Zone euro : le spectre de la déflation se matérialise

Par latribune.fr  |   |  467  mots
L'inflation s'est établie à 0,1% en Allemagne comme en France en août.
Eurostat a révisé à la baisse ses estimations pour le mois d'août. L'inflation n'a pas été de 0,2%, stable par rapport au mois précédent, comme initialement prévu, mais de 0,1%.

L'inflation en zone euro a été encore moins soutenue que prévu le mois dernier. En août, elle a ralenti à 0,1%, alors que selon une première estimation elle s'était établie à 0,2%, stable par rapport au mois précédent, a indiqué mercredi 16 septembre l'office européen des statistiques Eurostat en révisant cet indicateur à la baisse.

En août 2014, l'inflation s'élevait à 0,4%.

Une mauvaise nouvelle pour la BCE

Ce ralentissement de l'inflation, qui est quasiment à l'arrêt, est une "mauvaise et inquiétante nouvelle pour la Banque centrale européenne", a constaté Howard Archer, analyste chez IHS. La BCE vise à moyen terme un taux légèrement en dessous de 2%, et le chiffre révisé en août fait resurgir le spectre de la déflation.

"L'actuelle faiblesse des prix du pétrole et des matières premières signifie qu'il y a un risque très réel que la zone euro puisse bientôt être confrontée à une douce déflation", a mis en avant Howard Archer.

Si l'analyste estime néanmoins "hautement probable que la zone euro évitera la déflation et que l'inflation reprendra progressivement pendant les derniers mois de 2015", il prédit que l'inflation ne pourra pas atteindre 2% avant 2018.

Un programme de rachat d'actifs qui pourrait être étendu

Pour faire repartir l'inflation, l'institut monétaire a mis en place un vaste programme de rachat d'actifs et rachète depuis mars environ 60 milliards d'euros de dettes - principalement publiques - chaque mois. Il vise au total 1.140 milliards d'euros de rachats d'ici à septembre 2016.

Ce programme dispose de "flexibilité concernant sa taille, sa composition et sa durée", a rappelé début septembre le président de la BCE, Mario Draghi, évoquant d'ores et déjà la possibilité de l'étendre au-delà de septembre 2016 "si nécessaire". Et "il n'y a pas spécialement de limites dans la capacité qu'a la BCE d'augmenter la voilure de sa politique monétaire", à part celles de son mandat, a assuré le banquier central.

L'énergie voit son taux négatif se creuser

Sans surprise, c'est le secteur de l'énergie qui a le plus pesé sur l'inflation en août, avec un taux négatif de 7,2% (révisé) contre -5,6% en juillet. Parmi les autres composantes, le secteur "alimentation, boissons alcoolisées et tabac" a vu ses prix progresser de 1,3% (révisé), les services de 1,2%, tandis que les produits industriels non énergétiques ont vu leurs prix progresser, comme en juillet, de 0,4% (contre 0,6% lors de la première estimation).

Par pays, les taux les plus faibles ont été observés à Chypre (-1,9%), et en Lituanie (-1,0%). Les taux les plus élevés ont quant à eux été enregistrés à Malte (1,4%), en Autriche (0,9%) et en Belgique (0,8%). L'inflation s'est établie à 0,1% en Allemagne comme en France en août.

(Avec AFP)