Après Alstom, qui sont les prochains sur la liste ?

Par Mathias Thépot  |   |  585  mots
À Rueil-Malmaison (92), le siège social de Schneider Electric, considérée comme l'une des grandes sociétés françaises vulnérables. / DR
Sur la place parisienne, les volumes de fusions et d'acquisitions ont repris depuis le début de l'année 2014. Et il n'est pas à exclure qu'après Alstom, d'autres grandes entreprises succombent à l'avenir aux velléités de rachat d'investisseurs étrangers.

De nombreux grands groupes français occupent en effet des positions de leaders mondiaux dans leur secteur respectif. Ce qui attire les convoitises à un moment où les perspectives économiques s'éclaircissent pour certains.

A qui le tour ?

Quelles pourraient donc être les prochaines grandes entreprises françaises à passer sous fanion étranger ? Au préalable, semblent exclues celles dont l'État ou ses bras armés - Caisse des dépôts, Banque publique d'investissement, Agence de participation - sont des actionnaires solides.

Leur présence dans de grands groupes comme Orange, EDF, GDF Suez, Renault, Safran, Thales, ou Air France, est dissuasive. Les grandes sociétés françaises les plus « vulnérables » sont davantage celles qui disposent d'un capital dispersé, comme Société générale, Vallourec, Vivendi, Air Liquide, Capgemini, Schneider Electric, Danone, Legrand, Essilor, Unibail-Rodamco, Alcatel-Lucent Gemalto, Technip ou Total. Si une opportunité se présentait, un prédateur étranger pourrait tenter de venir rafler la mise. Les petites capitalisations boursières sont-elles les plus exposées ?

« Il est vrai que la valeur moyenne des transactions est généralement inférieure à 5 milliards d'euros. Néanmoins, dans des secteurs concentrés avec des groupes de taille gigantesque comme la pharmacie ou la banque, beaucoup ont la capacité financière pour se racheter entre eux à des valeurs beaucoup plus élevées », explique Éric Pernot, responsable du secteur énergie chez BBVA Corporate & Investment Banking France.

Mais il ne faut pas oublier que « les OPA hostiles se font de plus en plus rares, d'une part parce que l'acquéreur a tendance à payer un prix très élevé, mais aussi parce que l'OPA hostile crée souvent un malaise chez les effectifs qui la subissent. Ce qui peut, à terme, faire perdre de la valeur à l'entreprise », note Éric Pernot.

OPA et désengagements

Le meilleur rempart contre les OPA hostiles reste, selon lui, la culture de « l'excellence » de ces grands groupes qui créent de la valeur, et cela les rend trop chers pour beaucoup d'acquéreurs potentiels. Ainsi, la possibilité de création de valeur additionnelle par un acquéreur est d'autant plus difficile à envisager.

Reste le phénomène de désengagement de certains fonds, actionnaires solides de fleurons de l'économie française, qui laisseront à terme la place à d'autres. Ainsi, le groupe hôtelier Accor pourrait voir deux de ses actionnaires principaux, le français Eurazeo et l'américain Colony (21,34% du capital à eux deux), poursuivre leur désengagement progressif, amorcé depuis la mi-2009. De même, Wendel, principal actionnaire de Saint-Gobain (16%), pourrait adopter une politique similaire.

« Ces fonds ont un horizon d'investissement souvent plus long que les fonds de private equity traditionnels qui investissent généralement à 3 - 5 ans. Ils pilotent de manière assez neutre et pragmatique leurs opérations. Certes, ils s'attacheront à vendre au meilleur prix, mais ils ne seront pas un réel frein à l'arrivée d'investisseurs étrangers dans le capital de ces grands groupes français », explique Éric Pernot.

Les attaques venant de l'étranger devraient du reste se multiplier. Surtout à un moment où le modèle, jusqu'alors généralisé, de réductions des coûts en interne s'épuise.

« La recherche de nouvelles synergies pour optimiser les coûts - après des années de programmes de réductions de coûts internes qui atteignent parfois leurs limites peut également motiver les grands groupes à tenter des opérations de fusion et d'acquisition d'envergure », indique Éric Pernot.

Toujours dans le but de maximiser les gains de productivité.