Les élections européennes approchent à grands pas. Prévu les 8 et 9 juin prochain dans l'Hexagone, le scrutin doit déterminer la composition du futur Parlement européen pour les cinq prochaines années. À l'approche de cette échéance cruciale, l'institut de sondages OpinionWay a interrogé, pour La Tribune et LCI, les chefs d'entreprise sur le jugement qu'ils portent sur l'Union européenne.
Résultat, les dirigeants ont un état d'esprit mitigé sur le Vieux continent. Près de la moitié (49%) ont une image positive de l'Union européenne. Cette proportion grimpe même à 72% chez les grandes entreprises, contre seulement 43% chez les petites entreprises.
À l'opposé, 50% portent une vision négative sur l'Europe. C'est particulièrement vrai chez les indépendants et les entreprises de 1 à 2 salariés (56%). Dans les entreprises de plus de 50 employés, les dirigeants sont seulement 26% à porter un regard défavorable sur l'Union européenne. Frappée de plein fouet par les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine et de l'inflation, l'économie européenne est toujours à la peine. L'assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) pourrait redonner du souffle à la demande, comprimée par la hausse des taux depuis l'été 2022. En attendant, la récession continue de faire trembler l'Allemagne, première économie de la zone euro.
59% des entrepreneurs inquiets pour l'Europe
Quid de l'avenir de l'Europe ? Les récentes crises (pandémie, guerre en Ukraine, inflation, crise de l'énergie, réchauffement climatique) ont ravivé les craintes dans les milieux patronaux. Ainsi, près de six entrepreneurs sur dix (59%) se disent inquiets sur le futur de l'Union européenne. Ce taux grimpe même à 65% dans la construction et 63% dans le commerce. Dans les petites entreprises, 64% se disent préoccupés par les perspectives européennes.
Dans les entreprises de plus de 50 salariés, ce taux redescend à 40%. À l'inverse, seuls 39% des dirigeants interrogés sont confiants dans l'avenir du Vieux continent. Là encore, on observe une grande disparité entre les grandes entreprises (59%) et les petits établissements (34%) plus fragiles face aux récents chocs. Concernant les bénéfices de l'Europe pour l'économie française, seuls 43% estiment que l'Union européenne contribue à la croissance tricolore. En revanche, 60% affirment que l'Europe améliore la coopération économique en la France et les autres Etats membres.
Les chefs d'entreprise en attente de simplification administrative
Interrogés sur les priorités à mettre en œuvre, les chefs d'entreprise citent en premier lieu la simplification administrative (51%). En France, le gouvernement doit mettre en œuvre un vaste plan de simplification, actuellement en préparation à Bercy. Ce chantier devrait déboucher sur un projet de loi examiné avant l'été au Parlement. Parmi les autres priorités, les chefs d'entreprises (43%) réclament à l'Europe de s'attaquer à la concurrence déloyale en dehors de l'UE.
Arrivent ensuite l'autonomie de l'UE dans les domaines de l'alimentation et de la santé (31%), et de l'industrie et de l'énergie (27%). A l'opposé, l'intégration professionnelle des migrants (10%), l'Intelligence Artificielle (IA), la cybersécurité et la numérisation de l'économie (14%) n'arrivent qu'en fin de tableau. S'agissant de la lutte contre la pauvreté (16%), le chômage (16%) ou le changement climatique (20%), ces priorités ne figurent qu'en milieu de classement.
Le moral des dirigeants chute légèrement
Après avoir grimpé entre décembre et janvier, le moral des dirigeants est en légère chute au mois de mars. L'indicateur qui mesure l'optimisme des chefs d'entreprise est passé de 87 à 84 en l'espace de trois mois. Entre janvier et décembre, la confiance avait grimpé de 10 points, mais l'horizon peine toujours à s'éclaircir pour de nombreux dirigeants.
L'indice des prix à la consommation a, certes, ralenti au cour de ces derniers mois, mais l'inflation pèse toujours sur l'activité des entreprises. 47% des personnes interrogées pensent que la hausse des prix pourrait avoir un impact sur la viabilité de leur entreprise. C'est trois points de plus qu'au mois de février. De plus en plus d'entreprises expriment des difficultés pour être payées à temps par leurs clients ou leurs fournisseurs (36% en mars contre 33% en février). Et 14% déclarent avoir des difficultés pour régler leurs factures (+2%). Avec le coup de frein économique, la situation ne risque pas de s'arranger.
(*) Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 1.028 dirigeants d'entreprises comptant au moins un salarié. L'échantillon a été interrogé par téléphone du du 23 février au 5 mars 2024. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.