Le capital-risque investit dans les réseaux sociaux mais… les utilise peu

Par Christine Lejoux  |   |  495  mots
Près de la moitié des fonds français de capital-risque présents sur Twitter publient moins d'un tweet par semaine. REUTERS.
Moins de 40% des fonds français de capital-risque ont ouvert un compte sur Twitter, selon le cabinet Enderby. Et 20% seulement de leurs patrons disposent d’un compte actif sur le réseau social.

Les cordonniers sont les moins bien chaussés. Bien que les fonds français de capital-risque (ou capital-innovation) se passionnent pour les start-up de l'Internet, leur propre usage des réseaux sociaux demeure très limité. Selon une enquête menée par le cabinet de conseil en communication Enderby auprès de 102 sociétés françaises de capital-risque, moins de 40% (38%, exactement) d'entre elles ont ouvert un compte sur Twitter, le site de microblogging aux 255 millions d'utilisateurs. Facebook et Viadeo, n'en parlons même pas. A noter que LinkedIn tire bien mieux son épingle du jeu, 62% des fonds de capital-risque français disposant d'un compte sur ce réseau social professionnel.

 Reste que deux tiers à peine des fonds de capital-innovation présents sur Twitter et LinkedIn affichent clairement leurs comptes sur leur site Internet. Pis, près des trois quarts (71%) des fonds ont verrouillé l'accès à leur profil sur LinkedIn, et se contentent d'une présentation succincte de leur activité. "Les fonds de capital-risque ont saisi l'opportunité de nourrir leur carnet d'adresses via LinkedIn, tout en choisissant de ne pas s'exprimer outre-mesure", analyse Enderby. Une prise de parole également très réduite sur Twitter, où près de la moitié (44%) des fonds publient moins d'un tweet par semaine.

 Une dizaine de "bons élèves", très actifs sur Twitter et LinkedIn

 Le bilan est encore moins flatteur en ce qui concerne les dirigeants de ces fonds de capital-risque. Seulement 20% d'entre eux ont un compte actif sur Twitter. C'est dire si Xavier Niel, patron de Free et co-fondateur de la société de capital-innovation Kima Ventures, et Marc Simoncini, le créateur de Meetic et du fonds de capital-risque Jaïna Capital, font figure d'exceptions, avec leurs 95.570 et 32.072 "followers" respectifs sur Twitter (au 18 juillet).

 Et encore, avant d'être des capital-risqueurs, tous deux sont des entrepreneurs du Web, d'où leur tropisme naturel vers les réseaux sociaux. Au total, Enderby recense une dizaine seulement de "bons élèves, très actifs sur Twitter et LinkedIn", parmi lesquels figurent Olivier Goy, chez 123Venture, Jean-Marc Bally (Aster Capital), Philippe Collombel (Partech Ventures), ou encore Benoît Bazzochi (SmartAngels).

 Le capital-risque français, deuxième d'Europe en nombre d'opérations

 "Alors que les réseaux sociaux constituent un levier indispensable pour le développement du business (...), la majorité des fonds de capital-risque sous-utilise Twitter et LinkedIn", s'étonne Enderby. Un étonnement d'autant plus légitime que les technologies de l'Internet ont concentré 30% des 445 millions d'euros investis par le capital-risque français, au premier semestre, selon le cabinet EY. Ce qui fait d'Internet le principal secteur d'investissement du capital-innovation hexagonal.

 Lequel s'est par ailleurs arrogé la deuxième place du capital-risque européen, au premier trimestre, avec 15% du nombre total d'investissements, derrière le Royaume-Uni (25%) mais devant l'Allemagne (13%). Une performance qu'il serait dommage de ne pas évoquer sur la caisse de résonance qu'est Twitter, surtout à l'heure où le capital-investissement français veut continuer à dédiaboliser son image.