Plus de 130 eurodéputés réclament un impôt sur la fortune des « ultra-riches »

Par latribune.fr  |   |  705  mots
Pour les auteurs de la pétition, Elon Musk, alors deuxième homme le plus riche du monde, « n'a pas payé un centime en impôts fédéraux » en 2018. (Crédits : Reuters)
Plus de 130 eurodéputés écologistes et de gauche ont signé une pétition qui réclame la création d'un impôt sur la fortune des « ultra-riches ». Elle contient l'idée d'une taxation à 1,5% à partir d'un patrimoine de 50 millions d'euros, tout en affirmant que le niveau exact de l'impôt devra être décidé « collectivement et démocratiquement ».

Les très riches, en Europe ou aux Etats-Unis, sont de plus en plus ciblés par les élus. Après le président américain Joe Biden, qui, lors de la présentation de son projet de budget, a souligné vouloir « taxer plus fortement les milliardaires et les entreprises pour financer son budget « social », c'est au tour de députés européens de leur réclamer une contribution à l'effort collectif à la hauteur de leur fortune.

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Une pétition, lancée par Aurore Lalucq (groupe Socialistes et démocrates, gauche) et l'économiste Gabriel Zucman, qui demande l'instauration « d'un impôt progressif sur la fortune des ultra-riches à l'échelle internationale afin de réduire les inégalités tout en participant au financement des investissements nécessaires à la transition écologique et sociale », a ainsi été signée par plus de 130 parlementaires écologistes et de gauche.

« Ce que nous avons réussi à accomplir pour les multinationales, nous devons désormais le faire pour les grandes fortunes », écrivent les auteurs dans une tribune publiée dans Le Monde. Ils mentionnent l'idée d'une taxation à 1,5% à partir d'un patrimoine de 50 millions d'euros, tout en affirmant que le niveau exact de l'impôt devra être décidé « collectivement et démocratiquement ».

Ils appellent l'OCDE et l'ONU à lancer des négociations sur cet impôt, et pressent l'Union européenne d'agir.

En France, « les 370 plus riches familles taxées autour de 2% à 3% »

Pour appuyer leurs propos, ils citent l'exemple de l'impôt minimum de 15% sur les bénéfices des multinationales, auquel près de 140 pays ont adhéré quand tout le monde répétait que c'était impossible.

Ils affirment qu'en 2018, Elon Musk, alors deuxième homme le plus riche du monde, « n'a pas payé un centime en impôts fédéraux ».

En France, renchérissent-ils, « les 370 plus riches familles ne sont effectivement taxées qu'autour de 2% à 3% ».

La pétition a aussi été signée par une dizaine d'économistes et par des ONG internationales dont Oxfam, à la pointe de ce combat. Mi-janvier, alors que s'ouvrait le Forum économique mondial de Davos, l'ONG avait déclaré vouloir diviser par deux le nombre de milliardaires d'ici à 2030 pour ensuite les « abolir » sur le long terme, chacun d'eux « représentant un échec de politique publique ».

Selon l'ONG, « sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés dans les poches des 1% les plus aisés, tandis que 70 centimes ont profité aux 50% les moins fortunés ». Et, en France, selon ses calculs, 5 milliardaires français sur 6 se sont enrichis depuis le début de la pandémie.

En France, les élus écologistes veulent interdire les jets privés pour « ramener les riches sur Terre »

L'interdiction des jets privés, que les écologistes vont porter lors de leur journée réservée à l'Assemblée le 6 avril prochain, vise à « ramener les riches sur Terre » en les faisant contribuer à la transition écologique. « C'est la mesure qui pénalise le moins de monde mais qui produit le maximum d'effets pour le climat et l'atmosphère » a fait valoir le député Julien Bayou, qui portera une proposition de loi avec sa collègue Christine Arrighi.

En jet privé, la pollution par passager serait 10 fois plus élevée

Les deux élus ont énuméré les « chiffres vertigineux » de l'impact des jets privés, avec lesquels, pour chaque passager, « un trajet pollue 10 fois plus qu'un avion de ligne ». « On a des personnes qui font des vols Cannes-Nice  pour éviter les embouteillages sur la côte. »

« Expliquer qu'il suffit d'interdire les jets privés pour régler une partie du problème, c'est l'écologie du buzz et ça relève davantage de la lutte des classes que de la transition écologique », a répondu le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, interrogé sur Sud-Radio à propos du texte.

« Les jets privés c'est 0,1% des émissions nationales de notre pays: on émet en France 400 millions de tonnes de CO2, les jets privés c'est 400.000 tonnes. »

Il s'est en revanche dit favorable à « les réguler et faire en sorte qu'ils soient moins attractifs que d'autres types de déplacements ».

(avec AFP)