Revenu universel : cinq choses à savoir sur l'expérimentation finlandaise

Par latribune.fr  |   |  685  mots
Les participants à l'expérimentation vont percevoir un revenu de 560 euros chaque mois.
Depuis le 1er janvier, la Finlande teste le revenu universel pour deux ans. Si l'essai est concluant, le dispositif devrait être généralisé à l'ensemble du pays.

Alors que la question fait débat dans la campagne présidentielle française, la Finlande a entamé le 1er janvier une expérimentation de revenu universel. Déjà instauré à Singapour, en Alaska (Etats-Unis) et testé en Ontario (Canada), pour la première fois, un pays européen se lance dans l'aventure.

Dans les cartons du gouvernement finlandais depuis 2015, le dispositif a, certes une vocation sociale et de simplification administrative, mais aussi psychologique. Voici, en cinq points, les éléments essentiels pour le comprendre.

■ 560 euros mensuels

Les participants à l'expérimentation vont percevoir un revenu de 560 euros chaque mois. L'allocation logement et les remboursements des frais de santé seront toujours versés aux personnes qui bénéficiaient déjà de ces aides auparavant.

La somme reste faible par rapport au niveau de vie finlandais, où le revenu moyen dépasse les 2.200 euros par personne et par mois, selon l'OCDE. En revanche, les personnes qui trouveront un emploi continueront de toucher ces 560 euros et ce, quelque soit leur nouveau salaire.

■ 2.000 personnes vont en bénéficier

Sur les 5,5 millions d'habitants que compte la Finlande, 2.000 personnes ont été sélectionnées pour ce test. Âgées de 25 à 58 ans, elles sont toutes en recherche d'emploi et seront privées d'allocation chômage, le revenu universel faisant en quelque sorte office de remplacement.

Parallèlement, un groupe test de chômeurs touchant environ les mêmes montant a été constitué. L'idée est de comparer les deux groupes à la fin du test, prévue pour 2018.

■ Eviter un "effet dissuasif"

L'objectif de l'expérimentation est de constater si les bénéficiaires refusent ou non un emploi ou un projet de création d'entreprise. Car, derrière cette mesure, la volonté du gouvernement est d'éviter "l'effet dissuasif" d'un retour au travail pour les chômeurs, qui voient, parfois, plus d'intérêts à rester sans emploi qu'à travailler pour un faible salaire. Or, avec le revenu universel, les bénéficiaires touchent 560 euros chaque mois qu'ils soient au chômage ou qu'ils aient un travail.

En outre, le dispositif répond aussi à des enjeux de politique sociale et de gestion de l'administration. En versant automatiquement un revenu aux adultes, l'Etat se décharge de dépenses de gestion tout en luttant contre la pauvreté.

■ Un coût de 20 millions d'euros sur deux ans

Le gouvernement finlandais avait prévu un budget de 20 millions d'euros pour financer le dispositif qui s'étale sur deux années : 2017 et 2018. Si l'essai s'avère concluant, Helsinki promet de l'appliquer à l'ensemble du pays.

Côté financement, la méthode employée n'a pas été dévoilée. Dans un entretien au journal suisse Le Temps en mai 2016, Olli Kangas, directeur de recherche à Kela (la sécurité sociale finlandaise), avait confié que deux scénarios étaient à l'étude : "Le premier est de taxer les revenus selon un taux progressif" ou "prélever des cotisations supplémentaires sur les salaires sur la base d'un taux uniforme", précisant que la deuxième solution était favorisée par les experts.

■ Quid des autres pays européens ?

Si la Finlande est le premier pays européen à s'être aventuré dans une expérimentation, elle n'est pas la seule à voir l'idée germer. En Suisse, la question a été tranchée par référendum, les trois quarts des citoyens ont rejeté l'instauration d'un revenu universel.

Les villes ont pris les devants aux Pays-Bas. Plusieurs d'entre elles, dont Utrecht, la quatrième ville du pays, s'apprêtaient à faire des tests en 2016 avant de voir leur plan rejeté par l'Etat. Elles travaillent actuellement sur un nouveau cadre légal pour arriver à leur fin.

Pour finir, en France, une mission d'information du Sénat a proposé en octobre d'expérimenter, dans les territoires qui le souhaitent, la mise en place d'un revenu universel. La porte est ouverte mais pour l'instant personne ne se presse alors qu'à gauche comme à droite, de Nathalie Kosciusko-Morizet à Benoît Hamon, en passant par Manuel Valls, les soutiens à un tel projet commencent à se former.

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