Les Français s'affichent comme les Européens les plus pessimistes à propos de l'UE

Par latribune.fr  |   |  964  mots
Au sujet des élections européennes, les Français se distinguent aussi : la majorité d’entre eux (53%) reconnaissent ne pas s'y intéresser, contre 60% des citoyens européens. (Crédits : YVES HERMAN)
Selon une enquête Eurobaromètre publiée ce mercredi, les Français se distinguent par leur pessimisme sur l'Union européenne. Ils font partie de ceux ayant le moins confiance quant à l'avenir du bloc et à en avoir une image négative.

Vis-à-vis de l'Union européenne, les Français font preuve d'une certaine morosité. C'est ce qu'il ressort de l'enquête Eurobaromètre, commandée par le Parlement européen, publiée ce mercredi 17 avril. Menée auprès de 26.411 citoyens européens dans les 27 pays membres, elle révèle que, dans 26 d'entre eux, la majorité des personnes interrogées se disent optimistes sur l'avenir du bloc. Sauf dans un : la France. Les citoyens français sont en effet les seuls où les optimistes sont minoritaires (42%), dépassés par les pessimistes (52%), les champions de la confiance étant le Danemark, l'Irlande et la Lituanie.

Cette tendance semble d'ailleurs avoir gagné du terrain ces dernières années. En effet, 52% des Français étaient, selon un sondage de fin 2020, « très » ou « plutôt » optimistes sur l'avenir (contre 44% de pessimistes). En Allemagne, l'optimisme décroît aussi par rapport à 2020, mais il reste tout de même majoritaire (60% aujourd'hui contre 72% il y a quatre ans).

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Une défiance de longue date

Les Français sont aussi plus nombreux que la moyenne européenne à avoir une image négative de l'UE, comme notamment les Autrichiens et les Tchèques, et à penser que son rôle dans le monde est devenu « moins important » ces dernières années. Idem pour le Parlement européen : si son image est positive pour 41% des Européens, elle ne l'est que pour 27% des Français. Cette institution clé de l'UE recueille même une opinion défavorable de 28% des Français (18% des Européens).

Interrogé sur cette défiance française, le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch Guillot, a souligné que ce n'était « pas une surprise ».

« C'est une tendance visible depuis ces dernières années », a-t-il commenté, sans toutefois vouloir s'avancer sur des explications.

Ce pessimisme des Français n'est toutefois pas uniquement ciblé contre l'UE. Si 65% d'entre eux pensent que « les choses vont dans la mauvaise direction dans l'UE » (contre 49% des Européens en moyenne), ils sont encore plus nombreux (76%) à penser qu'elles vont dans la mauvaise direction en France. Ils expriment en outre une inquiétude plus forte que la moyenne des Européens sur l'évolution de leur niveau de vie personnel : ils sont 69% à estimer qu'il a baissé ces cinq dernières années (contre 45% en moyenne dans l'UE). Et ils sont 53% à penser qu'il va baisser dans les cinq prochaines années (contre 32% au niveau européen).

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Les élections européennes, entre intérêt et méconnaissance

L'Eurobaromètre s'est aussi penché sur l'avis des Européens sur les élections européennes, à moins de deux mois du scrutin. Là encore, les Français se distinguent de la moyenne : la majorité d'entre eux (53%) reconnaissent ne pas s'y intéresser, contre 60% des citoyens européens.

Pour autant, les Français affirment à une large majorité (67%) vouloir se rendre aux urnes pour renouveler cette assemblée parlementaire, dont le siège est à Strasbourg, chargée de participer à l'adoption des législations européennes. Gros hic : seuls 8% d'entre eux connaissent la date exacte de ces élections, au suffrage universel direct à un tour, prévues le 9 juin en France (elles s'étalent entre le 6 et le 9 juin dans toute l'UE). Au niveau européen, 23% des sondés avouent n'avoir aucune idée du moment où se tiendra le scrutin, un pourcentage qui monte à 30% dans l'Hexagone.

Il ressort par ailleurs de l'enquête que la situation géopolitique actuelle change le regard des citoyens européens sur ces élections, huit répondants sur dix (81%) s'accordant à dire que cela rend le vote encore plus important.

« Les Européens sont conscients de l'importance de ce qui se joue dans les urnes, et le vote est encore plus important dans le contexte géopolitique actuel », a commenté la présidente du Parlement, Roberta Metsola.

Les citoyens européens souhaiteraient que la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (33%) ainsi que le soutien à la santé publique (32%) soient les principaux thèmes abordés au cours de la campagne électorale. Le soutien à l'économie et la création de nouveaux emplois, ainsi que la défense et la sécurité de l'UE occupent la troisième position (31%).

Au total, le Parlement européen comptera 720 députés à l'issue des élections, contre 705 actuellement.

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En France, la liste RN en tête, selon un sondage

La liste du Rassemblement national dirigée par Jordan Bardella figure largement en tête des intentions de vote aux élections européennes, avec un score de 32,5% dans un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Sud Radio et Le Figaro publié ce lundi.

Celle du camp présidentiel, incarnée par Valérie Hayer, arrive en deuxième place avec 18%. Suivent ensuite la liste Parti socialiste-Place publique de Raphaël Glucksmann (12%), puis celles des Républicains (dont le candidat est François-Xavier Bellamy, 8%) et de La France insoumise (menée Manon Aubry, 7,5%). Les Écologistes emmenés par Marie Toussaint (7%) et la liste Reconquête de Marion Maréchal (6%) figurent toujours hors du top 5 selon cette enquête. Les autres listes sondées oscillent entre 0% et 1,5%.

Le podium est le même que celui des autres récents sondages. Cette enquête d'opinion montre également un rétrécissement de l'écart entre la liste de la majorité et la liste socialiste. Ce sondage a été mené en ligne du 11 au 15 avril auprès d'un échantillon de 1.326 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d'un échantillon de 1.500 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La marge d'erreur est comprise entre 1,1 et 2,5 points.

(Avec AFP)