Grèce : s'affirmant "trahi", Juncker jette l'éponge

Par latribune.fr  |   |  617  mots
Lors d'une conférence de presse ce lundi midi à Bruxelles, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, s'est dit "profondément affligé par le spectacle donné par l'Europe".
Alors que la porte des négociations semblait encore entrouverte malgré l'annonce du référendum grec par Alexis Tsipras, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, laisse sous entendre ce lundi midi qu'il n'y a plus de dialogue possible avec la Grèce.

Cette fois, doit-on craindre que l'Union Européenne tourne définitivement le dos à la Grèce ? Lorsque le président de la Commission Européenne prend la parole ce midi en conférence de presse à Bruxelles, l'expression du visage est grave. "Je me sens un peu trahi"(...) il y a eu beaucoup de bruit et de fureur", lâche-t-il. Les paroles sont fortes, le ton est donné :

"Je suis profondément affligé, attristé par le spectacle qu'a donné l'Europe samedi dernier. En une nuit, en une seule nuit, la conscience européenne en a pris un sacré coup (...) la bonne volonté s'est quelque peu évaporée (...) Des jeux populistes ont pris le dessus".

Mais face à l'offensive européenne, Athènes n'a pas tardé à réagir. En début d'après-midi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis, met en cause la sincérité du patron de la Commission européenne  :"la (preuve) nécessaire de bonne foi et de crédibilité dans une négociation est la sincérité".

Pourtant, ce lundi matin, tout semblait encore possible. A l'issue d'un conseil restreint consacré à la crise grecque, François Hollande estimait que "la France est toujours disponible pour que le dialogue puisse reprendre aujourd'hui ou demain". Et le porte-parole de Angela Merkel assurait que la chancelière allemande se disait "évidemment disposée" à une reprise des discussions avec son homologue grec, Alexis Tsipras "s'il le souhaite".

Juncker furieux, fustige l'attitude de Tsipras

Dans la nuit de vendredi à samedi, las des propositions européennes, Alexis Tsipras a créé la surprise en annonçant à la télévision la tenue d'un référendum. Les Grecs devront donc dire dimanche prochain, le 5 juillet, s'ils acceptent oui ou non les propositions des créanciers.

Mais l'initiative n'a pas vraiment été du goût de tous, à commencer par Jean-Claude Juncker qui fustige cette décision ce lundi à Bruxelles, et s'attaque aux autorités hellènes  : "jouer une démocratie contre 18 autres ce n'est pas une attitude qui convient à la Grèce "a fait savoir Jean-Claude Juncker. Et martèle : "En Europe, aucune démocratie ne vaut plus que l'autre et dans la zone euro il y a 19 démocraties, non une contre 18 et non 18 contre une". Il n'a pas hésité à multiplier les allusions, directement adressées au premier Ministre grec Alexis Tsipras : "je ne voudrais pas voir Platon jouer dorénavant en deuxième division ».

Juncker appelle les Grecs à voter oui dimanche

Il a tenu à rappeler que la proposition des créanciers faite à la Grèce "n'est pas un paquet d'austérité stupide", affirmant qu'"il n'y a pas de coupes dans les salaires dans ce paquet, il n'y a pas de coupes dans les retraites", a-t-il affirmé.

Le président de la Commission européenne a aussi fait part de sa lassitude  : "vendredi encore, après des mois et des mois de discussion et de débat, nous étions une fois de plus patients, déterminés", a-t-il souligné. "J'ai tout fait, d'autres ont essayé de tout faire et nous ne méritons pas toutes ces critiques". Il assure que "nous (l'Union Européenne) avons vraiment remué des montagnes jusqu'à la dernière minute, jusqu'à ce que les Grecs ferment la porte".

Cette fois, le Luxembourgeois tourne le dos à Athènes et ne fera "de nouvelles propositions aujourd'hui ». En revanche, il a affirmé que si le non aux propositions des créanciers remporte les suffrages dimanche en Grèce, cette réponse sera perçue comme  "un non à l'Europe", a fait savoir Jean-Claude Juncker, tout en exortant le peuple grec à voter "oui"...car "il ne faut pas se suicider parce qu'on a peur de la mort", a-t-il lancé dans son allocution.