Attentats en Espagne : à Cambrils, cinq assaillants tués, une passante décédée

Par latribune.fr  |   |  915  mots
La police catalane sur le site de l'attaque de Cambrils.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, quelques heures après l'attentat qui a fait 13 morts à Barcelone, une attaque a eu lieu dans la station balnéaire de Cambrils, à 120 km au sud. La police catalane a annoncé avoir tué les cinq assaillants à bord d'une voiture qui venait de percuter six civils et un policier. Les ceintures d'explosifs des assaillants se sont révélées factices. Mais d'autres incidents laissent planer l'hypothèse d'attaques coordonnées.

(Article publié vendredi 18 août 2017 à 11h19, mis à jour à 18h45)

Dans la nuit de jeudi à vendredi, alors qu'était lancée la traque du conducteur du véhicule qui a percuté la foule sur les Remblas à Barcelone tuant 13 personnes, la police catalane a annoncé qu'une seconde attaque s'était produite dans la station balnéaire de Cambrils et qu'elle avait tué les cinq assaillants qui venaient de percuter avec leur véhicule 6 piétons et un policier, tous blessés dans un premier bilan ce matin.

Mais, en milieu d'après-midi, était annoncée la mort d'une femme espagnole lors de cet attaque de Cambrils, et des détails étaient donnés sur les circonstances de ce deuxième attentat.

Leur voiture se retourne, ils attaquent alors des passants

Circulant en voiture, les cinq assaillants ont voulu foncer sur des touristes sur le front de mer mais leur véhicule s'est retourné. Ils ont alors essayé de poignarder des passants avant d'être abattus par la police, quatre sur place et le cinquième quelques centaines de mètres plus loin. Outre la femme tuée, plusieurs civils et un policier ont été blessés au cours de cette attaque, pour laquelle un lien a été établi avec l'attentat mené sur les Ramblas.

Le conducteur de la fourgonnette-bélier de Barcelone, dont la course folle jeudi a fait au moins 13 morts, est l'une des cinq personnes tuées par la police en début de nuit à Cambrils, rapporte vendredi la presse espagnole.  Les journaux El Pais et El Periodico fournissent tous deux cette information. La police catalane avait évoqué cette hypothèse, mais disait ne pas en avoir la certitude.

|Lire : Attentat à Barcelone : 26 Français blessés dont au moins 11 graves (Le Drian)

Les autorités avaient annoncé dans un premier temps avoir déjoué un attentat à la bombe car ces assaillants portaient des ceintures d'explosifs et que la police devait procéder à des explosions contrôlées. Mais vendredi matin, le chef du gouvernement régional catalan, Carles Puigdemont, déclarait à la radio catalane RAC1, que les démineurs avaient constaté que les auteurs de l'attaque portaient en réalité des ceintures factices.

Possibles liens entre Barcelone, Cambrils, Alcanar, Ripoll...

La police a établi un premier lien entre les faits survenus à Cambrils et l'attaque à la fourgonnette commise jeudi après-midi dans la capitale régionale. Ces deux événements pourraient cependant être liés à d'autres incidents survenus très peu de temps auparavant.

Ainsi, jeudi matin, avant l'attentat sur les Remblas, qui a fait 13 morts, une explosion s'est produite dans une maison à Alcanar, toujours en Catalogne. Explosion qui a fait un mort. Selon une source policière, les habitants de la maison préparaient des explosifs à l'aide de bonbonnes de gaz.

Jeudi encore, à Barcelone, un homme qui avait précipité sa voiture sur un barrage routier a été abattu par la police. On ignore encore si cet incident est lié aux autres.

La police détiendrait désormais quatre suspects

Jeudi soir, avant son intervention à Cambrils, la police catalane a annoncé, à Ripoll et à Alcanar, l'arrestation de deux individus, un Marocain et un homme originaire de Melilla, enclave espagnole en Afrique du Nord. Aucun de ces deux hommes n'est le conducteur de la fourgonnette ayant semé la mort à Barcelone.

Vendredi, la police catalane annonçait qu'une troisième personne a été arrêtée vendredi matin à Ripoll dans le cadre de l'enquête sur les attaques, sans préciser son identité ni son rôle éventuel. Elle a fait état plus tard de l'arrestation d'un quatrième suspect.

Un même mode opératoire en Europe depuis un an

Cette course meurtrière d'un véhicule projeté sur des piétons rappelle les attaques commises depuis un peu plus d'un an à Nice, Londres, Berlin ou Stockholm, qui ont fait au total plus de 100 morts.

[Crédits : Statista.]

L'organisation Etat islamique a revendiqué cette attaque via son organe de communication Amak. "Les auteurs de l'attaque de Barcelone sont des soldats de l'Etat islamique et ont mené une opération en réponse aux appels à cibler les Etats membres de la coalition", écrit Amak, en référence à la coalition internationale luttant contre l'EI en Irak et en Syrie.

L'Espagne a déployé plusieurs centaines de militaires en Irak pour participer à la formation des forces locales mais il ne s'agit pas de troupes combattantes.

Trois jours de deuil national décrétés

La France, par la voix d'Emmanuel Macron, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie ou encore le Vatican ont exprimé leur solidarité à l'égard de l'Espagne, qui n'avait plus connu d'attentat aussi meurtrier depuis les explosions dans des trains de banlieue qui ont fait 191 morts et plus de 1.800 blessés en mars 2004 à Madrid.

Mariano Rajoy a annoncé trois jours de deuil national.

"Ce sont des assassins, rien de plus que des criminels qui ne nous terroriseront pas. Toute l'Espagne est Barcelone", a réagi le palais royal sur Twitter.

Les statistiques officielles montrent que, avant l'attaque de jeudi, la police avait jusqu'à présent arrêté 11 djihadistes présumés dans la région de Barcelone depuis le début de l'année, plus que nulle part ailleurs en Espagne.

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DEBAT Barcelone : le tourisme pris pour cible ?
Débat de 28 minutes / ARTE avec Josette Sicsic, journaliste et directrice de l'Observatoire Touriscopie ; Marc Bassets, correspondant d'El Pais à Paris ; et Frédéric Valletoux, Président du Comité régional du tourisme de Paris - IdF.

(Avec Reuters)