Goldman Sachs envisage de fermer sa "dark pool" et autres cachotteries

Par latribune.fr  |   |  631  mots
Depuis que le débat sur les possibles pratiques illégales du trading à haute fréquence a été relancé, Goldman Sachs a un comportement "étrange" estime la presse américaine. Elle scrute les faits et gestes de la banque d'affaires. (Photo : Reuters)
La banque d'affaires américaine se préparerait à fermer sa place de marché interne. Depuis quelques temps, les "dark pools", un système alternatif aux grandes Bourses règlementées, et la pratique du trading à haute fréquence font l'objet d'une hostilité croissante dans l'opinion publique.

Que se trame-t-il chez Goldman Sachs ? La banque d'affaires américaine a laissé entendre auprès de clients qu'elle pourrait fermer sa place de marché interne, nommée Sigma X, qui compte parmi les "dark pools" les plus importantes de la planète, affirme mercredi le Wall Street Journal.

Depuis que le débat sur les pratiques illégales des traders à haute fréquence a été relancé ces derniers temps, Goldman Sachs fait l'objet de nombreuses fuites d'informations suggérant certaines réorientations stratégiques - notamment une possible réduction de ses activités de marché les plus exposées au risque technologique. La presse américaine, aux aguets, ne cesse de s'interroger sur toute cette mystérieuse agitation, qui n'a encore fait l'objet d'aucune déclaration officielle.

14% des transactions boursières mondiales relèvent des "dark pools"

Les responsables de Goldman Sachs essaient actuellement de déterminer si les profits générés par sa "dark pool" Sigma X justifient son maintien, révèle ainsi le WSJ, citant des personnes proches du dossier. Cette remise en question ferait suite à une série de dysfonctionnements techniques survenus sur la plateforme, dans un contexte d'hostilité croissante de l'opinion envers ces places de marchés opaques.

Les "dark pools", où les transactions s'effectuent de gré à gré, jouent un rôle important dans les sur les marchés financiers car les intervenants y jouissent d'un bien plus grand anonymat que sur les bourses classiques grâce à des transactions réalisées "à l'aveugle". Les grandes institutions financières en sont d'importantes utilisatrices.

Selon le courtier Rosenblatt Securities, cité par le WSJ, 14% des transactions boursières effectuées en janvier aux Etats-Unis l'ont été via des "dark pools". Et celle de Goldman Sachs compte parmi les cinq principaux acteurs de ce marché, aux côté des opérations de Barclays, Morgan Stanley et UBS.

Malaise autour de failles technologiques

La compétition s'est accrue autour du business des "dark pools" ces derniers temps. Mais en même temps que de nouvelles plateformes ont émergé, dans ce marché déjà très fragmenté, des dysfonctionnements technologiques sont survenus. Le mois dernier, Goldman Sachs a  dû proposer un dédommagement à ses utilisateurs après avoir découvert que sa plateforme avait connu des ennuis techniques autour du "pricing" des titres livrés en août 2011. 

Un autre événement est venu ébranler la planète des "dark pools" la semaine dernière, avec la publication du livre de Michael Lewis "Flash Boys: a Wall Street Revolt", qui relance le débat sur le courtage à haute fréquence. Selon l'auteur, la place financière new-yorkaise et les "dark pools" sont viciés par les traders à haute fréquence qui profitent de l'avantage temporel que leur apportent leurs technologies ultra perfectionnées au détriment des investisseurs "ordinaires".

Goldman flaire le roussi... 

Des changements semblent se tramer discrètement chez Goldman Sachs. Une lettre de son président, Gary Cohn, a circulé fin mars au sein des employés, rappelle le WSJ qui a pu consulter le document. Elle appelait notamment à des efforts pour réduire les risques technologiques, devenus trop importants, et suggérait que les volumes échangés sur Sigma X allaient diminuer.

Le 2 avril, le Financial Times s'interrogeait lui aussi sur toute cette agitation à moitié officieuse : "Mais qu'est-ce qui se trame chez Goldman Sachs ? La banque se comporte bizarrement ces derniers temps".

Aucune décision sur l'avenir de Sigma X n'a encore été officiellement prise et la banque new-yorkaise pourrait in fine décider de la conserver, relève le WSJ. Mais l'on peut parier que les choses ne resteront pas telles quelles. D'autant que le FBI commence à mettre son nez dans le trading à haute fréquence, suspectant les courtiers de pratiques illégales.