Italie : la taxe sur les superprofits rapporte quatre fois moins qu'attendu

Par latribune.fr  |   |  526  mots
Le gouvernement de Giorgia Meloni accorde jusqu'à ce jeudi aux entreprises réfractaires la possibilité de s'acquitter de cette taxe exceptionnelle. (Crédits : GUGLIELMO MANGIAPANE)
La taxe sur les « surprofits » mise en place par le gouvernement Draghi a fait entrer seulement 2,7 milliards d'euros dans les caisses publiques contre 10 milliards prévus. En France aussi, les estimations indépendantes montrent qu'un tel impôt ne rapporterait pas autant que promis par ses partisans de la NUPES.

Y a-t-il une cagnotte à récupérer sur les « surprofits » ? Pas en Italie du moins. La taxe sur les « surprofits » des géants énergétiques instaurée en mars dans la péninsule afin de dégager des fonds pour soutenir familles et entreprises face à l'inflation ne rapporte pour l'heure que 2,7 milliards d'euros selon le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti.

Fin novembre, les rentrées fiscales permises par cette taxe « se sont élevées à environ 2,75 milliards d'euros », un montant « conforme aux estimations actualisées du gouvernement », a-t-il assuré mercredi devant le Parlement.

10 milliards initialement attendu par le gouvernement Draghi

Un montant toutefois bien moins important que les dix milliards d'euros de recettes initialement visés initialement par l'ancien gouvernement de Mario Draghi. Cet impôt exceptionnel s'est heurté au refus de nombreuses entreprises de le verser, contestant notamment son mode de calcul. Giancarlo Giorgetti a rappelé à l'adresse des contestataires que l'Etat leur donnait jusqu'à ce jeudi pour s'acquitter de leurs prélèvements « sans encourir d'amende ».

Dans le détail, le gouvernement de Mario Draghi, qui a cédé la place en octobre à la coalition des droites de Giorgia Meloni, avait mis en place une taxe de 25% sur les recettes « supplémentaires » des entreprises énergétiques dopées par l'explosion des prix du gaz et du pétrole.

Un dispositif que l'actuel gouvernement de Giorgia Meloni revoit dans son projet de budget 2023, en taxant producteurs et distributeurs d'énergie sur leurs bénéfices et pas leurs recettes, espérant en tirer 2,6 milliards d'euros sur 7.000 entreprises concernées par cette mesure temporaire.

Le débat sur les retombées d'une telle taxe agite la France

La question des retombées de la taxe sur les superprofits agite d'autres pays d'Europe, comme l'Espagne et le Royaume-Uni qui l'ont déjà instaurée mais aussi la France où le débat politique autour de cet impôt ne retombe pas, régulièrement relancé par les députés de la NUPES qui en sont partisans. Mais là encore, le pactole promis pour les comptes publics n'est pas au rendez-vous.

Selon l'institut des politiques publiques (IPP), la « contribution temporaire de solidarité », selon la dénomination utilisée par le gouvernement qui se refuse pour l'instant à augmenter les impôts, rapporterait « entre 1,15 et 3,9 milliards d'euros, contre 200 millions d'euros pour l'estimation du gouvernement », d'après un communiqué de l'institut de la semaine dernière. Cela reste nettement moins que la précédente L'IPP avait évalué à la mi-novembre le rendement de la taxe entre 6 et 7 milliards d'euros, sur la base des comptes de l'Insee arrêtés un mois plus tôt, à la fin octobre.

Interrogé, Bercy a rejeté les chiffres de l'IPP et réaffirmé son chiffrage à 200 millions. L'IPP s'est aussi penchée sur la méga-taxe proposée par la NUPES qui toucherait toutes les grandes entreprises qui font plus de 750 millions d'euros de chiffre d'affaires et dont les bénéfices sont supérieurs de plus de 25% à la moyenne de ceux réalisés entre 2017 et 2019. D'après l'IPP, cette taxe rapporterait entre 15,7 et 41 milliards d'euros, contre une fourchette de 18,8 à 44,4 milliards d'euros estimée précédemment.