Grèce : l'Europe suspendue au référendum de dimanche

Par latribune.fr  |   |  868  mots
Voter "non" au référendum de dimanche "constituera un pas décisif pour obtenir de meilleures conditions", a déclaré le Premier ministre Alexis Tsipras à la télévision grecque.
La Grèce n'a pas remboursé le FMI, aucune solution n'ayant été trouvée. Le Premier ministre Alexis Tsipras a maintenu le référendum portant sur les propositions des créanciers et appelé à voter "non". L'Eurogroupe se réunira à nouveau à nouveau dimanche.

| Article publié le 01.07.2015 à 08:28, mis à jour à 19h17.

Sans surprise, l'Eurogroupe s'est aligné sur la position de Berlin. Aucune nouvelle réunion entre ministres des Finances de la zone euro n'est prévue avant le référendum prévu dimanche en Grèce, a dit mercredi un responsable grec à l'issue d'une conférence téléphonique de l'Eurogroupe. Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Alexis Tsipras a maintenu dans une allocution à la télévision grecque son appel à voter "non" lors du référendum :

"Cela constituera un pas décisif pour obtenir de meilleures conditions", a-t-il déclaré, souhaitant la poursuite des négociations et le maintien de la Grèce dans l'euro.

Angela Merkel, la chancelière allemande avait clairement fait savoir qu'il n'était pas question de renégocier un plan d'aide avec le référendum de dimanche 5 juillet, où les Grecs devront dire, si oui ou non, ils acceptent le plan proposé par les créanciers.

Le ministre de l'Économie allemand Sigmar Gabriel avait, lui, conditionné de nouvelles discussions à l'annulation du scrutin, qui fait trembler l'Europe. Tard dans la soirée de mardi à mercredi, une source européenne indiquait que la Grèce serait prête à renoncer au référendum du dimanche 5 juillet si les négociations reprennent avec l'Union Européenne. Au même moment, sur la place Syntagma, à Athènes, 20.000 personnes s'étaient réunies appelant à voter oui dimanche, en opposition au gouvernement d'Alexis Tsipras qui fait campagne pour le "non".

Pour Daniel Höltgen, le porte-parole du secrétaire général du Conseil de l'Europe Thorbjoern Jagland : "Il y a au moins trois critères où le Conseil de l'Europe a des doutes sur la validité du référendum proposé." L'organisme évoque des "standards" -comme le délai de deux semaines avant la tenu d'une référendum- qui correspondent aux recommandations de la Commission de Venise. Les recommandations de cet organe d'expertise juridique du Conseil de l'Europe sont très suivies en matière constitutionnelle.

Une demande d'aide formulée par Tsipras

Mercredi matin, le gouvernement grec a confirmé avoir envoyé une nouvelle proposition aux créanciers qui comprend une série d'aménagements. La demande, via une lettre du Premier ministre Alexis Tsipras, circulait déjà hier soir. Une nouvelle lettre aurait été adressée aux créanciers. Athènes donne les détails de ce plan en demandant 29 milliards d'euros sur deux ans (de 2015 à 2017) afin de couvrir ses besoins financiers et de restructurer sa dette.

Le sort du pays est maintenant suspendu à une éventuelle décision de l'Eurogroupe qui doit examiner ce mercredi 1er juillet la nouvelle requête de la Grèce. À Berlin, les réactions n'ont pas tardé à se faire entendre. Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand a ainsi appelé la Grèce à "clarifier ses positions" avant d'éventuelles négociations sur un renflouement du pays. Il estime que, pour le moment, il n'y a "pas de base" pour discuter sérieusement.

"C'est pourquoi la Grèce doit d'abord clarifier ses positions sur ce qu'elle veut vraiment et ensuite nous devrons en parler, dans un contexte qui s'est nettement dégradé", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Berlin.

Athènes dans l'impossibilité d'honorer sa dette

Mardi soir, Athènes n'a pas honoré le remboursement de 1,56 milliard d'euros au Fonds monétaire international. Et, malgré les sollicitations de la Grèce pour obtenir un report de paiement, l'institution financière n'a pas donné de réponse favorable.

Une issue qui n'a rien d'une surprise. Dans l'après-midi, le ministre grec de l'économie, Yanis Varoufakis, avait annoncé que son pays ne serait pas en mesure d'honorer la dette. Devant la foule de journalistes qui l'attendent devant son bureau, il s'est contenté de répondre par un "non" laconique à la question du remboursement. Depuis hier soir, Athènes est privé d'accès aux ressources financières du FMI tant que sa dette ne sera pas honorée. Et la Grèce devient  le premier pays industrialisé dans l'impossibilité de respecter ses engagements de remboursement.

Le volet européen du plan d'aide à la Grèce a également pris fin hier soir, privant le pays de 16 milliards d'euros d'aides en tout genre (prêts, bénéfices sur les obligations détenues par la BCE, fonds pour les aides). Ce matin, Athènes doit se contenter de l'aide d'urgence apportée à ses banques par la BCE, à plusieurs reprises la semaine dernière.

Draghi défend les réformes de l'impôt et des retraits

Le conseil des 25 gouverneurs de la BCE doit justement se réunir ce mercredi après-midi pour prendre une décision sur les liquidités d'urgence accordées aux banques grecques.

Dans une lettre adressée mardi et rendue publique mercredi à un eurodéputé grec, Notis Marias, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a pris la défense des réformes prévues dans le plan d'aide financière :

"Les mesures concernant le système des retraites ont été conçues pour être progressives et elles ont pour la plupart été appliquées essentiellement aux retraites supérieures à 1.000 euros."