L'audition, un marché en plein boom en France

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  484  mots
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En raison du vieillissement de la population, le marché des prothèses auditives est en plein boom en France, mais compte de nombreuses carences.

Le vieillissement de la population, source de nombreuses inquiétudes (retraites, logement...) est pour certains une formidable opportunité commerciale. C'est le cas des distributeurs d'appareillage auditif, qui voient s'offrir à eux un marché en pleine expansion. Aujourd'hui, les trois quarts des distributeurs d'appareillages en France sont des petites enseignes. Seuls deux réseaux tirent leur épingle du jeu : le français Audika, avec 14% de parts de marché et un chiffre d'affaires 2011 de 102,4 millions d'euros (+5% par rapport à 2010), et l'italien Amplifon, leader mondial du secteur, avec 12% du marché et des ventes en 2011 et un chiffre d'affaires de 97 millions d'euros dans l'Hexagone.

Des prix prohibitifs

Pour autant, la route est parsemée d'embûches. En premier lieu, le prix élevé des appareils auditifs, en raison du fait que le marché n'est, pour l'heure, pas assez développé. Contrairement à l'Allemagne 30%) et au Danemark (50%), le taux d'équipement en France est inférieur à 20%, ce qui ouvre de belles perspectives d'avenir. Avec la baisse du pouvoir d'achat lié à la crise, le coût des appareillages est le premier frein à s'équiper (92%), devant les réticences psychologiques (58%), selon une enquête OpinionWay réalisée en septembre pour le fabricant d'"assistants d'écoute" Sonalto.

En effet, les appareils auditifs peuvent valoir de 750 à plus de 2.000 euros par oreille, soit une facture pouvant grimper jusqu'à 4.000 euros pour chaque patient, selon Audika. Or la Sécurité sociale ne rembourse que 100 euros par appareil... 

Des problèmes d'audition qui apparaissent de plus en plus jeune

Alain Tonnard, le PDG d'Audika, se veut optimiste. "tout le monde sera concerné" par une baisse de l'audition, qui démarre à partir de 65 ans en moyenne, avec un premier équipement vers 70 ans, a rappelé mardi le PDG d'Audika. Et comme les papy-boomers de 65 ans arrivent sur le marché à partir de 2013, "les meilleures années sont devant nous", s'est-il réjoui.

D'autant plus que les personnes qui pourraient avoir besoin de prothèses auditives pourraient être de plus en plus jeunes à l'avenir. Outre la pyramide des âges, les distributeurs misent sur les jeunes, dont l'audition faiblit en raison notamment des musiques MP3, dont le son compressé est plus fort. Leur oreille pourrait ainsi vieillir prématurément à 50 ans, selon Jean-Michel Klein, président du Snor, le syndicat des médecins spécialisés en ORL, qui prescrivent ces appareils.

Un marché convoité

Audika, qui compte 440 magasins, estime donc qu'il y a un potentiel pour en ouvrir 260 supplémentaires à terme. Des enseignes d'optique comme Alain Afflelou ou les magasins Leclerc ont aussi fait leur entrée sur ce marché avec respectivement 5 et 3 centres. Et de nombreuses réorganisations sont à prévoir dans ce secteur en mouvement. Ainsi, Audika envisage de conclure des partenariats avec les organismes complémentaires. Selon Jean-Michel Klein, les mutuelles pourraient mieux prendre en charge ces appareils si les ORL "améliorent le dialogue avec les patients et les audioprothésistes ne proposent pas les appareils les plus chers".