Le Grexit "ne peut plus être exclu" (Benoît Coeuré, BCE)

Par latribune.fr  |   |  396  mots
"Si la Grèce devait sortir, l'austérité serait bien pire encore. Elle ne bénéficierait plus de la solidarité de la zone euro, qui lui a donné du temps pour faire les ajustements nécessaires", prévient Benoît Coeuré.
Selon l'économiste français membre du directoire de la Banque centrale européenne, les propositions de la BCE, du FMI et de la Commission européenne sont "allées à la limite de ce qui était acceptable". Mais en cas de oui au référendum de dimanche 5 juillet, "les autorités de la zone euro trouveront les moyens de tenir leurs engagements".

Avant, c'était un "objet théorique", mais ce n'est plus le cas. Désormais, une sortie de la Grèce de la zone euro "ne peut malheureusement plus être exclue", admet l'économiste français Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, dans un entretien aux Échos paru mardi 30 juin.

Une situation qui selon lui est essentiellement de la responsabilité du gouvernement grec:

"C'est le résultat du choix du gouvernement grec de mettre fin à la discussion avec ses créanciers et de recourir à un référendum", explique-t-il.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a en effet appelé la population à se prononcer dimanche 5 juillet sur le plan d'accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.

Un dialogue politique rompu en cas de 'non' au référendum

"Si la réponse est 'oui', je n'ai pas de doute sur le fait que les autorités de la zone euro trouveront les moyens, sous une forme ou sous une autre, de tenir leurs engagements", assure Benoît Coeuré, confirmant l'approche adoptée par la BCE et la Commission.

En revanche, dans le cas contraire, "il serait alors très difficile de renouer un dialogue politique" car "les propositions des trois institutions (sont) allées à la limite de ce qui était acceptable", prévient-il.

L'économiste de mettre d'ailleurs en garde:

"Si la Grèce devait sortir, l'austérité serait bien pire encore. Elle ne bénéficierait plus de la solidarité de la zone euro, qui lui a donné du temps pour faire les ajustements nécessaires".

La BCE exposée au risque grec à hauteur de 136 milliards d'euros

Quant à l'aide d'urgence (ELA) accordée aux banques grecques, dont la BCE a laissé vendredi le plafond inchangé, Benoît Coeuré affirme que l'institution de Francfort va "maintenir l'aide jusqu'à nouvel ordre" et envisage d'actionner d'autres leviers. "Nous nous tenons prêts à utiliser les instruments dont nous disposons", indique-t-il, citant notamment le rachat de dettes souveraines ("quantitative easing") et d'obligations d'Etats sur le marché secondaire (opérations monétaires sur titres).

Il  estime que la BCE est exposée au risque grec à hauteur de 136 milliards d'euros, dont 116 milliards de "prêts accordés par l'Eurosystème aux banques grecques" et 20 milliards d'"encours du programme de rachat de dettes décidé en 2010".