Le Royaume-Uni voit sa note souveraine dégradée

Par latribune.fr avec AFP  |   |  733  mots
C'est la décision du gouvernement conservateur de David Cameron de tenir un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union Eeuropéenne d'ici à 2017 qui inquiète l'agence de notation américaine
L'agence Standard & Poor's a abaissé vendredi à "négative" la perspective de la note de la dette à long terme du Royaume-Uni, actuellement fixée au cran le plus élevé de AAA. Les risques encourus par le référendum sur l'appartenance britannique à l'Union européenne (UE) inquiète l'agence de notation américaine.

L'agence Standard & Poor's a abaissé vendredi à "négative" la perspective de la note de la dette à long terme du Royaume-Uni, actuellement fixée au cran le plus élevé de AAA, citant les risques encourus par le référendum sur l'appartenance britannique à l'Union européenne (UE).

L'agence Fitch a elle au contraire maintenu la note du pays, à "AA+", soit un niveau en dessous de celle de S&P, avec une perspective stable.

"La décision du gouvernement conservateur (...) de tenir un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE d'ici à 2017 représente un risque pour les perspectives de croissance des services financiers et des secteurs exportateurs, ainsi que pour l'économie en général", a expliqué S&P dans un communiqué.

"Nous pensons en outre qu'un possible départ de l'UE soulève la question du financement des larges déficits (budgétaires et des comptes courants, ndlr) du Royaume-Uni", a ajouté l'agence de notation.

Le changement à une perspective "négative" signifie que la note du pays pourrait être abaissée à court ou moyen terme, bien que cela ne constitue pas une certitude, S&P évoquant "une probabilité d'une sur trois dans les deux ans à venir".

S&P est la seule des trois grandes agences de notation à conférer sa note maximale à la dette à long terme du Royaume-Uni. Moody's lui octroie la note "Aa1" (perspective stable), soit la deuxième meilleure de son échelle qui en compte 19.

Le Premier ministre conservateur David Cameron, largement réélu lors des élections législatives du 7 mai, a promis d'organiser un référendum sur le maintien ou non du pays dans l'UE d'ici à la fin 2017 au plus tard. Il se dit personnellement favorable au maintien, mais dans le cadre d'une UE réformée après une renégociation des conditions d'appartenance de son pays.

Londres souhaite notamment rapatrier certains pouvoirs au nom de la souveraineté du Parlement britannique et durcir les conditions d'accès aux aides sociales pour les ressortissants de l'UE.

"Appeler à un référendum sur l'appartenance à l'UE va davantage exposer la politique économique (du gouvernement) à la politique politicienne", a prévenu en outre S&P, qui y voit une situation comparable avec celle qui a prévalu aux États-Unis lorsque l'agence avait dégradé la note américaine sur fond de guérilla parlementaire entre démocrates et républicains autour du budget.

Le Royaume-Uni a encore son triple A

"Le Royaume-Uni bénéficie de son statut d'économie ouverte qui a, d'après nous, prospéré dans le cadre de l'UE. L'appartenance du pays à l'UE a permis à son économie d'attirer davantage de flux de capitaux à bon marché et de main d'œuvre qualifiée que si elle n'avait pas été membre du marché unique", a encore estimé l'agence de notation.

"L'immigration importante vers le Royaume-Uni au cours de la dernière décennie a soutenu l'économie et le budget" britanniques, a ajouté S&P.

Les milieux d'affaires de la City de Londres sont dans l'ensemble favorables au maintien dans l'UE, mais l'incertitude entraînée par cet appel aux urnes a tendance à inquiéter le patronat britannique.

L'agence Fitch n'a elle pas voulu s'avancer, estimant après avoir maintenu la note que "faire un jugement définitif de l'impact d'une éventuelle sortie de l'UE sur la dette souveraine n'est pas possible à ce stade car les contours du scénario d'une éventuelle sortie restent très incertains".

"Négocier la forme d'une sortie serait long et compliqué", et "cette incertitude pourrait en elle-même nuire à la croissance" a néanmoins averti la concurrente de S&P.

Le Trésor minimise

Le Trésor s'est voulu positif après la décision de S&P, soulignant d'abord que l'agence avait maintenu la note "AAA", ce qui constitue d'après lui "un encouragement à la reprise solide favorisée par le plan du gouvernement à long terme".

"Nous sommes les premiers à dire que nous sommes dans une période de risque élevé qui menace la reprise, ce qui explique pourquoi nous travaillons à renforcer la stabilité de l'économie", a-t-il souligné.

"Au cœur de ce plan figure le fait de donner au peuple britannique son mot à dire sur l'appartenance à l'UE pour la première fois en 40 ans et de résoudre l'incertitude entourant la relation du Royaume-Uni avec l'UE", a assuré le Trésor.