Des bonus à retardement pour les patrons des grandes banques américaines

Par latribune.fr  |   |  548  mots
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La moitié du bonus des patrons des plus grandes banques américaines pourrait être différée d'au moins trois ans, selon une proposition des instances de régulation qui doit être présentée ce lundi aux Etats-Unis. L'annonce la semaine dernière de fortes hausses des rémunérations dans les banques fait craindre le retour aux excès d'avant la crise.

Les instances de régulation américaines vont proposer ce lundi que le versement de la moitié des bonus des dirigeants des plus grandes institutions financières soient différés d'au moins trois ans, selon des sources proches du dossier citées par l'agence Reuters.

Cette mesure pourrait être appliquée aux dirigeants des groupes financiers comptant plus de 50 milliards de dollars d'actifs, comme par exemple Bank of America, JPMorgan Chase, Goldman Sachs ou encore Morgan Stanley.

Le montant de la prime ajournée que recevrait alors le dirigeant concerné serait évalué en fonction des décisions prises sur cette période, et des performances du groupe. Une fois ce délai de trois ans écoulé, la prime ne pourrait pas être versée en une seule fois. Le dirigeant pourrait ne pas recevoir plus d'un tiers de la somme due par an, selon une source.

Une mesure qui pourrait être étendue à d'autres salariés

La proposition de loi irait jusqu'à définir à quels dirigeants il serait demandé d'avoir une partie de leur bonus ajourné. Les conseils d'administration des groupes seraient également appelés à identifier les salariés dont les activités peuvent potentiellement mettre en danger les institutions, comme par exemple les traders, qui devraient alors être rémunérés de manière à limiter la prise de risque excessive.

Cette proposition de loi fait suite aux critiques accusant les groupes financiers de rémunérer leurs dirigeants en fonction des bénéfices réalisés sur le court-terme, sans prendre en compte les implications de long terme pour les groupes et les marchés. Selon diverses anlayses publiées la semaine dernière, l'enveloppe des bonus et de rémunérations a augmenté de 4% à 5,7% en 2010 dans les principales banques américaines

Pour les cinq premières banques le total des rémunérations et des bonus aurait atteint 119 milliards de dollars, en hausse de 4% par rapport à 2009. Par exemple,  Bank of America,  malgré une perte annuelle de 2,24 milliards de dollars a  fait croître ses rémunérations et bonus  de 11 % en 2010, à 35,1 milliards de dollars, contre 31,5 milliards de dollars un an plus tôt.

Des patrons très (trop) bien payés

Dans cette même Bank of América (BofA) en pertes, le PDG  Brian Moynihan, a vu sa rémunération bondir de 67 % en 2010  soit 950.000 dollars de salaire et 9,05 millions en actions. Le patron du pôle banque d'investissement de BofA, Thomas Montag, est encore mieux payé avec 14,3 millions de dollars en actions et 900.000 dollars de rémunérations en cahs en raison de bonnes  performances. 

Chez Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, il a obtenu une hausse de 40 % de son bonus en actions à 12,6 millions de dollars et un triplement de son salaire fixe à 2 millions de dollars, tout comme les trois autres principaux dirigeants de la banque.

Hausse du salaire fixe et baisse du variable

Les pratiques salariales ont cependant évoluées dans la plupart des établissements bancaires sous la pression de la FED (Réserve fédérale) et de la Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme de la Bourse). La part des rémunérations différées a ainsi atteint 50 % en 2010, contre 33 % l'année en 2009. Beaucoup de banques ont également augmenté la part de salaire fixe et diminué la part variable.