Déficit public : 2025, l'année à ne pas rater pour le gouvernement

À quelques semaines du verdict de l'agence Standard & Poor's sur la note de crédit de la France, le gouvernement veut rassurer sur son objectif de ramener le déficit public à 3% du PIB d'ici à 2027. Devant l'Assemblée nationale ce lundi, le ministre du Budget Thomas Cazenave a rappelé la cible de 4,1% du solde des comptes publics à tenir l'année prochaine contre 5,5% en 2024. La marche pour remplir cette trajectoire est colossale.
Grégoire Normand
Le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave et Bruno Le Maire (Economie) dans les couloirs de Bercy.
Le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave et Bruno Le Maire (Economie) dans les couloirs de Bercy. (Crédits : Reuters)

Le répit aura été de courte durée pour le gouvernement. Après la décision des agences de notation de ne pas sanctionner la France, l'exécutif s'est retrouvé sur le gril de l'Assemblée nationale ce lundi 29 avril. À la demande du président de la Commission des finances Eric Coquerel (LFI), le gouvernement a dû s'expliquer sur l'orientation budgétaire pour les prochaines années. « Ce programme de stabilité représente l'échec de votre politique passée et annonce l'échec de votre politique à venir. Après votre surestimation de la croissance pour 2024, vous proposez une trajectoire profondément revisitée. À l'automne, toutes les oppositions s'accordaient déjà sur le manque de crédibilité de cette trajectoire. ll n'est pas crédible de tabler votre budget 2024 sur 1% de croissance », a taclé le député de Seine-Saint-Denis (LFI).

Dans un hémicycle aux rangs clairsemés, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire est venu rappeler les objectifs de l'exécutif. « Maintenant que le Covid et l'inflation sont derrière nous, nous devons reprendre la trajectoire des finances publiques. Nous sommes le gouvernement qui va faire revenir le déficit sous les 3% d'ici à 2027. C'est une question de souveraineté et de liberté », a déclaré le locataire de Bercy. À quelques semaines des élections européennes, la question des finances publiques est redevenue un sujet brûlant. Le gouvernement a certes échappé aux récriminations des agences Fitch et Moody's mais la décision de Standard and Poor's programmée fin mai devrait à nouveau remettre la pression sur l'exécutif.

Lire aussiLe gouvernement évite la sanction de Moody's et de Fitch : Gabriel Attal vante « la crédibilité de la France » et son attractivité

Une croissance prévue à 1,4% en 2025

Réagissant au verdict des agences, le ministre des Finances a rappelé dans un communiqué que « sa stratégie » était fondée « sur la croissance et le plein emploi, les réformes de structure et la dépense publique ». Dans son programme de stabilité envoyé à la Commission européenne mi-avril, l'exécutif a détaillé ses prévisions de croissance jusqu'en 2027. La croissance du produit intérieur brut (PIB) serait de 1% en 2024, 1,4% en 2025, 1,7% en 2026 et 1,8% en 2027. « Heureusement que le gouvernement a révisé sa croissance de 1,4% à 1% pour 2024 », confie un haut fonctionnaire, très bon connaisseur des questions budgétaires.

S'agissant de 2025, la Banque de France table sur une accélération « significative » de l'activité de 1,5% après 0,9% en 2024. « La désinflation est le moteur de la reprise », souligne ce spécialiste. « Le potentiel de croissance de la France devrait être supérieur à celui de la zone euro mais cela reste très faible », a tout de même nuancé, Michel Martinez, chef économiste Europe de la Société générale, lors d'un point presse vendredi 26 avril.

20 milliards d'économies déjà prévues en 2025

En plein marasme budgétaire, le gouvernement a déjà annoncé 20 milliards d'économies en 2025. Après 20 milliards d'euros en 2024, ces nouvelles coupes pourraient peser sur l'activité. « Le paquet budgétaire pourrait avoir un impact budgétaire modérément restrictif », espère un ancien conseiller ministériel à Bercy. Sur ce point, les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2024 et 2025. Pour 2024, les économies déjà programmées ont contribué à dégrader la prévision de croissance de 0,8% à 0,5%.

