Affaire Kerviel : politiques et hommes d'Eglise soutiennent l’ancien trader

Par Christine Lejoux  |   |  560  mots
Jérôme Kerviel est attendu le 18 mai au plus tard au commissariat de Menton. REUTERS.
Mgr di Falco, président du comité de soutien de Jérôme Kerviel, Jean-Luc Mélenchon et le sénateur communiste Eric Bocquet demandent à François Hollande que l’ancien trader, qui sera de retour en France le 17 mai, ne passe pas directement par la case prison.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jérôme Kerviel ne sera pas seul, lorsqu'il reviendra en France, le 17 mai. Dans le cadre d'une marche "contre la tyrannie des marchés" de Rome à Paris, entamée en février après avoir rencontré le Pape François, l'ancien trader de la Société générale doit passer la frontière à Menton (Alpes-Maritimes) ce samedi, vers 15h.

Le jeune homme de 37 ans - condamné en octobre 2012 par la cour d'appel de Paris à trois ans de prison ferme et au versement de 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la Société générale, qui l'accuse depuis 2008 de lui avoir fait perdre cette somme - devrait être accueilli par nombre d'anonymes et de membres de son comité de soutien. A commencer par le président de celui-ci, Mgr Jean-Michel di Falco. L'évêque de Gap et d'Embrun sera accompagné du père Patrice Gourrier, de la paroisse de Saint-Porchaire à Poitiers, qui s'est engagé à terminer la marche de Jérôme Kerviel, si ce dernier était incarcéré avant d'arriver à Paris.

 Un appel à François Hollande

En effet, si, le 19 mars, la Cour de cassation a annulé les 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, la plus haute juridiction française a en revanche confirmé la peine de prison, devenue exécutoire depuis que la décision de la Cour a été notifiée à l'ancien trader. De fait, le parquet général de Paris a convoqué le jeune homme au commissariat de Menton, pour dimanche au plus tard.

Mardi 14 mai, le comité de soutien de Jérôme Kerviel a appelé le président de la République, François Hollande, à "prendre toute mesure en son pouvoir pour que le Parquet de Paris suspende l'exécution de la peine d'emprisonnement prononcée contre Jérôme Kerviel", invoquant le risque "d'une erreur judiciaire." Pour le comité de soutien de l'ancien trader, "la lumière n'a pas été faite dans cette affaire", à la suite de la décision de la Cour de cassation d'annuler les 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts.

 Faire toute la lumière sur l'affaire

Une décision qui apporte "la preuve que les accusations de la Société générale contre Jérôme Kerviel ne tenaient pas !", s'exclame dans un communiqué Jean-Luc Mélenchon, qui réclame lui aussi "que toute la lumière soit faite" et s'interroge sur "l'empressement du parquet" à incarcérer l'ancien trader. Le co-président du Parti de Gauche avait déjà manifesté son soutien à Jérôme Kerviel, il y a quelques mois. Tout comme la députée européenne EELV Eva Joly et, pas plus tard que ce jeudi 15 mai, le sénateur communiste Eric Bocquet.

 Ce dernier s'est fendu d'une lettre à François Hollande, dans laquelle il rappelle que "la Cour de cassation a reconnu des défaillances dans les pratiques de la banque [la Société générale ; Ndlr]", et se demande donc s'il "n'y aurait pas là matière à approfondir les investigations sur ce point, en y associant l'Autorité de contrôle prudentiel (le gendarme des banques)." Et le sénateur communiste de juger "tout à fait injustifiée" une incarcération de Jérôme Kerviel "tant que toutes ces questions n'auront pas trouvé de réponse."