, précisant en avoir parlé avec la cheffe du gouvernement italien au cours d'une réunion bilatérale.

Pour rappel, la Tunisie dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa, enregistre très régulièrement des tentatives de départ de migrants, originaires en majorité de pays d'Afrique subsaharienne, vers l'Italie. Selon des chiffres officiels italiens, plus de 32.000 migrants sont arrivés clandestinement en Italie en provenance de Tunisie en 2022.

La Banque mondiale a suspendu ses paiements

Le président Kais Saied, au pouvoir depuis juillet 2021, avait suscité un tollé en février en dénonçant la présence en Tunisie de « hordes » d'immigrés clandestins d'Afrique subsaharienne et une « entreprise criminelle » visant, selon lui, à modifier la démographie de son pays. Des propos qui avaient provoqué une montée des exactions contre les migrants africains dans le pays, poussant la Banque mondiale à suspendre début mars tout nouveau financement à la Tunisie, déjà engluée dans une grave crise financière. Endettée à 80% de son PIB à cause notamment du poids de sa fonction publique, la Tunisie doit recourir à l'emprunt pour combler son déficit budgétaire. Elle négocie en outre un prêt de près de 2 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI), qui conditionne d'autres aides internationales dont l'Union européenne, mais les pourparlers patinent.

Stabiliser financièrement la région

Giorgia Meloni, évoquant la crainte d'une « vague migratoire », a expliqué avoir « abordé » le sujet pendant le sommet car « tout le monde n'a peut-être pas conscience des risques créés par la situation en Tunisie ». Interrogée sur une éventuelle mission italo-française en Tunisie avec la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, elle a répondu : « Oui, il y a une mission au niveau des ministres des Affaires étrangères, il y en a plusieurs en ce moment qui se rendent en Tunisie ».

« Si nous n'affrontons pas ces problèmes de manière adéquate, il existe un risque de voir se déclencher une vague migratoire objectivement sans précédent », a estimé Giorgia Meloni, dont le gouvernement d'extrême droite suit sur une ligne antimigrants.

Elle a aussi abordé la situation en Tunisie avec le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni, qui « se rendra là-bas dans les prochains jours ». « Un travail au niveau diplomatique doit être fait pour convaincre les deux parties, le FMI et le gouvernement tunisien, de conclure un accord pour stabiliser financièrement la région », a-t-elle souligné. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui averti lundi que la situation en Tunisie était « très dangereuse », évoquant même un risque d' « effondrement » de l'Etat susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l'UE et d'entraîner une instabilité dans la région MENA » (Moyen-Orient et Afrique du Nord). « L'Union européenne ne peut pas aider un pays incapable de signer un accord avec le Fonds monétaire international », a-t-il dit. « Le président Kais Saied doit signer avec le FMI et mettre en œuvre l'accord, sinon la situation sera très grave pour la Tunisie ».

Une analyse qualifiée de « disproportionnée » et rejetée par Tunis.

Lire aussiLe sulfureux discours de Kaïs Saïed pourrait coûter cher à la Tunisie

En début d'année, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Marouane Abassi a averti que l'année 2023 serait « compliquée », dans un contexte de faible croissance (moins de 3%), forte inflation (plus de 10%) et chômage élevé (plus de 15%), sans un accord rapide avec le FMI pour un prêt.

Lire ici l'entretien de Pascal Lamy, ancien commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004 et ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de 2005 à 2013- « L'Afrique est le problème numéro 1 pour l'Europe »

Commentaires 10
à écrit le 27/03/2023 à 8:52
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Il est urgent d’organiser un pont aérien entre Tunis et Paris pour soulager la pression en Tunisie.Nos vastes campagnes et nos magnifiques villes peuvent accueillir ces malheureux.Nos formidables associations caritatives et protectrices des droits de...

à écrit le 27/03/2023 à 8:19
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Comme d'habitude le réveil est tardif et va être terrible. Si nos politiciens avaient une vision il fallait aider la Tunisie après la chute de Ben.A . Pour avoir travaillé dans ce pays les tunisiens sont dans le Maghreb les plus proches de l'UE. Le d...

le 27/03/2023 à 9:19
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deja incapables d'apporter la confiance et la serenite en france. vouloir intervenir sur le reste du monde est une heresie mais qui peut faire confiance a une personne incapables d'instorer l'ordre dans son pays lui qui insultes ces concitiyens ...

à écrit le 27/03/2023 à 7:23
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Bonjour, Mr Macron est un pingouin, mais sans aucune idée de la réalité.... Ils n'y a jamais eu de révolution démocratie en Afrique du Nord... Juste une déstabilisation des anciens régimes et mise en place de nouveaux dirigeants... Mais rien n'as...

à écrit le 27/03/2023 à 1:38
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Tout comme le Liban, micron appelle, appelle, en vain. Du vent, rien que du vent.

à écrit le 26/03/2023 à 22:25
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Facile, il faut les faire bosser jusqu'à 64 ans, de manière démocratique.

à écrit le 26/03/2023 à 19:55
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Il a le temps de réaction d'un paresseux sans s'impliquer "soi-même" ! Un "conseil" est passé par là ? ;-)

à écrit le 26/03/2023 à 19:46
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Il n'y a rien à soutenir, il faut juste fermer les frontières. Quand on veut, on peut

le 27/03/2023 à 9:54
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Intéressant votre commentaire mais il manque l'essentiel COMMENT Genre de commentaire RN ou la Reconquête !!! Du blabla

le 01/04/2023 à 17:15
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@Ah bon tous les autres pays du monde arrivent à avoir des frontières qui fonctionnent, il faut juste regarder comment ils font.

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