Guerre en Ukraine : Varsovie bloque les nouvelles sanctions européennes jugées « trop molles »

Par latribune.fr  |   |  772  mots
Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais, s'est rendu à Kiev aujourd'hui (photo) vendredi 24 février 2023, pour manifester au président ukrainien Volodymyr Zelensky son indéfectible soutien. (Capture d'écran d'une vidéo transmise à Reuters par les équipes sur place d'EFE, quatrième agence de presse au monde, et la première en langue espagnole) (Crédits : EFE via Reuters)
Alors que l'Union européenne doit annoncer aujourd'hui un important paquet de sanctions contre la Russie et ses alliés, Varsovie considère que les restrictions sur les importations de caoutchouc russe et la liste de personnalités russes sanctionnées ne sont pas suffisantes. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, s'est rendu en personne aujourd'hui à Kiev pour réitérer son soutien indéfectible à l'Ukraine.

[Article publié le 24.02.2023 à 15:12, mis à jour à 17:26 avec livraisons d'armes]

Un accord s'annonce difficile dans la journée. En effet, la Pologne bloque ce vendredi une nouvelle série de sanctions européennes destinées à frapper l'économie de la Russie pour son invasion de l'Ukraine, débutée il y a tout juste un an, ont affirmé des sources diplomatiques à Bruxelles.

Un paquet « très substantiel » de sanctions comprenant de nouvelles restrictions des exportations vers la Russie pour 11 milliards d'euros, le gel des avoirs de trois banques et de nombreuses entités, dont des entreprises iraniennes accusées de fournir des drones à Moscou, est bloqué par Varsovie, selon ces sources.

L'Italie veut avoir du temps pour diversifier ses approvisionnements

La Pologne juge notamment insuffisantes les restrictions proposées sur les importations de caoutchouc synthétique de Russie utilisées pour les pneumatiques, ont précisé les délégations de quatre États membres.

« En ce qui concerne le dixième train de sanctions, nous ne sommes pas satisfaits car il est trop mou, trop faible », a déclaré à des journalistes le Premier ministre polonais qui propose que « des personnes supplémentaires soient incluses. Nous suggérons depuis longtemps que des produits russes supplémentaires soient inclus ».

De son côté, l'Italie demande une transition longue afin de pouvoir diversifier les approvisionnements en caoutchouc synthétique de son industrie du pneumatique, ce qui est refusé par Varsovie, a-t-on expliqué.

Le dixième train de sanctions de l'UE est prêt et « un accord doit être trouvé vendredi », date du premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ont insisté les diplomates et responsables européens interrogés. Selon eux, le blocage de la Pologne « pénalise l'Europe ». Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont déjà annoncé le renforcement de leurs sanctions et les nouvelles mesures préparées par l'UE avaient été dévoilées il y a deux semaines.

La Pologne avait déjà bloqué dans un premier temps les mesures précédentes

La solution est donc entre les mains du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki et de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, tous deux membres de la même famille politique en Europe, a estimé un diplomate. Leurs partis siègent au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens au Parlement européen.

La Pologne avait déjà bloqué l'approbation du neuvième paquet de sanctions de l'UE en décembre 2022 et avait attendu un sommet des dirigeants des Vingt-Sept à Bruxelles pour lever ses réserves.

Morawiecki, indéfectible soutien de l'Ukraine, a rendu visite à Zelensky

En visite à Kiev ce vendredi 24 février 2023 pour commémorer le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, indéfectible soutien à la cause ukrainienne, a pour sa part annoncé l'arrivée en Ukraine des quatre premiers chars de combat Leopard 2, et que d'autres blindés arriveraient « dans quelques jours ».

Il a également déclaré que la Pologne était « prête » à former des pilotes ukrainiens sur des F16 américains, avions que l'Ukraine réclame sans succès depuis des mois.

De son côté, le président de la République de Pologne, Andrzej Duda, a déclaré ce vendredi avoir discuté avec son homologue américain d'une production commune de munitions pour l'Ukraine.

« Je peux dévoiler avoir discuté avec le président Joe Biden du lancement d'une production militaire commune, par exemple des munitions (...) Ces entretiens vont poursuivre », a indiqué le chef de l'État polonais à des journalistes.

La Suède et l'Allemagne envoient à nouveau des armes à l'Ukraine

De leur côté, à l'occasion du premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Suède a annoncé qu'elle allait livrer « environ » dix chars Leopard à Kiev ainsi que des systèmes anti-aériens. « Nous avons décidé de livrer des chars Leopard 2 suédois », a déclaré le Premier ministre Ulf Kristersson lors d'une conférence de presse. Le ministre de la Défense Pål Jonson a ajouté que le pays prévoyait de fournir « environ dix » chars. « Le modèle que nous avons est appelé 2A5 », a-t-il précisé.

Une annonce qui suit celle de l'Allemagne qui a aussi annoncé la livraison de quatre chars Leopard de type 2A6 supplémentaires, en plus de quatorze déjà prévus, selon le ministère de la Défense du pays. Le nouvel envoi de quatre chars annoncé vendredi va ainsi permettre, en coordination avec le Portugal et la Suède, la formation d'un bataillon complet de 31 chars, selon le ministère allemand de la Défense.

(avec AFP)