Gaz : des élus appellent l'UE à ne pas se fournir auprès de l'Azerbaïdjan

Par latribune.fr  |   |  485  mots
Des députés de tous bords, et d'autres élus, ont signé la tribune. (Crédits : Reuters)
La récente signature le 18 juillet d'un accord entre la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et l'Azerbaïdjan pour augmenter l'approvisionnement en gaz azéri de l'UE suscite une vive opposition dans la classe politique française. Les élus de tous bords fustigent une stratégie énergétique « du passé » avec un pays aux « aspirations belliqueuses » qui rend l'Union européenne « dépendante ».

Rares sont les sujets qui font consensus de la droite à l'extrême-gauche. Une soixantaine d'élus dont certains de premier plan comme le président de PACA Renaud Muselier, le chef du PS Olivier Faure (qui affirme représenté tout le parti par sa signature), le secrétaire national d'EELV Julien Bayou, l'Insoumise Clémentine Autain, l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, le maire de Marseille Benoît Payan (Union de gauche) ou encore le sénateur LR Bruno Retailleau appellent vendredi Bruxelles à « renoncer » à l'accord signé avec l'Azerbaïdjan pour augmenter les importations de gaz depuis cette ancienne république soviétique du Caucase.

Ce contrat a été conclu par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen en juillet à Bakou avec le président azéri Ilham Aliyev. Une opportunité gigantesque à l'échelle de l'Azerbaïdjan puisque le contrat prévoit de doubler les exportations vers l'Europe en quelques années. Dans un contexte de baisse drastique des livraisons de gaz russe en Europe, en attendant leur probable arrêt total dans les prochaines semaines, les dirigeants européens se lancent à la recherche de fournisseurs alternatifs, y compris des pays autoritaires et peu en phase avec les valeurs de la Communauté européenne comme le Qatar ou l'Algérie.

Opposés par principe au contrat avec les Azéris, signataires dénoncent les « aspirations belliqueuses » de ce pays. « Cette initiative poursuit la course effrénée vers l'exploitation des ressources de notre planète (et) place l'Union européenne en situation d'une nouvelle dépendance envers un État aux aspirations belliqueuses », déclarent les signataires dans une tribune dans les pages du Monde en référence à la guerre sanglante qu'a mené en 2020 l'Azerbaïdjan aux Arméniens en particulier dans la province du Haut-Karabakh.

Politique énergétique "du passé"

« L'Azerbaïdjan a clairement indiqué n'être pas rassasiée par sa victoire militaire », poursuivent-ils en référence à « la guerre des 44 jours de l'automne 2020 ». D'après eux, le rapprochement économique entre Bruxelles et Bakou pour du gaz « participe également à la course effrénée pour les financements en matière d'armements qui exterminent les Arméniens au Haut-Karabakh ou dans la République d'Arménie ».

« Nous demandons instamment à la Commission européenne de renoncer à ce projet avec l'Azerbaïdjan et aux chefs d'État et de gouvernement de l'UE, ainsi qu'au Parlement européen, de ne ratifier sous aucun prétexte un accord qui aurait pour effet de substituer à la dépendance au gaz russe, une dépendance au gaz azerbaïdjanais », annoncent les signataires qui fustige une stratégie énergétique « du passé, contraire aux engagements de transition écologique et à l'exigence d'une énergie plus verte pour une Union européenne plus souveraine »« En choisissant l'Azerbaïdjan comme fournisseur de gaz, Mme von der Leyen affaiblit de fait l'Union européenne », concluent-ils.

(Avec AFP)