Le chômage en Europe au plus bas depuis l'an 2000

Par Grégoire Normand  |   |  766  mots
Le taux de chômage dans la zone euro est resté inchangé à 7,5% en juillet, conformement aux attentes, montrent les chiffres publiés vendredi par Eurostat. (Crédits : Ralph Orlowski)
Le taux de chômage est resté stable à 6,3% au mois de juillet dans l'Union européenne. S'il a atteint son plus bas niveau depuis 19 ans, cette stabilisation illustre un net ralentissement de l'économie du Vieux continent après plusieurs mois consécutifs de baisse du chômage.

L'embellie se maintient pour le marché de l'emploi européen. Selon les derniers chiffres communiqués par le service de statistiques Eurostat ce vendredi 30 août, le taux de chômage sur le Vieux continent s'est établi à 6,3% en moyenne au sens du Bureau international du travail (BIT) en juillet dernier. Il est resté stable par rapport au mois de juin et en diminution par rapport à juillet 2018 (6,8%). C'est le niveau le plus faible enregistré depuis le début de la mise en place de la série sur le chômage en 2000.

Du côté de la zone euro (19 États-membres), le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s'est établi à 7,5% au même niveau qu'en juin. Les statisticiens de la Commission européenne évaluent que 15,6 millions de personnes étaient au chômage en juillet sur l'ensemble du continent. Malgré le ralentissement de l'économie dans la zone monétaire et la multiplication des craintes de récession des deux côtés de l'Atlantique, le taux de chômage se porte bien. Plusieurs signaux comme la stabilisation de la baisse depuis mai dernier marque néanmoins un coup de frein des créations d'emplois.

Outre le chômage, la Commission européenne a maintenu ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020 à 1,4% et 1,6% mais en net retrait par rapport à 2018 (1,9% et 2%). L'économie allemande s'est contractée au deuxième trimestre en raison d'une chute des exportations, conséquence de la dégradation de la demande étrangère et de la montée des barrières douanières, montrent les statistiques publiées en début de semaine. Le produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne a reculé de 0,1% après une croissance de 0,4% sur les trois premiers mois de l'année, a précisé Destatis, l'institut fédéral de la statistique.

Des disparités toujours criantes depuis la crise financière

Plus de dix ans après la crise financière, les disparités sur le front du chômage sont encore criantes à l'échelle de l'Union européenne à 28. Parmi les États intégrés à l'UE, la République Tchèque affiche le ratio le plus faible (2,1%). Elle est suivie de l'Allemagne (3%) et de la Pologne.

À l'opposé, la Grèce connaît encore un chômage spectaculaire à 17,2% après des années de marasme économique et d'austérité budgétaire. Elle est suivie de l'Espagne (13,9%) et de l'Italie (9,9%). La France arrive en quatrième position des pays qui enregistrent les plus mauvais chiffres. En Italie, le taux de chômage a augmenté de 0,1 point en juillet pour atteindre 9,9% selon les chiffres diffusés par l'institut Istat ce vendredi.

Le contraste entre l'Europe du Sud et le Nord de l'Europe demeure particulièrement marqué. Le taux de chômage, même s'il demeure un indicateur relativement fiable pour faire des comparaisons entre les pays et dans le temps, ne permet pas de mesurer la qualité des emplois pourvus. La multiplication des contrats courts ou des contrats "zéro heures" comme en Allemagne ou au Royaume-Uni favorise la précarisation de l'emploi et la polarisation du marché du travail dans ces pays.

Sur un an, le chômage a diminué dans une grande majorité de pays (25) alors qu'il a augmenté au Luxembourg (5,6% à 5,7%) en Lituanie (de 6,1% à 6,4%) et en Suède (de 6,3% à 6,8%). L'office de statistiques note que "les baisses les plus marquées ont été observées en Grèce (de 19,4% à 17,2% entre mai 2018 et mai 2019), en Croatie (de 8,4% à 7,1%), à Chypre (de 8,3% à 7,0%)".

Persistance du chômage des jeunes

En dépit de cette baisse, le chômage des jeunes demeure un point noir de l'économie européenne. En juillet dernier, 3,2 millions de jeunes au chômage ont été recensés par les services de statistiques de la Commission européenne. Au total, le taux de chômage pour les jeunes s'est établi à 14,3% dans l'Union européenne à 28. Là encore, des écarts frappants subsistent entre les différents États. Les taux les plus bas ont été enregistrés en Allemagne (5,6%, aux Pays-Bas (6,7%) ou en République Tchèque. À l'inverse, le taux de chômage culmine à près de 40% (39,6% au premier trimestre 2019) pour les jeunes Grecs, 32,1% en Espagne et 28,9% en Italie. Dans ce dernier pays, le chômage des jeunes est particulièrement endémique et cela ne devrait pas s'arranger: la troisième économie de la zone euro se porte mal. De fait, après une "récession technique" au second semestre 2018 (recul de 0,1% sur les deux trimestres), l'Italie a connu une croissance nulle de son Produit intérieur brut (PIB) sur les six premiers mois de 2019.