Inflation : l'Espagne va récupérer 2 milliards par an en surtaxant les énergéticiens et des banques

Par latribune.fr  |   |  473  mots
Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.
Après le Royaume-Uni et l'Italie, l'Espagne saute le pas et met en place une taxation exceptionnelle sur les bénéfices des géants énergétiques et des banques dopés par l'inflation. L'enveloppe, chiffrée à deux milliards d'euros par an pendant deux ans, doit servir à financer les paquets d'aides déjà déployés par l'Etat espagnol pour un total de 30 milliards d'euros.

L'Espagne s'attaque à la cagnotte des géants de l'énergie et de la finance. Le gouvernement espagnol a annoncé mardi un impôt exceptionnel sur les bénéfices des grands groupes énergétiques et financiers dopés par les tensions inflationnistes. « Ce gouvernement ne va pas tolérer qu'il y ait des entreprises qui profitent de la crise pour s'enrichir », a fermement promis le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez à la Chambre des députés lors de la présentation des mesures destinées à soutenir le pouvoir d'achat des Espagnols, ébranlé par la flambée des prix.

Le gouvernement s'apprête à créer « une taxe sur les bénéfices extraordinaires des grandes entreprises énergétiques » et s'attend à récupérer par ce dispositif près de « deux milliards d'euros » par an en 2023 et 2024. Cet impôt exceptionnel était dans les tuyaux depuis plusieurs semaines, évoqué fin juin par Pedro Sanchez.

Le Premier ministre espagnol veut aussi déployer une autre taxe temporaire sur « les grandes institutions financières qui ont commencé à bénéficier de la hausse des taux d'intérêt » qui doit faire rentrer dans les caisses publiques « 1,5 milliard par an » et durera deux ans. Le chef du gouvernement défend un mécanisme visant à ce que les bénéfices exceptionnels sur fond d'inflations « soient reversés aux citoyens » au lieu de servir à « grossir » le « salaire des grands chefs d'entreprise », a-t-il fait valoir, rappelant que ces profils « ne tombent pas du ciel mais de la poche des consommateurs ».

30 milliards mobilisés

Les fonds ainsi récoltés doivent servir à financer le paquet d'aides publiques débloqué par Madrid pour protéger ses ménages de l'inflation, qui atteint 10,2% sur un an en juin et rogne leurs budgets. L'Espagne a adopté depuis l'été dernier plusieurs séries de mesures dont des aides sur les carburants, une baisse de la TVA sur l'électricité et une hausse des pensions de retraite. Auxquels s'ajoutent de nouvelles bourses pour les étudiants de 100 euros par mois annoncées mardi par Pedro Sanchez, en plus de la prise en charge par l'Etat de 100% des abonnements pour les trains de banlieue jusqu'au 31 décembre. « Depuis que les prix ont commencé à monter (...) l'Espagne a mobilisé 30 milliards d'euros » pour soutenir ses entreprises et ses citoyens, « soit l'équivalent de 2,3% de son produit intérieur brut (PIB) », a précisé le Premier ministre espagnol.

L'Espagne s'inspire ici des prélèvements exceptionnels mis en place à l'étranger. Le Royaume-Uni a opté pour une taxe temporaire de 25% sur les bénéfices des géants pétroliers pour financer des aides similaires ménages les plus défavorisés. L'Italie, de son côté, a aussi décidé de prélever 25% supplémentaires sur les bénéfices des grandes entreprises du secteur de l'énergie.

(Avec AFP)