Malgré la menace d'une récession, le chômage toujours au plus bas en Europe

Par latribune.fr  |   |  913  mots
Pour l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage a également baissé en octobre à un niveau record de 6%, après 6,1% en août. (Crédits : Reuters)
En octobre, le taux de chômage dans la zone euro (les 19 États à avoir adopté l'euro) a encore chuté à 6,5% de la population active, contre 6,6% en septembre, selon les données d'Eurostat. Il était de 6% pour l'ensemble de l'Union européenne, également un record. Mais les prévisions de baisse de croissance pour la fin de l'année et le début de 2023 indiquant une récession pourraient bien inverser cette tendance.

C'est un énième record pour l'Europe sur le front de l'emploi en octobre. Le taux de chômage dans la zone euro, soit les dix-neuf États à avoir adopté la monnaie unique, a atteint son plus bas niveau depuis que l'office européen des statistiques a commencé à compiler cette série en avril 1998. Il se situait à 6,5% de la population active, contre 6,6% en septembre, selon les données d'Eurostat publiées ce jeudi. Sur un an, il a baissé de 0,8 point.

Pour l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage a également baissé en octobre à un niveau record de 6%, après 6,1% en août (chiffre révisé).

Le taux de chômage représente le pourcentage des personnes faisant partie de la population active qui sont au chômage. Les données d'Eurostat sont basées sur la définition du chômage du Bureau international du travail (BIT). Sont considérés comme chômeurs les personnes sans emploi qui ont activement cherché du travail au cours des quatre semaines précédentes et sont disponibles pour commencer à travailler dans les deux prochaines semaines.

Plus précisément, quelque 12,95 millions d'hommes et de femmes étaient au chômage dans l'UE en octobre au sein des vingt-sept États membres, dont 10,87 millions parmi les dix-neuf pays partageant la monnaie unique.

Véritable constante dans les chiffres de l'emploi, ce sont les jeunes qui restent les plus touchés par le chômage : le taux des actifs de moins de 25 ans atteignait 15,1% en octobre dans l'UE et 15% dans la zone euro.

La France à 7,1% de chômage quand l'Allemagne est à 3%

Dans le détail, en France, le taux de chômage est resté stable à 7,1% en France, alors qu'il n'est que de 3% en Allemagne, pour l'ensemble des classes d'âge. L'Allemagne n'est pas la seule à afficher un excellent résultat : les taux les plus bas ont été enregistrés en République tchèque (2,1%) et en Pologne (3%). Les plus élevés ont été relevés en Espagne (12,5%) et en Grèce (11,6%).

Ces bons résultats, malgré quelques disparités géographiques, s'expliquent par la forte reprise de l'activité post-covid, et donc de la demande, qui a renforcé l'économie européenne.

La récession : une menace pour l'emploi

Mais depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les nuages s'assombrissent sur le Vieux Continent et les perspectives se sont plus que jamais assombries pour les mois à venir. La croissance s'est, en effet, largement ralentie du fait du conflit qui a notamment entraîné une flambée des prix de l'énergie, gaz et électricité en tête, ce qui fragilise l'activité des entreprises. En effet, en France par exemple, l'heure est à la baisse de la production pour économiser de l'énergie.

La hausse des prix généralisée (même si Eurostat a annoncé, mercredi, la première baisse depuis un an et demi du taux d'inflation à 10% en glissement annuel en novembre contre 10,6% en octobre) contraint la Banque centrale européenne à resserrer sa politique monétaire pour se rapprocher de son objectif d'une inflation à 2%. Elle a ainsi procédé à trois relèvements de ses taux directeurs depuis le mois de juillet dont deux à 75 points de base. Il s'agit du rythme le plus rapide jamais tenu par l'institution monétaire qui a, au total, relevé ses taux de 200 points de base et porté son principal taux à 1,5% en seulement trois mois.

Cela n'est pas sans conséquence et le risque d'une récession se précise davantage à mesure que les mois passent.  La Commission européenne prévoit d'ailleurs une contraction du produit intérieur brut (PIB) pour la zone euro comme pour l'UE sur le trimestre en cours et sur les trois premiers mois de 2023. Si ces sombres perspectives ne se matérialisent pas encore sur les chiffres de l'emploi, une récession pourrait conduire à un retour du chômage en Europe.

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Quelle intensité ?

Toutefois, les avis divergent sur l'intensité et l'impact de cette récession sur l'économie de la zone euro. Ainsi, mi-novembre, le chef économiste de la BCE, Philip Lane, a estimé qu'elle ne serait que « légère et de courte durée ».

À l'inverse, le commissaire européen à l'Économie, Paolo Gentiloni a annoncé, il y a quelques semaines, « des mois difficiles devant nous »« Il ne s'agit plus de savoir si nous allons entrer en récession, mais de savoir de quelle sévérité sera cette récession (...) Une récession cet hiver en zone euro est imminente »ont également prévenu les analystes du cabinet Oxford Economics.

Quant à Klaas Knot, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) et président de la Banque des Pays-Bas, il a estimé que si l'économie de la zone euro pourrait certes se contracter au quatrième trimestre, « une récession n'est pas une fatalité ». Il a ainsi pris pour exemple les chiffres de la croissance allemande au troisième trimestre qui étaient légèrement meilleurs qu'attendus. Le PIB du pays a progressé de 0,4% par rapport aux trois mois précédents et de 1,3% sur un an en données corrigées des variations saisonnières (CVS), selon Destatis, l'institut fédéral allemand de la statistique. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une croissance de 0,3% d'un trimestre sur l'autre et de 1,2% sur un an.

(Avec AFP)