Législatives en Espagne : le candidat de droite promet 44 milliards d'euros pour l'eau

Alberto Núñez Feijóo, le chef de file de la droite espagnole aux législatives du 23 juillet prochain, promet un investissement massif de 44 milliards d'euros pour résoudre les problèmes croissants provoqués par le manque d'eau dans le pays. La question de l'eau et de son utilisation est ces dernières semaines au centre du débat politique en Espagne compte tenu de la sécheresse exceptionnelle. Le gouvernement de gauche a d'ailleurs annoncé en mai un plan d'urgence de plus de 2 milliards d'euros pour lutter contre le manque d'eau et venir en aide à l'agriculture.
Selon le gouvernement, le niveau des réservoirs du pays - qui stockent l'eau de pluie afin de l'utiliser lors des mois plus secs - est tombé début juillet à 46,5% de leur capacité, soit 18 points de moins que la moyenne des 10 dernières années à cette époque de l'année.
Selon le gouvernement, le niveau des réservoirs du pays - qui stockent l'eau de pluie afin de l'utiliser lors des mois plus secs - est tombé début juillet à 46,5% de leur capacité, soit 18 points de moins que la moyenne des 10 dernières années à cette époque de l'année. (Crédits : Reuters)

L'Espagne manque d'eau. Le pays a connu son plus chaud printemps en 2023, selon l'Agence publique de météorologie (Aemet). Si le mois de mai a été marqué par des températures inférieures aux normales de saison et des pluies très abondantes, elles n'ont toutefois pas mis fin à l'état de sécheresse historique qui frappe le pays. La péninsule ibérique enregistre un déficit de précipitations de 20% depuis octobre.

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« L'Espagne est un pays habitué à affronter des périodes de sécheresse, mais en raison du changement climatique, nous avons une incidence beaucoup plus importante d'épisodes chaque fois plus fréquents et plus intenses », avait déclaré en mai la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, lors d'une conférence de presse

Selon le gouvernement, le niveau des réservoirs du pays - qui stockent l'eau de pluie afin de l'utiliser lors des mois plus secs - est ainsi tombé début juillet à 46,5% de leur capacité, soit 18 points de moins que la moyenne des 10 dernières années à cette époque de l'année.

La droite promet 44 milliards

Sans surprise, la lutte contre la sécheresse est donc au cœur des débats en Espagne, où se tiendront des élections législatives anticipées le 23 juillet prochain. Le « peuple demande de l'eau avant toute autre considération », a déclaré Alberto Núñez Feijóo, le chef de file de la droite espagnole - du Parti Populaire (PP) - au premier jour de la campagne électorale officielle, ce vendredi.

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Pour cette raison, le favori des sondages a fait savoir que, en cas de victoire de la droite, « la priorité des infrastructures en Espagne » sera donnée aux « infrastructures en eau », promettant « 44 milliards d'euros d'investissements ». Dans son programme, le parti conservateur promet notamment de mettre en œuvre un « plan de modernisation des barrages et des canaux » afin de « les adapter aux besoins du XXIe siècle » et de permettre une meilleure répartition des ressources hydriques sur le territoire espagnol.

Changer de modèle de gestion de l'eau

Cette sécheresse a conduit le gouvernement de gauche, dirigé par le socialiste Pedro Sánchez, à annoncer mi-mai un plan d'urgence de plus de deux milliards d'euros pour lutter contre la sécheresse. Une enveloppe de 1,4 milliard d'euros sera consacrée à développer la désalinisation de l'eau de mer et la réutilisation des eaux usées.

La sécheresse a également relancé le débat sur l'utilisation des ressources en eau, consommées à 80% par l'agriculture. Notamment dans les régions arides de la Méditerranée, qui exportent la quasi-totalité de leurs fruits et légumes hors d'Espagne - un modèle jugé intenable par les organisations écologistes.

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« L'impact du changement climatique devient palpable (...) Notre modèle de gestion de l'eau montre ses limites », alertait déjà en mai Julia Martinez, experte de la Fondation pour une nouvelle culture de l'eau. « Certains refusent de voir la réalité. Mais on ne peut plus continuer à être le potager de l'Europe, c'est irresponsable », soulignait-elle.

L'écologiste plaidait pour un « changement drastique de politique », avec une forte baisse des surfaces irriguées, pour éviter un « choc hydrologique ».

Face aux craintes des agriculteurs, Alberto Núñez Feijóo s'est engagé ces derniers mois à « amener l'eau là où il n'y en a pas », jugeant possible de compenser la raréfaction des ressources par la construction de nouvelles infrastructures. Cette promesse a été critiquée par la gauche et les écologistes, qui ont accusé le PP de « négationnisme climatique », en rappelant que 75% du territoire espagnol est actuellement menacé de désertification, selon l'Onu.

Gestion de l'eau : l'exemple de Murcie

Comment arroser ses champs quand les pluies se font toujours plus rares ? En Espagne, la région de Murcie, qui se revendique première région productrice de fruits et de légumes de l'Union européenne malgré un climat extrêmement aride, s'est lancé voilà 23 ans un vaste défi pour compenser son déficit chronique de ressources hydriques : réutiliser ses eaux usées pour irriguer ses vergers et terres maraîchères.

Pour cela, un réseau de 100 stations d'épuration a été construit. Des stations qui, comme ailleurs en Europe, récupèrent et assainissent les eaux en provenance des égouts, mais avec une étape supplémentaire de désinfection qui permet de les réinjecter dans les champs. Ce traitement, via des filtres à sable et des rayons ultraviolets, permet de garantir que l'eau « n'est pas contaminée » et ne va pas transmettre aux fruits et légumes des bactéries, « comme E.coli » par exemple, détaille Carlos Lardin, responsable d'exploitation d'Esamur, organisme public chargé de gérer les eaux usées de ce territoire du Sud-Est de la péninsule ibérique.

Résultat de cette stratégie : 98% des eaux usées de la région sont aujourd'hui réutilisées, contre 9% en moyenne en Espagne, 5% dans l'UE... et 1% en France, selon des chiffres du gouvernement espagnol. Au total, 15% de l'irrigation des terres agricoles de la région provient des eaux usées, d'après Esamur. « Ce n'est pas suffisant » pour couvrir les besoins mais « c'est quand même important », juge Feliciano Guillen, responsable de l'association chargée de répartir l'eau entre les agriculteurs de la région.

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 07/07/2023 à 19:47
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" venir en aide à l'agriculture" Principale responsable de ce manque d'eau, une excellente idée les mégas bassines ça vaut vachement le coup d'envoyer la police pour virer les manifestants. Merci qui ? Merci l'agro-industrie !

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