Pourquoi les gros assureurs américains se désengagent de l'Obamacare

Par Jean-Yves Paillé  |   |  582  mots
L'Affordable care act, réforme phare de Barack Obama, a été promulgué en 2010.
Cette année, trois des cinq plus gros assureurs santé américains ont annoncé restreindre leur présence géographique dans le cadre de l'Affordable Care Act, une réforme permettant à des millions d'Américains aux faibles revenus de bénéficier d'une couverture santé.

Nouveau coup dur pour l'Obamacare aux Etats-Unis. Le troisième assureur santé américain en termes de chiffre d'affaires a annoncé lundi 15 août qu'il allait se désengager partiellement de l'Affordable Care Act (appelé également Obamacare). Aetna se retirera du programme d'Obamacare dans 536 comtés. Il le maintiendra dans 242 comtés en 2017. L'année prochaine, il n'occupera plus que quatre Etats (contre 15 actuellement): l'Iowa, la Virginie, le Nebraska et le Delaware.

Pour rappel, l'Affordable Care Act est une réforme du système de santé américain promulguée en 2010. Elle permet aux non-assurés de pouvoir souscrire à un contrat d'assurance maladie à prix compétitif, et ce, quelle que soit leur situation professionnelle. Actuellement environ 12,7 millions d'Américains ont recours à l'Obamacare.

Le numéro 1 du secteur s'est déjà partiellement désengagé

En se désengageant, Aetna suit le mouvement de deux autres géants américains de l'assurance. En avril, le plus gros assureur santé des Etats-Unis, UnitedHealthcare (157,1 milliards de dollars de revenus en 2015) avait annoncé son intention de se retirer en 2017 de la plupart des Etats dans lesquels il participe au programme Obamacare.

Plus récemment, Humana (5e assureur américain avec plus de 54 milliards de dollars de revenus en 2015) a annoncé qu'il ne serait plus présent que dans 156 comtés répartis dans 11 Etats en 2017, contre 1.351 comtés et 19 Etats aujourd'hui dans le cadre de l'Affordable care act.

Pourquoi les assureurs se désengagent-ils ?

Principal argument mis en avant par les géants de l'assurance santé: les pertes financières enregistrées. Désormais, "le groupe Aetna s'exposera moins financièrement", explique ainsi son patron Mark Bertolini. Aetna explique avoir perdu 200 millions de dollars au deuxième trimestre dans le cadre de l'Obamacare. UnitedHealthcare quant à lui estime que le marché "est de petite taille et qu'il représente d'importants risques pour son groupe sur le court terme". Il a enregistré une perte de 475 millions dollars l'année dernière dans cette activité. L'Obamacare, qui selon Aetna devait être "une opportunité", s'est avéré moins lucratif que ce que prévoyaient les assureurs américains.

Selon une étude de Blue Cross Blue Shield Association, une fédération qui regroupe plusieurs compagnies d'assurance, le coût des soins par personne ayant souscrit à une couverture santé dans le cadre de l'Affordable Care Act était 22% plus élevé que ce qui était attendu en 2015 par les assureurs (559 dollars par mois, contre 457 dollars attendus).

"Ce n'est pas une surprise que les personnes ayant accès à l'Affordable care act ont besoin d'être soignés. C'est pour cela qu'ils été écartés de la couverture santé auparavant", expliquait Ben Wakana à la direction de la communication du Ministère de la santé.

Un coup de pression face à la volonté d'Obama de bloquer des fusions-acquisitions

Par ailleurs, les annonces coup sur coup d'Aetna et de Humana pourraient également mettre la pression sur Barack Obama, alors que celui-ci cherche à enrayer la vague de fusions-acquisitions. Alors que les deux assureurs tentent de fusionner, le ministère de la Justice américain (DoJ) a déposé des recours pour tenter de bloquer le processus estimant qu'une telle fusion risque de nuire à la concurrence et au consommateur.

Dans une lettre datée du 5 juillet adressée au ministère américain de la Justice, le patron d'Aetna explique qu'il se désengagera massivement de l'Obamacare si le gouvernement tente d'empêcher la fusion. Le blocage cette transaction entrainerait des "effets financiers négatifs" pour son groupe, juge Mark Bertolini,.