Grèce : divergences entre Bruxelles et le FMI, un accord définitif compromis

Par latribune.fr  |   |  571  mots
Face à l'incertitude sur le devenir des relations entre Athènes et ses créanciers, les taux d'emprunt des pays du sud de la zone euro, et en particulier ceux de la Grèce, se sont fortement tendus, dans la journée de mardi.
Alors que le Premier ministre grec souhaite un compromis global sur l'allègement de la dette avec les créanciers, Bruxelles exige avant tout un plan détaillé de réformes. Mais encore faudrait-il que le FMI et l'UE s'accordent sur les mesures prioritaires à mettre en place, quelques jours avant le sommet des ministres des finances de la zone euro qui doit débloquer la dernière tranche d'aide internationale à la Grèce.

La Grèce a alterné optimisme et avertissements mardi 5 mai face à ses interlocuteurs de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI), desquels elle tente d'obtenir de nouveaux financements pour éviter un défaut sur sa dette. Son ministre des Finances Yanis Varoufakis, venu à Paris puis à Bruxelles, a déclaré s'attendre à ce que l'Eurogroupe, qui se réunira le 11 mai prochain, prenne acte de nouveaux progrès vers un compromis. Celui-ci est essentiel pour le déblocage de la dernière tranche d'aide internationale, qui permettra au pays de faire face à ses échéances et d'éviter le défaut de paiement. Après le remboursement, ce mercredi, de quelque 200 millions d'euros d'intérêts au FMI, Athènes devra encore lui verser environ 750 millions d'euros le 12 mai prochain.

"Nous aurons certainement une discussion très fructueuse le 11 mai, qui confirmera les grands progrès que nous avons accomplis et qui marquera une nouvelle avancée, une nouvelle étape dans la direction d'un accord définitif", a déclaré Yanis Varoufakis à des journalistes après un entretien avec le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Pierre Moscovici.

Bruxelles attend un plan détaillé de réformes

Ce dernier a toutefois souligné que la zone euro ne discuterait d'un financement à long terme qu'une fois conclu un accord sur un plan détaillé de réformes en Grèce. Ses propos semblent fermer la porte à l'espoir grec de sauter l'étape d'un accord intérimaire sur les réformes au profit d'une négociation globale sur un nouvel allégement de la dette.

L'incertitude politique a par ailleurs conduit la Commission européenne à diviser par cinq sa prévision de croissance économique pour cette année, à 0,5% seulement contre 2,5% prévu il y a encore trois mois.

Désaccord entre le FMI et l'UE

En coulisses, les discussions techniques se poursuivent entre la Grèce, le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE), sans que rien ne témoigne d'avancées notables. Le FMI reste inflexible sur les réformes du marché du travail et des retraites, tandis que la priorité de la Commission européenne est l'excédent primaire, a expliqué un haut fonctionnaire grec. L'institution internationale est également favorable à l'effacement d'une partie de la dette grecque pour qu'elle soit gérable mais l'UE est opposée à une telle mesure, a-t-il ajouté.

Le vice-Premier ministre Yannis Dragasakis, lui, s'est rendu à Francfort pour y rencontrer le président de la BCE Mario Draghi dans l'espoir de le convaincre d'augmenter une nouvelle fois le montant des liquidités fournies aux banques grecques, indispensables au succès des émissions de bons du Trésor d'Athènes. La question sera mercredi 6 mai à l'ordre du jour de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE.

Les taux d'emprunt des pays du sud en hausse

Face à l'incertitude sur le devenir des relations entre Athènes et ses créanciers, les taux d'emprunt des pays du sud de la zone euro, et en particulier ceux de la Grèce, se sont fortement tendus, dans la journée de mardi.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne a progressé à 1,780% contre 1,504% lundi sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Le taux de l'Italie s'est tendu à 1,807% (contre 1,533%), comme celui du Portugal à 2,392% (contre 2,097%) et surtout celui de la Grèce à 11,125% (contre 10,553%).

(Avec Reuters et AFP)