Concernant 2025, la croissance du PIB pourrait être amputée de 0,6 point passant de 1,8% à 1,2%. Avec 1,4%, la prévision du gouvernement s'inscrit dans le haut du consensus des économistes (1,3%) pour 2025. A ce stade, il est encore difficile d'avoir le détail des coupes budgétaires mais elles devraient concerner les dépenses de sécurité sociale et les collectivités locales. « Les finances publiques peuvent ralentir la croissance économique s'il y a un durcissement », prévient Michel Martinez. L'un des points « discutables » dans le scénario du gouvernement est que « le potentiel de croissance repose sur des gains de productivité très élevés », ajoute l'économiste de la Société Générale. Or, la productivité par tête a brutalement marqué le pas en France depuis la crise sanitaire. Dans l'industrie, le secteur est très loin d'avoir retrouvé les gains de productivité de la période pré-pandémie selon de récents calculs de la Banque de France.

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Rebond du pouvoir d'achat : le pari risqué du gouvernement en 2025

A Bercy, les conseillers de Bruno Le Maire espèrent également que le ralentissement des prix redonne des gains de pouvoir d'achat aux salariés. Reste à espérer que les hausses de salaires suivent l'évolution de l'inflation en 2024. Ce qui est, à ce stade, loin d'être gagné. Depuis le fort rebond économique post-covid en 2021, beaucoup d'entreprises ont beaucoup moins de marges de manœuvre financières.

Et, une grande partie des travailleurs ont enregistré une perte de pouvoir d'achat depuis 2022 en raison de la désindexation des salaires sur les prix, à l'exception des salariés au SMIC. Ce qui a provoqué une perte de revenus et un « écrasement » de l'échelle des salaires dans le bas de la distribution. Les mesures de partage de la valeur (primes d'activité, primes de fin d'année) ont permis certes de doper le revenu des salariés mais elles n'ont pas compensé totalement la poussée de fièvre des prix sur l'alimentaire et l'énergie. Face à cette situation délicate, les économistes Antoine Bozio (IPP) et Etienne Wasmer (New York University) doivent livrer leurs conclusions au mois de juin pour redonner du pouvoir d'achat aux bas salaires.

Lire aussiPouvoir d'achat : les premières pistes des économistes pour « désmicardiser » la France

2025, année d'une aggravation du chômage ?

L'autre difficulté pour le gouvernement est que la remontée du chômage pourrait se poursuivre en 2025. En effet, la fermeture progressive des aides aux entreprises et le coup de frein de l'activité a déjà provoqué une hausse du chômage en France fin 2023. D'ici à 2025, il pourrait même grimper à 7,9% de la population active selon les dernières prévisions de l'OFCE. Dans sa lettre adressée au président de la République, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, ne croit plus à l'objectif du chef de l'Etat de revenir au « plein emploi » d'ici à 2027. Sans perspectives économiques favorables, certains secteurs ont commencé à tailler à vif dans leurs effectifs à l'instar du groupe Casino frappé par de vastes difficultés financières. D'autres plans sociaux pourraient être annoncés dans les mois à venir, compromettant la promesse présidentielle. Un coup dur pour la majorité sous la menace d'une motion censure à l'Assemblée nationale.

Lire aussiPlein emploi en 2027 : François Villeroy de Galhau ne croit plus à la cible d'Emmanuel Macron

Grégoire Normand
Commentaires 22
à écrit le 03/05/2024 à 9:23
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A vendre toutes les entreprises publiques comme France telecom, edf, gdf, autoroute... en plus de passer de septainats a quinquennats avec des campagnes présidentielles a rembourser qui nous coutent toute un pognon de dingue. A cela on ajoute les tra...

à écrit le 30/04/2024 à 18:34
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creuser le déficit nos dirigeants depuis 40 ans .seule loyer 50% EDF ET GDF 35 % et toute les charges d' un ménage 30% ..revenu modeste ..tout les mois à découvert .!!!!!!!!!!!!!!!!! toute les augmentations subi ..et qui continu !!!!! laissez l...

à écrit le 30/04/2024 à 18:34
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creuser le déficit nos dirigeants depuis 40 ans .seule loyer 50% EDF ET GDF 35 % et toute les charges d' un ménage 30% ..revenu modeste ..tout les mois à découvert .!!!!!!!!!!!!!!!!! toute les augmentations subi ..et qui continu !!!!! laissez l...

à écrit le 30/04/2024 à 18:34
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creuser le déficit nos dirigeants depuis 40 ans .seule loyer 50% EDF ET GDF 35 % et toute les charges d' un ménage 30% ..revenu modeste ..tout les mois à découvert .!!!!!!!!!!!!!!!!! toute les augmentations subi ..et qui continu !!!!! laissez l...

