Transparence : les multinationales ont encore du travail

Par Agathe Machecourt  |   |  511  mots
Copyright Reuters
Transparency International a passé au crible les 105 plus grosses firmes multinationales. Bilan : si la plupart affichent une transparence totale de leurs structures, les flux financiers restent souvent opaques.

Quel est le degré de transparence des firmes multinationales ? L'organisation non gouvernementale (ONG) Transparency International a noté les 105 plus grosses entreprises en terme de capitalisation, d'après le classement Forbes 2010, selon trois critères de transparence : leur programme anti-corruption, leur transparence au niveau organisationnel, et leur degré de clarté sur les activités financières dans tous les pays dans lesquels ces entreprises opèrent.

A ce petit jeu, c'est le géant pétrolier norvégien Statoil qui l'emporte. Secoué par des conflits avec les syndicats - un blocus social auquel Oslo a mis un coup d'arrêt ce jour - Statoil est l'entreprise mondiale qui fait preuve de la plus grande transparence, selon l'ONG. La Bank of China, l'un des plus importants établissements bancaires chinois, est quant à elle lanterne rouge avec une note de 1,1 sur 10 quand Statoil obtient 8,3. Derrière Statoil, viennent les géants miniers anglo-australiens Rio Tinto (2e) et BHP Biliton (3e), puis le luxembourgeois ArcelorMittal (4e). La première entreprise française arrive à la 8e place, avec France Télécom qui décroche une note de 6,6.

Le critère de transparence sur les structures remonte la note de nombre de multinationales, puisque la majorité d'entre elle affiche 100 % de transparence. Les normes en vigueur dans la plupart des pays imposent en effet un niveau en la matière très élevé. Exigence qui ne se retrouve pas forcément du côté des transactions financières. Celles-ci, analysées en prenant en compte tous les pays dans lesquelles les entreprises sont présentes sont, elles, beaucoup plus opaques : sur les 105 entreprises passées au crible, 94 ont moins de 10 % de taux de transparence en la matière, 41 d'entre elles écopent même d'un zéro pointé. Le bon élève Statoil, firme la plus transparente également dans ce domaine, affiche pourtant un taux de 50%.

Frace Telecom, meilleur élève français

Parmi les sept entreprises françaises étudiées, seule France Télécom affiche un taux supérieur à 2 % avec 17,2%. Total et EDF, respectivement 45e et 60e au classement général établi par TI, sont crédités de 1,7%, GDF Suez (21e) de 0,6%, et Sanofi-Aventis (32e) de 0,4%. L'Oréal et BNP Paribas, au 28 et 40e rang général, affichent 0,0% de transparence financière dans l'ensemble des pays. En revanche, Transparency International attribue au sept multinationales françaises 100% de transparence organisationnelle, à l'exception de Total pour qui ce taux descend à 58%.

Au-delà de ce piètre bilan, l'ONG reconnaît un mieux en matière de lutte contre la corruption par rapport à l'étude précédente, parue en 2009. "Les multinationales peuvent et doivent jouer un rôle significatif dans la lutte mondiale contre la corruption", souligne la dirigeante de Transparency Internatinal, Huguette Labelle. "Alors que le monde continue de se remettre de la forte crise économique de 2008, les dirigeants de davantage d'entreprises doivent s'engager à mettre un terme à la corruption", insiste-t-elle. Transparency relève en particulier que les banques et les assureurs se montrent moins enclins en moyenne que les autres secteurs à livrer des informations sur le sujet.