Vers une limitation des primes à Wall Street

La Chambre des représentants américaine a adopté vendredi un projet de loi destiné à limiter la rémunération des dirigeants des grandes entreprises renflouées par l'Etat. Dans la ligne de mire, les primes accordés à certains cadres de grandes banques de Wall Street pourtant en difficultés.

Face au scandale provoqué par le versement de primes dans les banques américaines en pleine crise, les députés américains ont décidé d'entrer en action. La Chambre américaine des représentants a ainsi approuvé vendredi un projet de loi permettant aux autorités de régulation financière d'interdire à des dirigeants d'entreprises de percevoir des primes les encourageant à prendre des "risques inappropriés".

Le texte donnerait aussi aux actionnaires des entreprises cotées le droit de se prononcer par un vote non contraignant sur le salaire des dirigeants. Une mesure symbolique certes, mais pas dénuée d'intérêt quand on sait par exemple que Goldman Sachs a versé plus primes que de dividendes l'année dernière.

"Le Congrès a réalisé aujourd'hui une avancée cruciale dans les efforts pour réformer la façon dont Wall Street fonctionne et pour prévenir une future crise financière qui menacerait l'état de santé de notre économie", a souligné la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Le texte doit maintenant être soumis au Sénat, à majorité républicaine, où son sort est incertain. Il ne devrait pas être examiné avant les vacances parlementaires qui commencent le 7 août.

Parfois plus de primes que de bénéfices

Le vote de la Chambre intervient au lendemain de la publication d'un rapport indiquant que les grandes banques américaines ont versé l'an dernier des primes sans rapport avec leurs résultats financiers, allant jusqu'à représenter au total le double des bénéfices de ces établissements pourtant renfloués par l'Etat. (voir notre diaporama)

Selon le rapport des services d'Andrew Cuomo, les primes versées par les banques Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan Chase ont ainsi dépassé les bénéfices de ces sociétés, alors même que l'Etat renflouait leurs comptes. Les deux premières ont reçu 10 milliards du contribuable pour les aider à traverser la crise financière après la faillite de leur concurrente Lehman Brothers le 15 septembre 2008 et JP Morgan Chase 25 milliards de dollars.

Goldman Sachs a ainsi versé l'an dernier 4,8 milliards de dollars de primes à ses cadres, soit plus du double de son bénéfice de 2,3 milliards. Chez Morgan Stanley, les primes ont représenté 4,475 milliards, alors que les bénéfices n'ont pas dépassé 1,7 milliard. De son côté, JP Morgan, qui a reçu 25 milliards de l'Etat, a versé 8,6 milliards de primes, pour un bénéfice de 5,6 milliards seulement.

Pour leur part, Citigroup et Merrill Lynch, qui ont chacune perdu plus de 27 milliards, ont quand même trouvé le moyen de verser respectivement 5,33 et 3,6 milliards de primes.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Depuis quand le Sénat est-il "à majorité républicaine"?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Andrew Cuomo est un idiot et les journalistes qui reprennent son argumentaire, ou plutôt la partie la moins intéressante de son argumentaire, encore plus. Le problème n'est pas que GS ait versé des bonus équivalent à 2 fois son résultat net. Cela re...

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