Carburants : sous pression pour ses super-profits, TotalEnergies fait une nouvelle ristourne sur les prix

TotalEnergies va relever sa remise sur le litre de carburant de 10 à 12 centimes d'euros pour les automobilistes faisant le plein dans ses stations-service sur autoroute cet été. Alors que des voix plaident pour la taxation des groupes qui dégagent des super profits pendant la crise, la baisse du prix des carburants sera au coeur des débats de la loi pouvoir d'achat.
(Crédits : Reuters)

A nouveau mis sous pression par le gouvernement pour contribuer à alléger la facture des automobilistes, TotalEnergies a annoncé relever sa remise sur le litre de carburant de 10 à 12 centimes d'euros pour les automobilistes faisant le plein dans ses stations-service sur autoroute cet été, confirmant une information du quotidien Le Parisien. Environ 120 stations-service devraient être concernées. S'ajoutant à la remise gouvernementale, cette ristourne permettra, selon TotalEnergies, d'économiser 30 centimes par litre pour ceux qui feront le plein dans ses stations du réseau autoroute - soit une économie de 15 euros pour un plein de 50 litres. Le géant de l'énergie souligne que sa nouvelle proposition représente une hausse de 20% par rapport à la remise initiale. Une extension au-delà de l'été est en concertation avec le gouvernement. 17 millions d'automobilistes circulant pendant les vacances d'été devraient, par conséquent, pouvoir en bénéficier, précise TotalEnergies. Mais cette ristourne ne concernera pas les stations en zone rurale.

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Une loi pouvoir d'achat d'un montant d'environ 25 milliards de dollars

Pour Bruno Le Maire, ministre des Finances, l'annonce de TotalEnergies correspond à la volonté du gouvernement de partager le fardeau de la lutte contre l'inflation. Au moment où l'exécutif finalise son projet de loi sur le pouvoir d'achat d'un montant d'environ 25 milliards d'euros, « tout l'effort ne peut pas reposer uniquement sur l'État », a-t-il dit en début de semaine sur BFM,

Une chose est sûre, entre la prolongation de la remise de 18 centimes, la réduction de la TVA ou d'autres taxes, la bataille des propositions fait rage entre le gouvernement et les oppositions pour juguler la hausse des prix des carburants. Le débat au Parlement sur le paquet pouvoir d'achat s'annonce chaud. L'exécutif, qui envisage pour l'instant de prolonger jusqu'à fin août la remise de 18 centimes par litre appliquée depuis avril, réfléchit à une extension de la mesure jusqu'à la fin de l'année et à un mécanisme ciblé ensuite pour les gros rouleurs.

Pas sûr néanmoins que cela suffise à calmer les oppositions et la grogne des automobilistes. À l'approche des départs en vacances, les prix à la pompe de l'essence et du gazole restent très élevés, malgré la remise financée par l'État. La semaine dernière, même s'ils avaient légèrement reflué, ils dépassaient toujours deux euros par litre.

Résultat : déjà au cœur des programmes des candidats pour les législatives, le sujet revient en force dans le débat.

Le patron du PCF Fabien Roussel, membre de l'alliance Nupes à l'Assemblée nationale, a annoncé mercredi qu'il allait déposer une proposition de loi pour « faire baisser immédiatement de 35 centimes les taxes sur l'essence » et pour « taxer les bénéfices des compagnies pétrolières ». De son côté, la France insoumise a elle promis une proposition de loi « pour répondre à l'urgence sociale » qui prévoit un blocage des prix des carburants.

Le Rassemblement national préconise, quant à lui, une réduction de la TVA à 5,5% sur les carburants, tandis que les LR, dont les députés tenaient mardi une réunion de groupe sur le thème du pouvoir d'achat, proposaient jusqu'à présent une baisse des taxes afin de ramener les prix sous les 1,50 euros le litre.

Des propositions jugées beaucoup trop coûteuses pour Bercy. La proposition des LR « coûterait environ 50 milliards d'euros. C'est une fois et demi le budget de tout le ministère de l'Environnement (...), donc ça n'est pas responsable », a taclé Bruno Le Maire.

