Une « récession modeste » ne suffira pas à faire reculer l'inflation en zone euro, estime Christine Lagarde

La présidente de la Banque centrale européenne a rappelé les conséquences de nouvelles hausses des taux directeurs de l'institution. A commencer par voir plonger la zone euro dans une « récession modeste » ce qui est, selon elle, possible au tournant de 2023. En réalité, Christine Lagarde répond à son homologue Jerome Powell à la Fed qui a annoncé la veille une sixième hausse des taux directeurs, tout en prédisant que de nouveaux relèvements seront nécessaires pour endiguer la hausse des prix.
Selon la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, le scénario d'une « récession modeste » en zone euro est possible au tournant de 2023.
Selon la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, le scénario d'une « récession modeste » en zone euro est possible au tournant de 2023. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

C'est l'un des moyens employés par les banques centrales pour lutter contre l'inflation : freiner la demande en relevant leurs taux directeurs. C'est notamment ce qu'a fait la Banque centrale européenne (BCE), le 27 octobre dernier, pour la troisième fois. Elle les a ainsi remontés de 75 points de base. Désormais, le taux de refinancement s'établit à 2%, celui du prêt marginal à 2,25% et celui de la rémunération de dépôt à 1,5%. L'institution monétaire s'est, en outre, montrée déterminée à poursuivre ce cycle de hausse pour parvenir à ramener à terme l'inflation à son objectif de 2%.

Mais un tel resserrement monétaire n'est pas sans conséquence. Il pèse en effet sur la croissance économique de la zone euro qui a d'ailleurs affiché un résultat laissant peu de place à l'optimisme le 31 octobre dernier. Selon les chiffres d'Eurostat, la croissance des 19 pays ayant adopté la monnaie unique n'a progressé que de 0,2% sur la période juillet-septembre par rapport au trimestre précédent, après avoir déjà mieux résisté que prévu au 2e trimestre (+0,8%).

Depuis plusieurs semaines, le scénario d'une récession semble en effet se préciser. Il n'est, du moins, plus exclu par la BCE comme l'avait expliqué le 14 octobre son vice-président. La fin de l'année et le début de la suivante offrent « une combinaison très difficile de faible croissance économique, y compris la possibilité d'une récession technique, et d'inflation élevée », avait estimé Luis de Guindos.

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La présidente de l'institution, Christine Lagarde, avance les mêmes projections. Selon elle, le scénario d'une « récession modeste » en zone euro est possible au tournant de 2023. Elle nuance toutefois l'effet que pourrait avoir cette récession sur la hausse des prix. « Nous ne croyons pas que cette récession sera suffisante pour dompter l'inflation », a-t-elle déclaré, ce jeudi, lors d'un forum organisé à Riga par la Banque de Lituanie.

Il faut « faire très attention à ne pas amplifier le risque d'une récession »

Le banquière centrale a, en même temps, prévenu des risques liés à la remontée rapide des taux. Elle s'adressait ainsi à son homologue américain qui a annoncé, la veille, une sixième hausse de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) de 75 points de baseÀ cette occasion, Jerome Powell a reconnu que le Comité monétaire (FOMC) était prêt « à modérer ses hausses de taux dès la prochaine réunion » en décembre mais il a aussi rapidement ajouté qu'il était « très prématuré » de considérer « une pause » dans les relèvements de taux. « De nouvelles hausses des taux seront appropriées », ont d'ailleurs affirmé les responsables de l'institution dans un communiqué.

Assurant qu'il faudra « du temps » avant que les hausses de taux d'intérêt ne ralentissent l'inflation et que cela passerait sans doute par un ralentissement de l'économie, Jerome Powell a estimé que « personne ne sait s'il y aura une récession ou pas et si elle a lieu, si elle sera importante ». Mais, il n'existe pas de « moyen indolore » de combattre durablement l'inflation, avait-il prévenu à l'issue de la dernière réunion, en septembre.

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« Nous devons être attentifs les uns aux autres et nous devons être attentifs aux retombées et retours potentiels » des mouvements sur les taux, « comme je pense la Fed en est également consciente », a répondu Christine Lagarde, ce jeudi. « Lors du calibrage » des décisions, « nous devons faire très attention à ne pas amplifier le risque d'une récession prolongée ou de provoquer une dislocation du marché », a également prévenu Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, lors d'un colloque à Francfort sur le marché monétaire. « Une augmentation des taux plus importante que prévu pourrait accroître la volatilité et avoir un impact plus fort dans l'environnement actuel de fort endettement après une décennie de taux très bas et de liquidités abondantes », a ajouté le banquier central classé chez les « colombes » adeptes d'une politique monétaire souple, désormais minoritaires au sein de la BCE.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 04/11/2022 à 9:10
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gouverner avec une vision du monde depasse les regimes fiscaux differents les paradis pour le fric la speculation non repréhensible et le chantage perpétuel des usa on a cru a l'europe mais bruxelles et ces ideologues ont creer une machine de ...

à écrit le 03/11/2022 à 16:39
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Une récession modeste possible en 2023 ? MDR ! La BCE et la FED ont déversé des milliards d'euro et de dollar magiques avec leur planche à billets magique ; et Christine Lagarde avoue qu'elle ne sait pas d'où vient l'inflation ("it had come pretty m...

le 04/11/2022 à 13:41
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si vous croyer que ces notables vont abandonner leur pouvoir et leur privilege il fraudra pour cela pas une reforme mais bien une revolte. ce n'est pas a eu de changer

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