Bonus dans les banques : la polémique relancée en France et aux Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  573  mots
BNP Paribas a prévu un milliard d'euros de primes pour certains salariés. La banque souligne qu'elle respecte "scrupuleusement" les règles du G20 en la matière. La Société Générale veut, elle, tenir compte des comportements des traders et pas seulement de leurs résultats. Outre-Atlantique, la polémique monte aussi à cause de Goldman Sachs.

Vedette du moment grâce à ses bons résultats financiers, BNP Paribas se retrouve épinglé par un article de notre confrère Libération qui a révélé que la banque "va discrètement accorder autour d'un milliard d'euros de primes à ses traders". La banque a confirmé ce chiffre.

Le journal précise que l'enveloppe sera distribuée aux 17.000 salariés de sa filiale de banque de financement et d'investissement, la BFI, (Corporate and Investment Banking en anglais) soit "59.000 euros en moyenne par personne".

La direction rétorque qu'elle "respecte scrupuleusement" les règles établies pour les bonus dans les banques telles qu'elles ont été établies par le G20, le groupe des pays les plus importants de la planète, réunis notamment à Londres en avril dernier, pour trouver des solutions face à la crise économique et aux excès du secteur financier l'ayant accelérée.

De son côté, Frédéric Oudéa, PDG de la Société Générale, a indiqué, en marge de la conférence de presse de présentations des comptes semestriels, meilleurs que prévu, qu'en matière de bonus des traders (la banque n'a pas dévoilé combien il va y consacrer), "quand on évaluera les rémunérations, on ne tiendra pas compte que des résultats mais aussi des comportements. On prendra aussi en compte des paramètres comme le risque".

Le sujet est particulièrement sensible à la Société Générale qui a révélé en janvier 2008 qu'un de ses traders, Jerôme Kerviel, parti de la banque depuis, lui avait fait perdre 4,9 milliards d'euros via des placements spécualtifs sur le marché qu'il affirme avoir effecturé avec l'aval de sa hiérarchie. Une enquête judiciaire est en cours.

Face à la polémique qui monte, le ministre de l'industrie Christian Estrosi, décidément sur tous les fronts, a estimé que c'était à la Banque de France de trancher. Alors que l'association SOS Petits Porteurs s'insurge et demande que la BNP rembourse à l'Etat "le milliard des traders". Martine aubry , première secrétaire du PS, a elle aussi réagi, parlant d'un "véritable scandale". Elle a appelé Nicolas Sarkozy à agir.

Même son de cloche pour la CGT selon laquelle que l'Etat "doit revoir sa copie". Selon elle, l'aide de cinq milliards d'euros apportée à BNP Paribas n'a "pas été mobilisée au service de l'emploi et de l'investissement productif, notamment en direction des petites et moyennes entreprises". Certains responsables syndicaux au sein des banques affichent une position plus nuancée, mettant en avant le risque de voir les traders quitter la banque ou être installés par la direction à Londres ou à New York si la France mettait en place des contraintes sur la question plus dure que dans d'autres grandes places financières. Cette question sera d'ailleurs mise à l'ordre du jour du prochain G20 qui doit se tenir aux Etats-Unis à Pittsburgh.

De l'autre coté de l'Atlantique, la polémique est la même. Goldman Sachs se retrouve sous les feux des projecteurs après avoir annoncé avoir mis de côté 11,3 milliards de dollars en prévision des bonus à verser à ses salariés. La banque d'affaires américaine doit aujourd'hui se justifier. Surtout après avoir, selon la presse d'outre-Atlantique, inciter ses riches salariés à dépenser discrètement leurs centaines de milliers de dollars de bonus pour ne pas attiser justement la polémique...