Et si votre buraliste devenait votre banquier ? Non, ce n'est pas de la science-fiction, mais au contraire une réalité très proche. La Financière des paiements électroniques (FPE) - créée par Hugues Le Bret, ancien directeur de la communication de la Société générale du temps de l'affaire Kerviel et ex-PDG de Boursorama - et la Confédération nationale des buralistes de France ont détaillé, le 16 octobre, les modalités de leur partenariat, annoncé en juin.
Un partenariat dans le cadre duquel les buralistes de France auront l'exclusivité de la distribution de Compte-Nickel, le compte à vue de la FPE, à partir de début 2014, et pour une durée de six ans au moins.
Les dépôts de cash seront limités à 250 euros par jour
Concrètement, il suffira d'être majeur, de disposer d'une pièce d'identité et d'un numéro de téléphone valides pour ouvrir un Compte Nickel auprès d'un buraliste agréé par l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), le gendarme du secteur bancaire.
Après authentification électronique des documents en question, le gérant du bureau de tabac remettra à la personne un relevé d'identité bancaire (RIB) et un coffret comprenant une carte MasterCard, laquelle permettra de retirer de l'argent dans l'ensemble du réseau éponyme, de régler ses achats chez les commerçants ou sur Internet, de déposer et de retirer des espèces chez les buralistes.
Attention, la FPE est certes un établissement de paiements agréé par l'ACP mais il ne s'agit pas d'une banque. Aussi, la carte en question ne sera pas une carte de crédit mais une simple carte de paiement. Et, si les possesseurs d'un Compte Nickel pourront y domicilier leurs revenus, déposer de l'argent dessus et en retirer, ils ne pourront en revanche pas solliciter de crédits.
"Il s'agit d'un système hautement sécurisé, validé par l'ACP, notamment en matière de lutte contre le blanchiment", tient à rassurer Hugues Le Bret. Ainsi, l'argent des déposants sera logé dans un compte de cantonnement, logé au Crédit Mutuel Arkéa.
Par ailleurs, la transformation des buralistes en « banquiers » soulevant la question du risque de braquage, les dépôts de cash seront limités à 250 euros par personne et par jour, et à 750 euros par mois.
Compte-Nickel coûtera en moyenne 50 euros par an
Et quid du coût, pour les clients de Compte Nickel ? Il s'élèvera en moyenne à 50 euros par an, dont 20 euros d'abonnement (carte de paiement, RIB, virements, prélèvements, gestion du compte sur www.compte-nickel.fr), le solde provenant de commissions sur les dépôts et les retraits de cash.
En effet, les dépôts d'espèces seront facturés à hauteur de 2% de la somme déposée, et, sur ces 2%, 0,75% ira aux buralistes. Quant aux retraits, ils seront facturés 1 euro dans les distributeurs de billets et 50 centimes d'euros chez les buralistes, dont 23 centimes iront à ces derniers. Les buralistes percevront par ailleurs 3 euros sur les 20 euros de l'abonnement.
A titre de comparaison, le coût moyen d'une banque est de 191 euros par an, selon une récente étude de Panorabanques.com. Avec son tarif compétitif, Compte Nickel s'adresse aux personnes interdites bancaires, aux populations des zones rurales, 45% des bureaux de tabac étant implantés dans des communes de moins de 3.500 habitants, mais également aux personnes disposant d'un compte joint dans une banque et souhaitant avoir un deuxième compte, personnel, celui-ci.
Un point mort qui se situe à 100.000 clients
Au chapitre des objectifs financiers, le point mort de la FPE se situe à 100.000 clients, un seuil qu'Hugues Le Bret entend bien atteindre dès 2014. Il faut dire que la Confédération des buralistes, qui vient pour l'occasion de prendre 5% du capital de la FPE, compte 27.000 points de vente dans l'Hexagone, lesquels voient au total 10 millions de clients franchir leurs portes chaque jour.
"Une nouvelle activité va bientôt entrer dans nos bureaux de tabac", se réjouit de son côté Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes. Qui imagine déjà de nouvelles diversifications pour les bureaux de tabac, comme la vente d'abonnements téléphoniques et l'encaissement de factures d'électricité et de gaz pour le compte, respectivement, des opérateurs de télécommunications et des groupes d'énergie.