Augmenter les budgets militaires des pays membres de l'Otan. En réponse à la menace russe, c'est l'objectif d'Andrzej Duda, le président polonais. Ce lundi, avant sa visite à Washington et Bruxelles, ce dernier a, en effet, déclaré qu'il allait proposer aux membres de l'Alliance de l'Atlantique Nord de consacrer non pas 2% de leur PIB à leur budget défense comme c'est le cas aujourd'hui, mais 3%. Un effort très important alors que certains membres n'ont toujours pas atteint la cible des 2%, contrairement que la Pologne l'a largement dépassé. Et pour cause, Varsovie consacre déjà environ 4% de son PIB à la défense, comme elle l'avait annoncé en septembre dernier. Soit 137 milliards de zlotys (32 milliards d'euros). Pour rappel, dix-huit pays de l'Otan sur 31 atteindront cette année l'objectif de 2% du PIB en dépenses militaires, avait annoncé mi-février le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, quelques jours après les attaques de Donald Trump contre les mauvais payeurs en Europe. Un chiffre record. En 2014, seuls trois pays avaient atteint cet objectif de 2%.
Rencontre avec Biden
3%, « ce sera la limite en dessous de laquelle il ne sera absolument pas recommandé d'aller », a-t-il déclaré alors qu'il doit rencontrer mardi, avec le Premier ministre polonais Donald Tusk, le président américain Joe Biden. Les deux responsables polonais doivent rencontrer Joe Biden à l'occasion du 25e anniversaire de l'adhésion de la Pologne, ainsi que de la République tchèque et de la Hongrie, à l'Otan.
Selon le président polonais, l'Alliance doit apporter une « réponse claire et audacieuse à l'agression russe ».
« Cette réponse consistera à accroître les capacités militaires de l'Alliance de l'Atlantique Nord », a-t-il dit. L'Otan « est une alliance défensive, et la défensive signifie que si quelqu'un nous menace, nous réagissons », a déclaré Andrzej Duda. Lors d'un discours télévisé émis dans la soirée, le président a encore indiqué que cette proposition constituait « la meilleure réponse aux menaces qui pèsent aujourd'hui sur la sécurité mondiale ».
Gros contrats d'armements
Depuis le début de conflit en Ukraine, Varsovie a signé de nombreux contrats en vue de grosses acquisitions d'armements, principalement avec les Etats-Unis et la Corée du Sud. Fin août dernier par exemple, Washington a ainsi approuvé un contrat géant incluant la vente de 96 hélicoptères d'attaque Apache à la Pologne d'une valeur de 12 milliards de dollars.
D'autres contrats conclus avec les Américains portent sur 32 avions de combat F-35, 366 chars Abrams et des systèmes antimissiles Patriot et ceux avec la Corée du Sud sur un millier de chars K2, près de 700 obusiers automoteurs, 50 avions de combat FA-50 et 288 systèmes lance-roquettes multiples K239. La Pologne a également acheté à la filiale britannique du groupe européen d'armement MBDA des missiles antiaériens d'une valeur d'environ 1,9 milliard de livres (2,4 milliards de dollars). La Pologne va en outre se procurer quatre systèmes norvégiens de missiles antinavires pour un montant d'environ 1,4 milliard d'euros, a annoncé mardi leur constructeur, le groupe Kongsberg Defence & Aerospace.
Accélération du réarmement avant la guerre en Ukraine
Pour rappel, bien avant la guerre en Ukraine, la Pologne avait décidé d'accélérer son réarmement face à une Russie inquiétante depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et les accusations de violation par Moscou du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF). Fin février 2019, l'ancien ministre de la défense Mariusz Blaszczak avait indiqué que la Pologne dépensera 185 milliards de zlotys (43 milliards d'euros à l'époque) dans la modernisation de son armée à l'horizon de 2026, notamment pour acheter des avions de combat, hélicoptères et sous-marins. Le nouveau matériel sera déployé « principalement » dans l'est de la Pologne, soit le flanc oriental de l'Otan, avait-il dit.