En Grèce, la débrouille s'organise pour résister au blocage de l'économie

Par latribune.fr  |   |  596  mots
En 2014, la Grèce a enregistré une hausse de 23% du nombre de visiteurs étrangers, d'après les données fournies par le service des statistiques grecques (ELSTAT), soit 22 millions de touristes. Mais pour 2015, le pays a déjà revu à la baisse son ambition d'atteindre 25 millions de touristes, en raison du contexte.
SI l’économie grecque est paralysée depuis le 29 juin avec la mise en place de la restriction des retraits bancaires et du contrôle des capitaux, les professionnels du tourisme et les entreprises s’organisent pour résister.

La situation grecque donne lieu à des situations inédites, pour ne pas dire cocasses. Ainsi, un touriste bulgare en vacances à Thessalonique, la deuxième ville du pays, relate dans le journal en ligne EUobserver une anecdote, qui pourrait devenir récurrente pendant la saison touristique :

"Après avoir déjeuner dans un restaurant local, j'ai plaisanté en demandant au serveur si je pouvais payer en lev (la monnaie bulgare). Et le propriétaire a accepté", raconte le vacancier au journal.

Dimitris Hadalis, le président d'un groupe d'hôtels de la péninsule de la Chalcidique, a de son côté assuré au Financial Times qu'il avait l'intention de généraliser cette pratique :

"Nous acceptons le lev bulgare - la confédération touristique de Grèce et l'association des hôtels grecs a requis que nous devions faire quelque chose pour encourager les touristes", rapporte le journal financier.

Il faut noter que la monnaie bulgare est rattachée à l'euro depuis le 1er janvier 1999, et se révèle plutôt attractive, avec 1 euro pour 1,95 lev. En 2012, Sofia avait annoncé que le pays renoncait à abandonner sa monnaie nationale pour l'euro en raison du contexte.

La livre turque, également acceptée

Pour sauver la saison touristique, les professionnels du tourisme qui redoutent un impact négatif de la crise sur la saison, se montrent plus flexibles. Le Financial Times raconte que certaines entreprises grecques se sont déjà résignées à utiliser la livre turque.

Il y a quelques jours, le Premier ministre turc de l'AKP, Ahmet Davutoglu, avait proposé que la Turquie offre son aide financière à son voisin grec. Une proposition à laquelle Athènes n'a toujours pas donné de réponse. En attendant, les professionnels ont pris les choses en main pour éviter la paralysie totale de l'économie, et en particulier une contraction de la fréquentation touristique.

Depuis le 28 juin, les retraits dans les distributeurs en Grèce sont plafonnés à 60 euros par jour et par personne. Officiellement, les touristes ne sont pas concernés puisque seules les cartes de crédit émises par des établissements bancaires helléniques sont visés par ces mesures. Pourtant, des pénuries dans des distributeurs du pays ont déjà été rapportées, et la plupart des hôtels ou restaurants refusent les paiements par carte. De plus, le gouvernement a annoncé cette semaine que la limitation de retraits était prolongée jusqu'au 13 juillet inclus.

Explosion du Bitcoin

Les restrictions bancaires ne sont pas la seule cause de la paralysie de l'économie grecque. En effet, le contrôle des capitaux instauré depuis pratiquement deux semaines s'applique aussi à quelques services étrangers de paiement en ligne. Dès le lundi 29 juin, Apple a rendu inaccessible ses services iTunes, iCloud, et Apple Music.

 Peu après, Amazon et Paypal sont devenus indisponibles aux internautes grecs.

"En raison du contrôle des capitaux décrété par les autorités grecques, le financement d'un portefeuille PayPal depuis un compte grec tout comme les transactions transnationales, financées par n'importe quelle carte ou compte, sont actuellement indisponibles", a déclaré une porte parole de PayPal dans un communiqué.

Pour faire face à ces blocages de paiement, de nombreux Grecs se sont rabattus sur la monnaie numérique, le bitcoin, comme le rapporte Le Temps.

"Face à l'incertitude, beaucoup de Grecs se sont tournés vers le bitcoin. Le mois passé, les échanges de cette monnaie digitale ont progressé de 300% en Grèce", relate le journal suisse.