à écrit le 30/04/2024 à 17:52
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çà risque de s'arranger en 2027 quand ils ne seront plus là !

le 30/04/2024 à 21:49
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Au fait comme par magie ! C'est tout le problème. Depuis 50 ans les gens croient à la magie, car ils ne veulent pas comprendre qu'il faudra énormément d'effort pour corriger la situation et qu'il faudra des solutions douloureuses. Mais ils continuent...

à écrit le 30/04/2024 à 15:35
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Quand on dispose d'un budget limité, la logique voudrait que l'on privilégie les dépenses essentielles au détriment des dépenses de confort. L'essentiel, ce sont les fonctions régaliennes de l'Etat (transport, défense, police, éducation, santé). L...

à écrit le 30/04/2024 à 14:35
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S'il est pour le moins incongru d'envisager que ce soit le même gouvernement qui est à l'origine du dérapage accéléré du déficit et de la dette publique depuis l'arrivée au pouvoir de la caste de la République en marche, qui inverse le cours des chos...

à écrit le 30/04/2024 à 10:14
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Bref çà ira mieux en 2027 quand ils ne seront plus là !

le 30/04/2024 à 11:07
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Si c'est MLP vous croyez que çà iramieux avec son programme très dépensier ? Retraite à 60 ans, baisse de la TVA à 5.5 % sur l'électricité, le gaz, l'essence ?

le 30/04/2024 à 15:14
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Pour info MLP veut plus de services publics , c'est à dire de fonctionnaires donc plus de dépenses publiques soit plus d'impôts à l'arrivée !!!

à écrit le 30/04/2024 à 10:01
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Et si, pour la première fois depuis 50 ans - ça fait un bail! - ce Parlement de mes deux adoptait un budget en équilibre? On le paye foutrement cher pour ça! Il est vrai que nos députés, cette Cour de la République, pensent plus à augmenter les impôt...

le 30/04/2024 à 14:49
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Pour ça, il faudrait arriver à convaincre les bénéficiaires des dépenses publiques de se suicider collectivement, il n'y a pas d'alternative comme aurait dit Thatcher, mais l'incitation au suicide étant un délit punissable par la loi, ce n'est plus "...

à écrit le 30/04/2024 à 8:06
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Pourquoi vous pensez qu'ils vont tous se barrer avec la caisse cette année ? Hum parfois moi aussi vu leur niveau...

à écrit le 30/04/2024 à 5:34
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Une annee a ne pas rater. Depuis 1974 tous les budgets l'on ete. Un de plus ou de moins, ils ne sont responsables de rien. Hallucinant pays.

à écrit le 29/04/2024 à 23:44
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Tous les ans les efforts c'est pour l'année suivante... En 2025 on trouvera une excuse et on dira que ça sera pour 2026. Quand les choses deviendront serieuses les politiciens laisseront la place à des cost-killer choisi par les créditeurs. La BCE ...

à écrit le 29/04/2024 à 23:26
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@ rene Monti , je partage vite point de vue .. la droite n a pas de leçon à donner vu qu elle a gouverner majoritairement ce pays depuis 50 ans et a aucun moment ellle à cesser son clientélisme comme pour la gauche d ailleurs. Les faillites ou mises ...

à écrit le 29/04/2024 à 22:43
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Bof , ça n' en ferait qu' une de plus ... d' année ! Toujours se poser la bonne question : " comment réduire la Dette ? " et la réponse est : " demander encore davantage aux créanciers ", c' est à dire dans la " logique " des Gouvernements surtout ...

à écrit le 29/04/2024 à 20:40
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⚠️ 💣Ce sont les dépenses de type communiste de l'État qui nous ruinent ‼️ 🤓📉 Haut Conseil de stabilité financière, Haut Conseil de la santé publique, Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Haut Conseil pour le Climat, Haut Conseil d...

le 29/04/2024 à 22:52
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Be,n oui, les communistes sont effectivement au pouvoir depuis 40 ans... Evidemment, ce ne sont pas les personnes au pouvoir depuis 7 ans, dont ce n'est jamais la faute, .... Ni les subventions aux agriculteurs et aux entreprises.....(Pour les entre...

le 29/04/2024 à 23:47
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Vous avez raison et l'état va créer un haut conseil sur les dépenses publiques pour montrer qu'il s'en occupe.

le 30/04/2024 à 9:04
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ces depenses c est peanuts sur le budget de l etat/securite sociale. on est sur des budgets de 1000 millards alors quelques millions c est 0.01% ... Si on veut vraiment baisser les depenses c est sur les gros postes qu il faut agir ! premier pos...

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