Taxation des profits

La ristourne de TotalEnergies intervient alors que la taxation des entreprises qui tirent parti de l'inflation revient sur la table. Réclamée notamment par le PCF et la France insoumise, la mesure semble écartée par le gouvernement qui appelle ces entreprises à des gestes directs en faveur du pouvoir d'achat des ménages. TotalEnergies en particulier, est dans le viseur de la gauche, après le bond de 48% de ses bénéfices au premier trimestre 2022, à 5 milliards d'euros. Et les résultats du second trimestre, qui seront publiés fin juillet, s'annoncent également excellents.

Le géant pétrolier n'est pas le seul. Engie aussi a enregistré des résultats spectaculaires au premier trimestre, tout comme l'armateur CMA CGM, au moment où les coûts du transport maritime s'envolent avec la reprise du commerce mondial après la pandémie.

Certains États ont déjà franchi le pas. Le très libéral Royaume-Uni a instauré une taxe temporaire de 25% sur les bénéfices des géants pétroliers pour financer des aides aux ménages les plus défavorisés face à l'inflation. Et l'Italie a décidé de prélever 25% supplémentaires sur les bénéfices des grandes entreprises du secteur de l'énergie.

Même l'OCDE avait estimé dès le mois de mars que les dépenses de soutien au pouvoir d'achat pourraient être en partie financées par « l'imposition des gains exceptionnels dans certains pays ».

En France, le gouvernement n'a pas l'air partant, répétant l'engagement d'Emmanuel Macron de ne pas augmenter les impôts. La porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a, elle, affirmé sur BFMTV qu' »aucun arbitrage n'est pris », ajoutant toutefois qu' « on est en train de regarder, ça fait typiquement partie des choses qu'on discute avec les oppositions en ce moment même ».

La stratégie de l'exécutif semble plutôt de convaincre ces grandes entreprises de faire des gestes volontaires.

Pour le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, « les hausses d'impôt ne sont pas la solution ». "Je comprends en revanche que l'on demande à ces entreprises de faire des efforts, notamment sur leurs prix", a-t-il dit dans un entretien aux Échos lundi.

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Grève le 28 juillet chez TotalEnergies

La CGT de TotalEnergies a appelé l'ensemble du groupe et de ses filiales en France à une nouvelle journée de grève, le 28 juillet prochain, afin de réclamer des augmentations de salaires tenant compte de l'inflation, a-t-on appris mercredi auprès du syndicat.

Outre le contexte inflationniste, le contexte social est d'autant plus tendu chez TotalEnergies que le groupe bénéficie, comme les autres géants du secteur, de la flambée des cours du pétrole/ Des négociations sont également prévues les 7 et 8 juillet, pour les salaires des employés d'Hutchinson (joints pour l'automobile et l'aéronautique), une autre filiale du groupe, selon la CGT.

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Commentaires 6
à écrit le 30/06/2022 à 18:02
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la bonne blague.....sachant que le carburant sur autoroute est vendue au minimum 50 cents de plus, le prix payé après ristourne reste autour de 2.69 le litre....alors quelle est l'économie? De toute façon, les conducteurs qui font le plein sur autoro...

à écrit le 30/06/2022 à 13:09
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"faisant le plein dans ses stations-service sur autoroute cet été" dommage, très dommage. Une marque à oublier, donc. Zut, ils me fournissent l'électricité (ex Direct-Ener*), je vais donc devoir changer. Total a pourtant besoin de beaucoup d'argent ...

à écrit le 30/06/2022 à 13:05
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Ce sont les sanctions occidentales, les nôtres, qui entraînent cette flambée des prix des hydrocarbures, pour l'essentiel. Donc si on veut vraiment combattre l'inflation induite, on n'a qu'à supprimer ces sanctions qui ne servent à pratiquement rien ...

à écrit le 30/06/2022 à 9:51
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Le blocage des prix, c'est la pénurie assurée.

à écrit le 30/06/2022 à 8:50
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Un simple décret aurait suffit pour bloquer les prix, mais visiblement nos élues ont bien plus intérêt a "jouer la montre" et la confusion!

le 30/06/2022 à 10:13
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Un simple décret et nous voila Vénézuélien. Réfléchissez un peu au lieu de dire "il n'y a qu'à". La France achète son pétrole et gaz à l'étranger au prix du marché. Si vous bloquez les prix de produits raffinés, plus aucun raffineur ne produira ou au...

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