Selon Varoufakis, la BCE asphyxie la Grèce pour la contraindre à un accord

Par latribune.fr (avec Reuters)  |   |  521  mots
Yanis Varoufakis accuse la BCE d'asphyxier la Grèce.
Le ministre grec des Finances estime que la Banque centrale européenne mène une politique extrêmement contraignante pour son pays face aux exigences de ses créanciers. Il juge par ailleurs que l'Allemagne ne lui a jamais accordé sa confiance.

Publié le 12/03/2015 à 07:42. Mis à jour le 12/03/2015 à 15:01.

La Banque centrale européenne (BCE) mène une politique "asphyxiante" à l'égard de la Grèce dans le but de contraindre son gouvernement et ses créanciers à parvenir à un accord sur sa dette, a déclaré jeudi le ministre grec des Finances.

"De mon point de vue, la BCE mène une politique qui peut être considérée comme asphyxiante à l'égard de notre gouvernement", a dit Yanis Varoufakis à l'antenne de la chaîne de télévision grecque Mega TV.

La BCE a refusé à la Grèce de relever le plafond de ses émissions de dette à court terme pour couvrir ses besoins de financement, alors que le versement de l'aide internationale est suspendu dans l'attente d'un accord entre le gouvernement grec et ses partenaires de la zone euro.

Relation toujours tendue avec l'Allemagne

Aux yeux de Yanis Varoufakis, la position de la BCE vise aussi à inciter les autres pays européens et le Fonds monétaire international (FMI) à conclure un accord avec le gouvernement grec.

Interrogé au sujet de sa relation avec son homologue allemand Wolfgang Schäuble, le ministre grec des Finances a répondu: "M. Schäuble m'a dit que j'avais perdu la confiance du gouvernement allemand, je lui ai dit que je ne l'avais jamais eue."

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L'Allemagne pèse de tout son poids au sein de l'Eurogroupe pour que la Grèce respecte les engagements pris par ses précédents gouvernements en matière de réformes économiques afin de pouvoir continuer à bénéficier d'une aide internationale.

Le "point de vue du peuple grec"

Yanis Varoufakis pense que sa présence lors des réunions de l'Eurogroupe irrite nombre de ses pairs qui étaient, selon lui, habitués à traiter avec un gouvernement grec plus docile.

"Tout à coup, ils ont réalisé que le ministre grec des Finances serait un problème pour eux, dans la mesure où il revendique le droit de faire entendre le point de vue du peuple grec", a dit Yanis Varoufakis, en jugeant que ses homologues devaient réapprendre à faire de la politique au sein de l'Eurogroupe.

"La dépolitisation de la politique économique au sein de l'Eurogroupe a conduit l'Europe à la déflation, avec des peuples proclamant dans les sondages de l'Eurobaromètre qu'ils n'ont pas confiance dans les institutions de l'Union européenne", a-t-il ajouté.

La BCE relève légèrement le plafond du financement d'urgence des banques grecques

Par ailleurs, jeudi 12 mars, la Banque centrale européenne a décidé jeudi de relever de 600 millions d'euros le plafond de son financement d'urgence (ELA) des banques grecques, a-t-on appris de source bancaire grecque.

Cela amènerait ce plafond à 69,4 milliards d'euros, selon les calculs de l'AFP. La BCE étudiera jeudi prochain si elle doit de nouveau modifier le plafond de ce mécanisme qui a pris le relais du financement des banques en Grèce après la suppression d'un régime de faveur dont elles bénéficiaient pour obtenir des liquidités auprès de l'institution francfortoise.