La Commission européenne rejette le budget prévisionnel 2019 de l'Italie

Par latribune.fr  |   |  544  mots
L'Italie dispose maintenant de trois semaines pour présenter un budget révisé. Ici, Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économique au côté de Valdis Dombrovskis, vice-président de l'exécutif européen. (Crédits : Reuters)
En vertu des règles communautaires, la Commission européenne a rejeté le projet de budget 2019 de l'Italie et a demandé au gouvernement italien de présenter un nouveau document dans les trois semaines, indique ce mardi 23 octobre Valdis Dombrovskis, le vice-président de l'exécutif européen lors d'un point presse. Le déficit italien devrait atteindre 2,4% du PIB en 2019.

Il s'agit d'une première dans l'histoire de l'Union européenne. Dans l'après-midi du 23 octobre, la commission du président Jean-Claude Juncker a rejeté le projet de budget 2019 concocté par la coalition populiste en Italie (Mouvement 5 étoiles et extrême droite de la Ligue), le jugeant non conforme aux règles du pacte de stabilité et de croissance. Elle réclame au gouvernement italien qu'il lui soumette un nouveau budget prévisionnel 2019, comme l'a indiqué Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques lors d'un point presse à Strasbourg et Valdis Dombrovskis, vice-président de l'exécutif européen.

Selon les règles européennes, l'Italie dispose maintenant de trois semaines pour présenter un budget révisé. Sinon, elle se heurte à l'ouverture d'une "procédure pour déficit excessif", susceptible d'aboutir à des sanctions financières correspondant, en théorie, à 0,2% de son PIB (soit 3,4 milliards d'euros en prenant les chiffres de 2017).

Un déficit prévisionnel de 2,4% du PIB en 2019

La semaine passée, Bruxelles avait déjà pointé du doigt dans un courrier le dérapage budgétaire "sans précédent" de l'Italie depuis les nouvelles règles mises en place en 2013 et le risque de "non-conformité grave" de son budget avec les règles européennes. Mais en dépit de ces critiques, le gouvernement italien avait maintenu lundi ses prévisions.

Alors que le précédent gouvernement de centre gauche avait promis un déficit public de 0,8% du PIB en 2019, Rome prévoit désormais d'atteindre 2,4% l'an prochain, puis 2,1% en 2020 et 1,8% en 2021. Quant à la dette publique, actuellement à quelque 131% du PIB, soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce, Rome a promis de la ramener à 126,5% en 2021.

En gage de bonne volonté, le gouvernement italien a dit qu'il respecterait à la lettre ces objectifs, sans creuser davantage le déficit ou la dette. Il a aussi réaffirmé lundi son attachement à l'UE et à la zone euro, assurant qu'il n'y avait "aucune chance" que l'Italie en sorte.

Lire aussi : Budget italien : Juncker ne veut pas d'une nouvelle crise de la dette en zone euro

Le patron du MES inquiet pour l'Italie, mais dédramatise

Ce mardi 23 octobre, Klaus Regling, le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES) a déclaré lors d'une conférence de presse que le projet de l'Italie d'augmenter ses dépenses publiques est une source d'inquiétude et qu'il constitue un risque. Pour autant, il n'y a pas lieu de paniquer : selon lui, la contagion à d'autres pays européens a jusqu'ici été "très limité". En outre, il a souligné que le problème de la dette en Italie était différent de celui de la Grèce, pays qui a nécessité trois plans de sauvetage de la zone euro sur les dix dernières années.

L'envolée des rendements obligataires italiens est problématique pour les banques italiennes mais les difficultés du secteur sont différentes de celles que les banques espagnoles avaient connues après l'éclatement de la bulle immobilière dans ce pays, a également relevé Klaus Regling. En 2012, l'Espagne avait dû faire appel au MES pour secourir ses banques au bord de la faillite.

(avec AFP et Reuters)