Bonus : les banquiers croient encore au Père Noël

Par Christine Lejoux  |   |  667  mots
Le cabinet Johnson Associates estime que les bonus 2013 des traders obligataires américains accuseront une chute de 10% à 15%. REUTERS.
La plupart des banquiers d’investissement sondés par eFinancialCareers tablent sur une augmentation des bonus qui leur seront versés, au titre de l’année 2013. Mais les mauvais résultats des banques au troisième trimestre pourraient avoir raison de cet optimisme.

La crise, quelle crise ? La plupart des banquiers d'investissement escomptent une hausse de leur bonus - la partie variable de leur rémunération -, au titre de l'exercice 2013, d'après une enquête réalisée par le site d'offres d'emploi eFinancialCareers auprès de 4.642 professionnels de la finance aux Etats-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, à Singapour, à Hong Kong, en Australie et au Moyen-Orient.

 S'il y a bien un pays où l'optimisme est de mise, c'est le Royaume-Uni, 58% des financiers de la City étant convaincus que le bonus qui leur sera versé début 2014 ne saurait être en baisse par rapport à l'année précédente. Mieux, les banquiers d'affaires et autres traders du Moyen-Orient sont 61% à miser sur une augmentation de leur rémunération variable. Une proportion qui demeure supérieure à 50% dans la région Asie-Pacifique.

 Un troisième trimestre de mauvaise facture

 Comment pourrait-il en être autrement, estiment ces financiers, au regard des bons résultats dégagés par les banques, au premier semestre ? C'est là que le bât blesse. L'enquête d'eFinancialCareers a été réalisée en septembre, avant que le secteur bancaire commence à publier ses comptes du troisième trimestre.

Or celui-ci est loin d'avoir été d'aussi bonne facture que les six premiers mois de l'année, à en juger par les résultats publiés ces quinze derniers jours par les établissements américains, lesquels ont donné le coup d'envoi de "la saison des trimestriels", dans le secteur bancaire.

 Le coût des litiges juridiques en cause

Ainsi, Goldman Sachs a vu son chiffre d'affaires plonger de 20%, à 6,7 milliards de dollars. Pis, JPMorgan a accusé une perte nette - de 380 millions de dollars -, du jamais vu pour la première banque des Etats-Unis depuis près de dix ans. Comme Goldman Sachs, JPMorgan a pâti de la chute d'activité sur les marchés obligataires et dans le refinancement de crédits hypothécaires. Mais également des provisions liées à la douzaine de litiges en cours entre la banque et le gouvernement américain.

Cette question des litiges ne concerne pas seulement JPMorgan. Nombre de banques, des deux côtés de l'Atlantique, sont aujourd'hui priées par les autorités boursières de passer à la caisse, notamment pour leur rôle dans la crise des subprimes (crédits hypothécaires américains à risque) de 2008.

 JPMorgan et Goldman Sachs ont annoncé une baisse des bonus

Face à cette flambée des coûts liés aux litiges juridiques, les banques cherchent à faire des économies, notamment sur les bonus, affirme Jon Terry, associé chez PricewaterhouseCoopers à Londres.

De fait, lors de la présentation de ses résultats du troisième trimestre, le 11 octobre, JPMorgan a averti que les bonus versés au titre de 2013 aux collaborateurs de sa division de banque d'investissement seraient inférieurs de… 15% au montant de l'an dernier. Et, de son côté, Goldman Sachs a prévenu que les rémunérations variables des neuf premiers mois de l'année 2013 seraient en baisse de 5%.

 Vers une baisse de 10% à 15% des bonus des traders obligataires

C'est dire si les 42% de banquiers américains interrogés par eFinancialCareers qui tablent sur une hausse de leur bonus 2013 risquent de tomber de haut. A commencer par les traders sur les marchés obligataires. En juillet, le cabinet Johnson Associates, spécialisé dans les rémunérations du secteur bancaire, pronostiquait encore une augmentation de 5% à 15% de leurs bonus, au titre de 2013.

Mais, compte tenu de l'impact négatif qu'a eu le "shutdown" (fermeture partielle de l'administration américaine) sur le marché obligataire, les investisseurs redoutant un défaut de la dette américaine, Johnson Associates estime désormais que les bonus 2013 des traders obligataires américains accuseront une chute de 10% à 15%.

 Maigre consolation pour ces derniers, les rémunérations variables qui leur seront versés à partir de 2015 ne seront pas plafonnés à 100% de leur salaire fixe (ou 200% en cas d'approbation par la majorité des actionnaires), comme cela sera le cas dans l'Union européenne.