C'est une journée cruciale pour le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. En pleine canicule, des millions d'électeurs espagnols sont appelés aux urnes ce dimanche pour des élections législatives anticipées. A la fin du mois de mai, l'exécutif a provoqué ce scrutin après une déroute électorale. Après plusieurs années au pouvoir, la coalition de gauche affiche un bilan économique favorable après le choc de la pandémie et l'explosion des prix. L'indice des prix à la consommation est bien retombé au début de l'été et l'activité continue d'accélérer. Mais les conservateurs pourraient bien remporter le scrutin ce dimanche.
Le parti d'extrême droite Vox en embuscade
Si le socialiste veut croire en sa "remontada", les enquêtes d'opinion les plus récentes donnent, elles, le PP de son rival Alberto Núñez Feijóo en tête de ce scrutin anticipé, convoqué fin mai par M. Sánchez au lendemain de la déroute de la gauche aux élections locales.
Aucun de ces sondages, dont les derniers ont été publiés lundi, ne voit toutefois le Parti populaire en mesure de conquérir à lui seul la majorité absolue au Parlement. Cela pourrait l'obliger à s'allier avec la formation ultranationaliste Vox et à la faire entrer au gouvernement, ce qui serait une première pour l'extrême droite dans le pays depuis la fin de la dictature franquiste, en 1975.
Une absence de majorité viable et donc de nouvelles élections ne sont pas à exclure, selon les analystes, dans un pays qui a déjà connu une telle instabilité avec quatre élections générales entre 2015 et 2019.
Un bilan économique jugé robuste
Croissance robuste, emploi dynamique, inflation maîtrisée: en Espagne, les bonnes nouvelles économiques se succèdent, à rebours de ses voisins européens, sans profiter au Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.
Cette situation est "paradoxale" car "l'économie espagnole se porte plutôt bien" en particulier "si on la compare à celle d'autres pays européens comme l'Allemagne", souligne, auprès de l'AFP, Omar Rachedi, professeur d'économie à l'école de commerce Esade.
Laminé par la crise du Covid-19 en raison de sa dépendance au tourisme, le PIB espagnol avait chuté de 11,3% en 2020, un record en Europe. Mais il a depuis regagné le terrain perdu, avec 5,5% de croissance en 2021 et 2022 et 2,3% prévus par la Banque d'Espagne en 2023.
L'Espagne "résiste beaucoup mieux que le reste de l'Europe aux difficultés du contexte international", a insisté fin juin la ministre de l'Economie Nadia Calviño, en attribuant cette dynamique aux réformes votées depuis cinq ans par la gauche au pouvoir.
(Avec AFP)