Face à une inflation toujours élevée, la BCE va procéder à une nouvelle hausse des taux

Par latribune.fr  |   |  676  mots
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE). (Crédits : Reuters)
Lors de la réunion du conseil des gouverneurs jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) devrait procéder à une hausse de 25 points de base de ses taux directeurs, comme annoncé lors de sa dernière réunion en juin, l'inflation sous-jacente restant élevée, à 6,9% en juin. Ce renchérissement du coût du crédit alimente les critiques de certains gouvernements de la zone euro qui craignent ses effets négatifs sur leur croissance économique.

Comme la Fed, de l'autre côté de l'Atlantique, la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi devrait se solder, sans surprise, par une nouvelle hausse des taux directeurs pour juguler une inflation qui reste encore trop élevée, alors que certains pays de la zone euro s'alarme des effets négatifs de la politique monétaire sur leurs économies.

Un an après avoir lancé le cycle de relèvement des taux le plus rapide de leur histoire, les gardiens de l'euro gardent le cap, même si le pic semble se rapprocher.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait déjà annoncé en juin une « très probable » nouvelle hausse pour la réunion de jeudi de son conseil des gouverneurs.

« Pratiquement tout le monde s'attend à une augmentation de 0,25 point de pourcentage », comme en juin, a déclaré Joachim Nagel, directeur de l'influente banque centrale allemande, la semaine dernière, cité par l'AFP. Cela porterait le taux de dépôt des liquidités bancaires à la BCE, qui fait référence, à 3,75%.

Des signes pour la réunion de septembre

Et ensuite ? L'intérêt de la réunion « va plutôt porter sur les indications que la BCE pourrait donner sur l'orientation future de la politique monétaire », selon Eric Dor, directeur des Études économiques de l'IESEG School of Management. Avec la réunion de septembre en ligne de mire.

Pour lutter contre une inflation record en zone euro suite à la reprise post-pandémie puis l'éclatement de la guerre russe en Ukraine, la BCE a depuis juillet dernier remonté ses taux directeurs à une vitesse inédite, les relevant de 400 points de base en un an.

Cette politique renchérit le coût auquel entreprises et ménages empruntent, ce qui doit amener une baisse de la demande et donc de l'activité économique. L'espoir de la BCE est que cela réduise la capacité des entreprises et commerces à augmenter les prix, tout en modérant les revendications salariales. L'institution se sent pressée d'enfoncer encore le clou car, hors énergie, la ralentissement de la croissance des prix est encore très limité. D'un record de 7,9% en mars 2023, l'agrégat (indicateur utilisé par la BCE pour l'inflation) a timidement baissé à 6,9% en juin 2023. Cela fait dire à l'envi à Christine Lagarde que la BCE a encore « du chemin à parcourir » pour peser sur les prix.

La BCE se décidera jeudi au lendemain de la Fed américaine, qui devrait annoncer une nouvelle hausse de taux, la onzième depuis mars 2022, après avoir observé une pause en juin. Les données récentes montrent que la politique de la Fed est en train de calmer l'inflation sans provoquer de hausse du chômage.

Néanmoins, en zone euro, la politique monétaire restrictive passe de plus en plus mal auprès de certaines économies européennes fragiles. De nouvelles augmentations de taux induisent des risques « plus élevés de créer une situation plus difficile pour la croissance au niveau européen », a déclaré mi-juillet le ministre des Finances du Portugal Fernando Medina.

Un remède plus dommageable que la maladie?

Avant lui, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni avait critiqué fin juin la « recette simpliste » de la BCE consistant à augmenter les taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation, craignant que « le remède se révèle plus dommageable que la maladie ».

Pour le président de la Banque centrale d'Allemagne Joachim Nagel, un « faucon » adepte d'un cap monétaire rigoureux, l'inflation est « une bête avide » et « relâcher la lutte trop tôt (serait) une erreur ».

Son homologue de la Banque des Pays-Bas, Klaas Knot, plus mesuré, croit lui qu'une nouvelle hausse des taux en septembre est « au mieux, une possibilité, mais certainement pas une certitude ».

Une hausse en juillet devrait suffire et un nouveau resserrement pourrait « nuire à l'économie », prévient de son côté le gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras, « colombe » favorable à une politique monétaire plus laxiste.

 (avec AFP)