La BCE dénonce le soutien américain au dollar faible

Par latribune.fr  |   |  613  mots
Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi. (Crédits : Reuters)
La volatilité du taux de change est une source d'inquiétude pour Francfort. Les déclarations récente de l'administration américaine, plaidant pour un "dollar faible", n'ont pas plu au président Mario Draghi.

Article publié le 25/01/2018 à 13h54, mis à jour à 17h19

Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a indirectement dénoncé jeudi les déclarations du secrétaire américain au Trésor soutenant un dollar faible, qui font craindre le déclenchement d'une guerre monétaire au niveau mondial.

Sans jamais le citer, mais en faisant clairement référence au secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin auteur mercredi soir d'une sortie fracassante sur le sujet, Mario Draghi a fustigé "la communication" de cette "autre personne" qui "ne se conforme pas aux termes convenus" depuis "des décennies" entre partenaires internationaux.

En conférence de presse, il a appelé à la retenue, au lendemain de l'éloge surprise du "dollar faible" par l'administration américaine, en rappelant les engagements multilatéraux à ne pas manipuler les changes.

"L'état général des relations internationales" inquiète

Mercredi soir, à la surprise générale, Steven Mnuchin a crûment affirmé qu'un "dollar plus faible" était "bon" pour les Etats-Unis puisqu'il favorise "le commerce et les opportunités". Non seulement cette déclaration rompt avec des décennies de discours américain vantant le "dollar fort", mais elle a immédiatement fait chuter le billet vert, poussant l'euro à la hausse.

"Oui, il y a eu de l'inquiétude. Plusieurs membres du conseil des gouverneurs ont exprimé de l'inquiétude", a commenté Mario Draghi, interrogé sur l'ambiance de la réunion de la BCE après les propos américains. "Et cette inquiétude dépassait les seuls taux d'intérêt et concernait l'état général des relations internationales en ce moment", a-t-il ajouté.

Pas de "dévaluation compétitive" en zone euro

La BCE est traditionnellement opposée à toute initiative politique cherchant à faire évoluer artificiellement le taux de change par intérêt économique.

"Nous nous abstiendrons de mener des dévaluations compétitives, et nous ne ciblerons pas nos taux de change à des fins de compétitivité", promettait par exemple un communiqué du 14 octobre dernier dans le cadre du Fonds monétaire international, soigneusement relu par Mario Draghi.

Lien entre taux change et inflation

Les déclarations jeudi du patron de la BCE ont cependant échoué à calmer l'envolée de la monnaie unique, passé jeudi vers 15 heures (heure de Paris) à 1,2537 dollar, son niveau le plus élevé depuis mi-décembre 2014, pendant que les Bourses européennes plongeaient.

La BCE n'a pas le droit de commenter directement le niveau du taux de change de l'euro, en vertu de ses statuts qui ne lui donnent aucun rôle direct en la matière. En revanche le lien entre niveau de l'euro et inflation, qui figure elle au coeur de sa mission, est un facteur essentiel pour elle.

Mario Draghi a du coup promis que la BCE allait "surveiller" la "volatilité récente du taux de change", qui constitue à ses yeux "une source d'incertitudes" susceptible de freiner l'évolution des prix.

Statu quo de la politique monétaire

Ce climat monétaire a incité le Conseil des gouverneurs à maintenir le statu quo. Aucun signal n'a été adressé aux marchés concernant l'avenir du programme de rachats d'actifs, dit d'assouplissement quantitatif ou QE. Depuis le 1er janvier, Francfort rachète pour 30 milliards d'euros d'obligation chaque mois et ce jusqu'en septembre, voire "au-delà si nécessaire".

Par ailleurs, la Banque centrale européenne a maintenu ses taux directeurs au plus bas. Le principal taux de refinancement a été laissé à zéro tandis que les banques vont continuer à payer auprès de la BCE un intérêt négatif de 0,40% pour les liquidités dont elles n'ont pas l'utilité immédiate.

(Avec AFP)