Face à la menace russe, la Pologne achète des missiles américains pour 3,5 milliards de dollars

Par latribune.fr  |   |  1080  mots
A l'occasion de cette visite, Washington a approuvé un contrat d'armement avec son allié de l'Otan. (Crédits : Tom Brenner)
A l'occasion d'une visite des dirigeants polonais à la Maison Blanche, Washington a notifié le Congrès d'un contrat prévoyant la vente à Varsovie de missiles air-sol à longue portée et de missiles air-air à moyenne portée, pour un total de 3,5 milliards de dollars. Face à l'agression russe, la Pologne exhorte les autres pays de l'Otan à renforcer leurs budgets militaires.

La Pologne avance unie. Si le président conservateur, Andrzej Duda et le Premier ministre pro-européen Donald Tusk sont adversaires en politique intérieure, ils ont affiché lors d'une rencontre avec le président américain Joe Biden, mardi à la Maison Blanche, une volonté de cohésion sur les questions internationales. Le président Duda avait exhorté lundi les autres pays de l'Otan à renforcer leurs budgets militaires afin d'envoyer une « réponse claire et audacieuse à l'agression russe ».

« Nous ne devons pas laisser l'impérialisme russe perturber la stabilité et l'existence paisible de l'Europe », a-t-il ainsi déclaré après la rencontre avec Joe Biden.

Varsovie consacre environ 4% de son PIB à la défense

A l'occasion de cette visite, Washington a approuvé un contrat d'armement avec son allié de l'Otan. L'exécutif américain a notifié le Congrès d'un contrat prévoyant la vente à Varsovie de missiles air-sol à longue portée et de missiles air-air à moyenne portée, pour un total de 3,5 milliards de dollars. Depuis le début de conflit en Ukraine, Varsovie a signé de nombreux contrats en vue de grosses acquisitions d'armements, principalement avec les Etats-Unis et la Corée du Sud. Fin août dernier, Washington a aussi approuvé un contrat géant incluant la vente de 96 hélicoptères d'attaque Apache à la Pologne d'une valeur de 12 milliards de dollars.

Varsovie consacre déjà environ 4% de son PIB à la défense, comme elle l'avait annoncé en septembre dernier. Soit 137 milliards de zlotys (32 milliards d'euros). Pour rappel, dix-huit pays de l'Otan sur 31 atteindront cette année l'objectif de 2% du PIB en dépenses militaires, avait annoncé mi-février le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, quelques jours après les attaques de Donald Trump contre les mauvais payeurs en Europe. Un chiffre record. En 2014, seuls trois pays avaient atteint cet objectif de 2%.

L'inquiétude est, en effet, grande : le renseignement américain a averti lundi que « la dynamique est en train de changer de plus en plus en faveur de Moscou » dans la guerre contre l'Ukraine.

Déjà bien avant la guerre en Ukraine, la Pologne avait décidé d'accélérer son réarmement face à une Russie inquiétante depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et les accusations de violation par Moscou du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF)

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Washington annonce une aide de 300 millions d'euros à l'Ukraine

Alors que la question ukrainienne a été au centre de la rencontre entre Joe Biden et les dirigeants polonais, au 25e anniversaire de l'entrée de la Pologne dans l'Otan,  Washington a annoncé mardi une nouvelle aide militaire de 300 millions de dollars à l'Ukraine. Un montant cependant bien éloigné de la grande enveloppe réclamée par le président Biden depuis des mois.

Cette aide comprend notamment des missiles antiaériens, des munitions et des obus d'artillerie et répond à « certains besoins urgents de l'Ukraine », a souligné Jake Sullivan, conseiller du président américain Joe Biden. « C'est une aide relativement modeste, destinée à donner à l'Ukraine le minimum nécessaire pour une courte période », a indiqué un haut responsable américain. Elle est financée grâce à une réévaluation comptable du Pentagone. « Nous avons réalisé des économies qui nous permettront de financer cette nouvelle aide », a expliqué le responsable, précisant que la situation était « plutôt exceptionnelle », et ne se substituait pas à la validation de fonds par le Congrès américain.

« L'Ukraine n'est pas à court de courage et de ténacité, elle est à court de munitions. Et nous commençons à manquer de temps pour les aider », a alerté le directeur de la CIA, Bill Burns. En sous-texte: le blocage, par des parlementaires républicains à Washington, de la poursuite du soutien militaire massif des Etats-Unis à Kiev, Joe Biden ayant demandé une nouvelle enveloppe de 60 milliards de dollars.

Le texte réclamé par le démocrate, qui comprend également des fonds pour Israël et Taïwan, a été néanmoins approuvé mi-février par le Sénat. Mais son adoption finale est toujours suspendue au bon vouloir des partisans de Donald Trump à la Chambre - qui refusent en l'état d'examiner le texte. Le président Duda a rencontré mardi Mike Johnson et le chef de la minorité démocrate à la Chambre, Hakeem Jeffries.

« J'espère que la voix de la Pologne va changer l'attitude » du président républicain de la Chambre Mike Johnson, a déclaré mardi le Premier ministre Donald Tusk. « Il doit savoir que l'avenir de millions de personnes et que des milliers de vie en Ukraine dépendent de sa décision. ».

En pleine année électorale aux Etats-Unis, la question s'est transformée en bras de fer entre Joe Biden et son prédécesseur. L'ancien président Donald Trump, candidat à l'élection de novembre, s'oppose à la validation de nouveaux fonds pour Kiev, estimant que les Etats-Unis devaient « arrêter de donner de l'argent sans espérer être remboursés ». Il prétend que s'il était réélu en novembre, il réglerait la guerre entre la Russie et l'Ukraine « en 24 heures » -  sans vraiment expliquer comment.

Macron s'exprimera sur l'Ukraine dans les JT de TF1 et de France 2 jeudi soir

Emmanuel Macron s'exprimera sur l'Ukraine jeudi dans le journal de 20 heures de TF1 et France 2 après que l'Assemblée nationale a apporté mardi soir un large soutien à l'accord de sécurité entre Paris et Kiev, malgré l'abstention du RN et l'opposition de LFI, qui dénoncent les discours « va-t-en guerre » du président.

Les députés ont voté par 372 voix contre 99 en faveur de la stratégie française d'aide à l'Ukraine, avec l'aval de la plupart des LR, du PS, des écologistes et du groupe indépendant Liot, lors de ce scrutin non contraignant. « S'abstenir, c'est fuir » et voter contre, c'est « tourner le dos à notre histoire » : Gabriel Attal a égratigné le Rassemblement national, les Insoumis et les communistes à l'ouverture des débats.

Mais le Premier ministre s'est surtout adressé directement aux Français, en insistant sur les risques « concrets » et « tangibles » d'une victoire russe pour leur vie quotidienne. Un succès de Vladimir Poutine serait un « cataclysme » pour le « pouvoir d'achat ». « Les Français vivraient moins bien » avec « une inflation alimentaire puissance dix, une explosion des prix de l'énergie puissance dix », a-t-il argué.

(Avec AFP)