"Le Brexit n'est pas un divorce à l'amiable" prévient Juncker

Par latribune.fr  |   |  842  mots
"Ce n'est pas un divorce à l'amiable mais après tout ce n'était pas non plus une grande relation amoureuse", a déclaré Jean-Claude Juncker à la télévision allemande.
La pilule du vote anglais a du mal à passer à Bruxelles. Invité à la télévision allemande ARD vendredi soir, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker prévient qu'il ne fera pas de cadeau au Royaume-Uni et lui demande de lancer les démarches de sortie immédiatement, et non pas en octobre.

"Ce n'est pas un divorce à l'amiable mais après tout ce n'était pas non plus une grande relation amoureuse". Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a mis les pieds dans le plat, vendredi soir lors de son passage à la télévision allemande ARD. Le président de la Commission européenne n'a pas mâché ses mots à l'encontre du gouvernement britannique, qu'il veut mettre face à ses responsabilités.

"Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement britannique a besoin d'attendre jusqu'au mois d'octobre pour décider si oui ou non il envoie la lettre de divorce à Bruxelles. J'aimerais l'avoir immédiatement", a-t-il insisté.

Martin Schulz, a aussi jugé "scandaleux" le choix de M. Cameron, estimant qu'il prenait "tout le continent (européen) en otage".

Londres se laisse jusqu'au mois d'octobre, au moins

Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé vendredi, après la victoire du Brexit au référendum, qu'il quitterait ses fonctions en octobre et qu'il laisserait à son successeur le soin de négocier la sortie de l'UE de son pays.

Un des favoris à sa succession, l'ex-maire de Londres Boris Johnson, a assuré de son côté que le départ britannique devait se faire "sans précipitation", laissant entendre que les autorités allaient faire traîner les choses le plus longtemps possible.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a jugé "scandaleux" le choix de M. Cameron ne ne quitter son poste qu'en octobre, estimant qu'il prenait "tout le continent (européen) en otage".

"On ne laissera personne nous prendre notre Europe"

De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a déclaré samedi que les six membres fondateurs de l'UE, qui se retrouvent à Berlin pour des pourparlers post-Brexit sans David Cameron, ne se laisseront pas "prendre (leur) Europe".

"Je suis sûr que ces Etats vont envoyer comme message qu'on ne laissera personne nous prendre notre Europe, ce projet de paix et de stabilité", a-t-il dit avant sa rencontre avec ses homologues français, italien, belge, néerlandais et luxembourgeois.

Les Européens ont intimé samedi au Royaume-Uni d'engager au plus vite la procédure de sortie de l'Union européenne, certains accusant Londres de jouer la montre au détriment d'une relance du projet européen.

"Nous disons ici, ensemble, que ce processus doit commencer aussi vite que possible pour qu'on ne se retrouve pas embourbé", a déclaré à Berlin le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, encadré de ses homologues des pays fondateurs de l'UE, Jean-Marc Ayrault (France), Bert Koenders (Pays-Bas), Paolo Gentiloni (Italie), Didier Reynders (Belgique) et Jean Asselborn (Luxembourg).

"Nous devons avoir la possibilité de nous occuper de l'avenir de l'Europe", a-t-il ajouté réclamant au lendemain des résultats du vote pour le Brexit la mise en oeuvre de l'article 50 du traité de Lisbonne, soit la clause de retrait volontaire et unilatérale de l'UE.

La France demande un nouveau Premier ministre à Londres

Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères,Jean-Marc Ayrault, a appelé le chef du gouvernement britannique à céder sa place très rapidement : "Bien sûr il faut désigner un nouveau Premier ministre, cela prendra sans doute quelques jours mais il y a une certaine urgence".

"Il ne faut pas laisser cette période d'attente se prolonger trop longtemps parce que là on aura des problèmes très graves, financiers, économiques, politiques", a-t-il relevé.

Son homologue néerlandais a aussi appelé "à tourner la page au plus vite", tandis que le Luxembourgeois a dit craindre qu'un "jeu du chat et de la souris" s'engage car "personne dans l'UE ne peut forcer (la mise en oeuvre de) l'article 50".

La chancelière allemande Angela Merkel, plus tempérée, a souligné que "cela ne devait pas prendre une éternité". "Tant que la Grande-Bretagne ne le fait pas et tant qu'un accord (entre Londres et l'UE) n'est pas intervenu, la Grande-Bretagne reste un membre à part entière de l'UE", a-t-elle dit, rappelant que les électeurs ont dit qu'ils "ne veulent pas être membre de l'UE, membre du marché commun".

"La Grande-Bretagne doit déterminer (...) comment elle voit ses relations futures avec l'UE et ensuite nous, les 27, devrons décider ce qui est acceptable de notre point de vue, selon nos intérêts", a-t-elle relevé.

Comment relancer l'UE ?

Les Européens ont par ailleurs tenté samedi de déblayer de premières pistes pour relancer l'UE qui navigue de crise en crise et rapprocher celle-ci de ses citoyens.

Les six ministres des Etats fondateurs ont en particulier relevé la nécessité d'une action commune contre la crise économique, le chômage, sur la crise migratoire ou encore en matière de sécurité intérieure ou extérieures après les récentes attaques jihadistes à Paris ou Bruxelles.

"Nous devons préparer ces réponses ensemble, et montrer que l'Europe est non seulement nécessaire mais aussi compétente", a relevé M. Steinmeier, "nous espérons pouvoir nous concentrer bientôt sur ces réponses et c'est notre message à Londres".