La BCE pense à réduire ses aides, la France modifie l'accès aux siennes

Par latribune.fr  |   |  678  mots
Le vice-président de la BCE Luis de Guindos a mis en garde contre un maintien trop prolongé des mesures d'assouplissement monétaire de la banque centrale. (Crédits : Ralph Orlowski)
Sortir du mode d'urgence de la politique monétaire : voilà l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE). Une nouvelle étape qui pourrait intervenir « d'ici l'été » en fonction du rythme des vaccinations contre le Covid-19 en Europe. Côté français, l'accès au fonds de solidarité sera modifié dès le mois de juin pour coller au calendrier du déconfinement.

Alors que la BCE tiendra sa prochaine réunion de politique monétaire le 10 juin, certains membres au sein du conseil des gouverneurs plaident déjà pour une réduction des achats de titres de l'institution.

« Si, en accélérant la campagne de vaccination, nous parvenons à avoir vacciné 70% de la population adulte européenne d'ici l'été et que l'économie commence à prendre de la vitesse, nous pourrons aussi commencer à penser à sortir progressivement du mode d'urgence du côté de la politique monétaire », a déclaré le vice-président de la BCE Luis de Guindos à la Repubblica. Et d'ajouter : « La normalisation de la politique monétaire devrait aller de pair avec la normalisation de l'économie ».

Jusqu'ici, moins de 30% de la population au sein de l'Union européenne a reçu une première dose de vaccin contre le nouveau coronavirus. Les experts estiment qu'il est peu probable d'atteindre 70% de la population entièrement vaccinée d'ici la fin juillet, la date de fin août semblant plus réaliste.

Luis de Guindos a mis en garde contre un maintien trop prolongé des mesures d'assouplissement monétaire de la banque centrale, estimant que les effets secondaires pourraient être aussi dommageables qu'un retrait trop précoce du soutien monétaire. « Prolonger trop longtemps les mesures d'urgence peut entraîner un risque d'aléa moral ainsi que la "zombification" [fait de financer des entreprises qui n'ont pas les capacités de rembourser leur dette] de certaines parties de l'économie européenne », a-t-il averti.

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Modification d'accès au fond de solidarité français

En raison de la pandémie et des mesures de restriction associées, une grande partie du secteur européen des services est maintenu à flot par des aides publiques. Luis de Guindos a appelé les gouvernements à ne supprimer ce soutien que très progressivement même si cela pèse sur le budget et la dette publics. « Il sera crucial que ces mesures soient retirées progressivement et avec beaucoup de prudence après la crise. Sinon, nous courons le risque d'étouffer la reprise », considère le vice-président de la BCE.

Un avis que semble partager le gouvernement français. Invité au micro de RTL ce lundi 3 mai, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a en effet détaillé l'évolution des mesures d'accompagnement des entreprises en fonction du calendrier du déconfinement. Ainsi, rien ne changera en mai. « Nous garderons l'intégralité du fonds de solidarité pour le mois de mai. Il n'y aura pas de changement, même s'il y a des ouvertures partielles pour le 19 mai », a-t-il affirmé.

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Les évolutions interviendront à partir de juin. Les commerces partiellement ouverts auront alors accès au fonds de solidarité quelle que soit leur perte de chiffre d'affaires, alors qu'il était pour l'instant réservé aux entreprises perdant au moins la moitié de leur chiffre d'affaires en raison des fermetures imposées par les autorités. Le montant des indemnisations sera défini avec les professionnels des secteurs concernés - une réunion est prévue ce lundi à 15h - et ces aides seront dégressives jusque fin août. Bruno Le Maire a par ailleurs annoncé une « clause de rendez-vous fin août pour nous assurer que chacun a été bien accompagné et que le retour à la normale s'est fait dans de bonnes conditions ».

En mars dernier, un rapport de la Cour des comptes sur le fonds de solidarité pointait une "quasi-automaticité de versements" pour la grande majorité des demandes d'aide et recommandait une « instruction plus exigeante des aides et un dispositif de prévention de la fraude et de sanctions ». Au 25 février 2021, le montant total cumulé d'aides versées au titre de ce dispositif s'élevait à 15,9 milliards d'euros d'après France Stratégie.

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(Avec Reuters)