Le gouvernement français soutient la taxe sur les superprofits des banques décrétée par l'Italie

Par latribune.fr  |   |  594  mots
Pour Laurence Boone, secrétaire d'Etat française chargée de l'Europe, la taxe bancaire instaurée par l'Italie est une réponse à la remontée des taux d'intérêt qui ont gonflé les profits des entreprises de certains secteurs. (Crédits : Reuters)
Laurence Boone, secrétaire d'Etat française chargée de l'Europe, a jugé samedi que la taxe sur les « surprofits » des banques instaurée par l'Italie s'inscrit dans un mouvement général en Europe où « plusieurs pays ont pris des mesures temporaires pour redistribuer des profits exceptionnels ».

Le gouvernement français part à la rescousse de la taxe sur les « surprofits » des banques décrétée début août par l'Italie. Ancienne cheffe économiste de l'OCDE, désormais secrétaire d'Etat chargée de l'Europe, Laurence Boone, en marge du forum économique organisé par The European House - Ambrosetti à Cernobbio, sur les rives du lac de Côme, a estimé que cette mesure n'avait rien de « populiste ».

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« Tous les pays européens ont connu des circonstances exceptionnelles dues à l'envolée des cours de l'énergie ou la remontée des taux d'intérêt, qui ont gonflé les profits des entreprises de certains secteurs, a fait valoir la ministre. Plusieurs pays ont pris des mesures temporaires pour effectivement redistribuer ces profits qui sont exceptionnels. La façon dont chaque pays procède est une décision qui lui revient en propre ».

Laurence Boone a souligné que des « débats similaires sur la hausse des prix de l'énergie qui a accru les profits de certaines entreprises » ont eu lieu en France qui a transposé dans son budget 2023 « une taxe temporaire de l'Union européenne sur les surprofits des groupes énergétiques que la France a transposée dans son budget 2023 ». Elle en a aussi profité pour rappeler que son homologue à l'Economie, Bruno Le Maire, « s'est assis en septembre 2022 à une table avec les banques et ils sont convenus de plafonner la hausse des frais bancaires à 2% en 2023 ».

Un impôt « juste » pour le ministre italien de l'Economie

En Italie, cette taxe fait toujours couler beaucoup d'encre et charrie son lot de polémiques. Ainsi, le ministre italien de l'Economie, Giancarlo Giorgetti, devant les patrons réunis à Cernobbio dans le cadre du mini-Davos italien, a estimé dimanche que la taxe sur les surprofits des banques pouvait « sûrement être améliorée ». Il a également admis des couacs de communication, mais « c'est une taxe juste, car l'Etat donne et l'Etat demande et, ces dernières années, l'Etat a donné beaucoup au système bancaire en termes de garanties ».

Cette taxe bancaire avait été annoncée dans la soirée du 7 août dans la plus grande confusion par le vice-Premier ministre et chef de la Ligue (extrême-droite) Matteo Salvini. « Il ne s'agit pas de quelques poignées de millions, mais de quelques milliards. C'est une mesure d'équité », avait-il assuré. La taxe sur les surprofits des banques, qui devra être réglée au cours de l'année 2024, concernera les exercices comptables de 2022 ou 2023.

Le prélèvement de 40% sera effectué soit sur la partie du revenu net d'intérêts de 2022 dépassant d'au moins 5% le montant de l'exercice 2021 soit sur les profits de 2023 pour lesquels le seuil est fixé à 10%. Après la tempête boursière qui a suivi, le décret d'application prévoit « un plafond pour la contribution, qui ne peut excéder 0,1% du total des actifs » d'une banque. Cette contribution des banques devrait rapporter entre 2 et 2,5 milliards d'euros.

Les patrons soutiennent toujours Meloni

Giancarlo Giorgetti, également membre de la Ligue, n'avait pas assisté à conférence de presse consacrée à la taxe. Une nette majorité (62,8%) des grands patrons réunis à Cernobbio sur les rives du lac de Côme se sont déclarés opposés à cette taxe, lors d'un sondage réalisé dimanche par les organisateurs du forum The European House - Ambrosetti. A contrario, selon un autre sondage, une nette majorité (69%) d'entre eux portent un jugement positif sur le gouvernement.

 (Avec AFP)